Independance day pour la grande loi de finance de Donald Trump

C’est sans aucun doute sa plus belle victoire depuis le début de son second mandat. Donald Trump et le camp des Républicains ont réussi à faire passer au Congrès la version définitive du projet de loi intitulée « One Big Beautiful Bill Act ». Le pari du Président de pouvoir signer la loi définitive dans le Bureau ovale, en ce jour de fête nationale américaine du 4 juillet, est donc gagné.

Une grande partie du programme électoral du locataire de la Maison-Blanche va ainsi pouvoir être mise en œuvre. Quelles en sont les réelles conséquences pour les marchés financiers ? Qui seront les véritables gagnants et perdants de cette secousse budgétaire ?

Tout d’abord, il s’agit bien d’une loi majeure. Un seul chiffre résume bien son caractère gigantesque. C'est le plafond de la dette fédérale. Il vient d’être relevé de 5 000 milliards de dollars, soit une augmentation de 13,8 % du seuil actuel (36 100 milliards de dollars). Ce montant dépasse le PIB 2024 de la plus importante économie européenne, à savoir l’Allemagne (autour de 4 700 milliards de dollars).

Ce surcroît de dette devra être absorbé par le marché. Dans sa dernière note du 18 juin, le Congressional Budget Office (CBO) a estimé que le taux à 10 ans devrait augmenter de 0,14 % sur la période de 2025 à 2034. La projection du ratio dette/PIB en 2034 a été de facto relevée de 117 % à 124 %. Auparavant, le CBO prévoyait déjà que ce ratio atteindrait 156 % en 2055. Le débat sur la soutenabilité de ce fardeau pour les générations futures n’en sera que plus exacerbé.

Les investisseurs devront trancher : continueront-ils à acheter ou non des émissions américaines ?

Lors de son premier mandat, Donald Trump avait signé, en décembre 2017, la loi baptisée Tax Cuts and Jobs Act (TCJA). Elle octroyait de nombreuses réductions d’impôts aux ménages et aux entreprises américaines. Ces avantages étaient temporaires et devaient se terminer au 31 décembre 2025. Le CBO estime que les revenus fédéraux vont baisser de 3 670 milliards de dollars au total sur la période de 2025 à 2034.

Les dépenses seront diminuées de 1 254 milliards de dollars. Soit une augmentation cumulée du déficit primaire de 2 416 milliards. En tenant compte de tous les impacts de cette loi de finance et de la surcharge d’intérêts, l’augmentation cumulée du déficit américain serait de 2 773 milliards de dollars. 

Le CBO anticipe un effet positif dès 2026 sur l’économie, de 0,90 % et de 0,50 % en moyenne ces 10 prochaines années. Cette manne n’est évidemment pas identique pour tous. Une des mesures emblématiques est l’augmentation du plafond de 10 000 à 40 000 dollars pour les déductions des taxes locales et de l’État (SALT en anglais) pour les foyers gagnant jusqu’à 500 000 dollars. Les contribuables les plus aisés sont évidemment favorisés.

Néanmoins, les classes moyennes ne sont pas oubliées. Et ce, avec la fin de la taxation des pourboires, des heures supplémentaires, et des intérêts versés pour le financement d’automobiles.

C’est la fin du bonus écologique. En effet, la subvention de 7 500 $ et de 4 000 $ pour les véhicules électriques neufs et d’occasion est supprimée. Tout comme celles pour les énergies renouvelables. La réduction budgétaire la plus médiatisée est sans aucun doute celle provoquée par le durcissement des conditions d’octroi des aides de santé Medicaid et CHIP. Sa dernière estimation atteint un cumul de plus de 1 000 milliards de dollars sur 10 ans. Ceci représente 13,4% du total de 7 462 milliards de dollars sur la période. En contrepartie chaque État fédéral devra compenser cette baisse. Ou à défaut, tailler dans les dépenses de santé des plus démunis.

Cette mesure est fortement impopulaire, même chez de nombreux élus républicains. En effet, actuellement, 56 des 100 circonscriptions les plus pauvres du Congrès ont été remportées par le parti républicain. On comprend aisément que la mise en place de cette réforme ne se fera qu’à partir du 31 décembre 2026. Bien après les prochaines élections de mi-mandat de novembre 2026.

Le CBO anticipe également une hausse des prix plus marquée, avec un pic de 0,12 % en 2027. Elle anticipe également une augmentation de la population active de 0,9 % cette même année, soit 1,5 million de travailleurs supplémentaires. Cela entraînerait une appréciation de 0,09 % de la croissance potentielle du pays. Toutes ces estimations ne prennent pas en compte les recettes supplémentaires issues des nouveaux tarifs douaniers.

En avril et en mai 2025, les douanes ont collecté respectivement 15,6 et 22,2 milliards de dollars. Soit un supplément mensuel et annuel de 11 et 130 milliards de dollars respectivement. L’enjeu des négociations en cours est énorme, puisque les États-Unis pourraient collecter entre 2 000 et 3 000 milliards de dollars potentiellement sur la période 2025-2034.

Par conséquent, Donald Trump ne lâchera rien sans concessions sensibles des autres pays.

- 5 000 milliards de dollars. L’augmentation du plafond de la dette du gouvernement fédéral américain votée par le Congrès.

- 28°C. L’indicateur thermique enregistré le 1er juillet par Météo France, soit un nouveau record historique