Paris - Jeux Olympiques 2024, eldorado ou fardeau ?

La France les attendait depuis un siècle. Paris accueille pour la troisième fois de son histoire (après 1900 et 1924) les Jeux olympiques d’été.

On attend plus d’un milliard de téléspectateurs pour la cérémonie d’ouverture de ce soir, qui se tiendra pour la première fois en dehors d’un stade, et jusqu’à 4 milliards en audience cumulée sur la période, selon le Comité International Olympique (CIO).

Ce dernier affirme également, que la couverture médiatique sera la plus grosse production audiovisuelle jamais réalisée au monde, avec 500 000 heures de contenus, tous supports confondus. Les ambitions sont énormes : les 10 500 athlètes des 205 délégations vont défiler sur la Seine en bateau sur un parcours de 6 kilomètres. Cela va permettre à 326 000 spectateurs d’admirer le spectacle, un chiffre jamais égalé, à comparer avec le précédent record des Jeux olympiques de Londres de 1948 à l’ancien Wembley Stadium (127 000 places).

La sécurité sera évidemment un enjeu crucial et nécessite la présence de 45 000 policiers rien que pour l’évènement d’aujourd’hui, accompagnés jusqu’à 1 800 collègues étrangers, 20 000 militaires et 22 000 agents privés mobilisés tout au long de ces jeux. De plus, l’espace aérien sera interdit dans un rayon de 150 kilomètres, entraînant la fermeture de tous les aéroports parisiens, ainsi que celui de Beauvais. Il faut parer à toute éventualité, même celle d’une cyberattaque.

Et qui va payer, pour quels impacts économiques ? 

Pour y répondre, il convient de remonter le temps jusqu’au 13 septembre 2017. Pour rappel, c'est la date à laquelle Paris se voit officiellement confier l’organisation de la XXXIIIème Olympiade. L’engagement financier de la France s’est matérialisé par la loi n°2018-202 du 26 mars 2018 relative à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.  

Selon l'article 29, le Parlement a donné mandat à la Cour des comptes de contrôler les personnes morales bénéficiant de fonds publics pour la préparation de cet évènement. Comme toujours, le budget a été révisé à la hausse. Il atteint désormais la somme de 8,8 milliards d’euros.

Cette enveloppe est divisée en deux parties. 4,38 milliards pour le COJOP (Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris) et presque autant pour la SOLIDEO (Société de livraison des ouvrages olympiques).

Selon lui, le budget de Paris 2024 est financé en quasi-intégralité (96 %) par des recettes privées. C’est-à-dire en provenance du CIO qui reverse les droits télévisuels, des entreprises partenaires, de la billetterie des Jeux ou encore des licences. 

La SOLIDEO finance les 64 infrastructures nécessaires au bon déroulement des Jeux. C'est le cas du village des athlètes et les sites des compétitions. Son budget est financé par les promoteurs immobiliers et le reste par l’État et les collectivités locales et territoriales. En mars dernier, le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a déclaré que le coût réel total d’argent public pourrait s’élever entre 3 et 5 milliards d’euros. L’hypothèse maximale ferait grimper l’enveloppe globale vers les 10 milliards d’euros.

Selon l’INSEE, le surplus de croissance au 3ème trimestre lié aux Jeux Olympiques s’élèverait à 0,3 % du PIB. Soit plus de 9 milliards d’euros. À cela, s’ajoute la contribution antérieure liée à toutes les dépenses en infrastructures et activités diverses. L’institut évalue à plus de 45 millions d’heures de travail nécessaires pour l’organisation et la réalisation des ouvrages. Les pics d’activité se situaient en 2022 et en 2023.

L’emploi dans le bâtiment et les services évènementiels et de sécurité est le grand gagnant de Paris 2024. D’autant qu’il a concerné des zones défavorisées socialement (principalement en Seine Saint-Denis).

L’État verra donc sa dette actuelle de plus de 3 000 milliards d’euros progresser de quelques milliards. Une facture qui semble raisonnable pour le surplus de croissance cumulée depuis 2017, contrairement aux collectivités et notamment la ville de Paris avec une somme évoquée de 500 millions d’euros.

Si l’on compare aux 6 grammes d’or contenus dans chaque médaille d’or que gagneront nos athlètes, c’est astronomique ! Si l’on inclut toutes les retombées économiques, sociales et médiatiques pour notre pays, alors c’est une dépense faite à bon escient. 

- 4 milliards de téléspectateurs
l’audience cumulée des Jeux Olympiques de Paris, selon le CIO pour 500 000 heures de production audiovisuelle.

- 0,3 %
Le surplus de croissance du PIB au 3ème trimestre pour la France, selon l’INSEE.

- 6 g d’or 
La quantité d’or contenue dans chaque médaille d’or aux JO de Paris.