Pas assez de confiance et trop d'impatience !

Pas si vite !

C’est le message envoyé cette semaine au marché par les banquiers centraux et les entreprises.

Les investisseurs sont depuis plusieurs mois enfermés dans un scénario idéal de baisse rapide des taux et de croissance des bénéfices des entreprises portée par la révolution de l’intelligence artificielle. 

Jerome Powell a eu un ton accommodant, au début de sa conférence de presse de mercredi, en annonçant que la politique de durcissement monétaire adoptée depuis presque deux ans avait atteint un sommet et que vraisemblablement la Fed baisserait ses taux directeurs en 2024.

Malheureusement, il a refroidi l’ambiance par la suite en précisant que la banque centrale ne devait pas précipiter les choses pour ne pas provoquer un rebond de l’inflation. Celle-ci devait, avant tout, avoir suffisamment confiance dans les données économiques, ce qui n’est pas le cas actuellement. De ce fait, il est donc prématuré d’envisager d’amorcer un cycle d’assouplissement monétaire en mars.

Du côté des sociétés, les valeurs technologiques sont sur un nuage et ont, une nouvelle fois, fait la pluie et le beau temps sur le marché américain, en publiant leurs résultats pour la plupart d’entre elles.

Là encore, le marché croit dur comme fer dans l’eldorado de l’intelligence artificielle et est impatient de récolter les juteux profits de cette révolution technologique. Cette semaine, la salve des publications s’est déroulée mardi (Microsoft et Alphabet) et jeudi (Amazon, Meta et Apple).

La synthèse globale est que ces entreprises sont en excellente santé. La majorité d’entre elles surfent à fond sur cette nouvelle vague, en affichant des taux de croissance soutenue, avec des nuances selon leur activité.

Cependant, les attentes sont très élevées et le moindre bémol peut être sanctionné. Alphabet en a été l’illustration, avec une baisse de son titre de 7,5 %. Ceci, à la suite d’une croissance de plus de 13 % de ses revenus sur un an, une progression de 30 % de son résultat opérationnel et une marge passant de 24 à 27 %.

Les actionnaires ont été déçus par le flux de trésorerie disponible (free cash-flow) et le bénéfice par action inférieurs aux attentes. La révolution de l’intelligence artificielle va transformer l’efficacité des moteurs de recherche et la société doit continuer à y investir massivement, avec un budget en nette augmentation en 2024. 

Microsoft profite à fond de la ruée vers le cloud, c’est-à-dire de l’externalisation des données et des systèmes informatiques. Son chiffre d’affaires et son résultat opérationnel ont bondi respectivement de 18 et 33 %. Le bénéfice par action a, lui, également progressé de  33 %. En dépit de ces bons chiffres, le titre a clôturé en baisse de 2,6 % au cours de la séance suivante, à cause d’une prévision 2024 jugée prudente.

Mais que les actionnaires se rassurent, le titre progresse de plus de  7 % depuis le début de l’année et de 53 % sur un an !

Amazon et Meta ont réalisé un sans-faute, avec de belles publications, qui ont dépassé les attentes et des titres en nette progression en préouverture de la bourse du 2 février. Amazon affiche une progression de 14 % de ses revenus, mais a impressionné par son résultat opérationnel de 13,2 milliards, soit plus de 24 % au-dessus du consensus. Si les prévisions de la société sont en-dessous des attentes, l’amélioration du résultat opérationnel cette année devrait se poursuivre au-delà des espérances. Les actionnaires ont particulièrement apprécié le premier flux de trésorerie disponible, positif depuis onze trimestres, de 29 milliards de dollars. 

Meta a remporté sans aucun doute la palme de la plus belle publication, saluée par une flambée de son action de plus de 15 % en préouverture. La société de Zuckerberg publie un bond de 25 % de ses recettes, avec un doublement de la marge opérationnelle, désormais à 41 % contre 20 % l’année précédente.

Les prévisions pour le prochain trimestre sont supérieures aux attentes et la firme californienne de Menlo Park a révélé un programme d’achat d’actions de 50 milliards de dollars, ainsi que le premier dividende de son histoire. Ce versement à ses actionnaires permettra à son fondateur de toucher presque 700 millions de dollars de dividendes par an. La capitalisation boursière bondit de plus de 168 milliards. Décidemment, le ciel est bien bleu sur la côte ouest américaine !