Au-delà des turbulences

Attachez vos ceintures !

En 2023, les résultats des sociétés françaises, publiés cette semaine dans l’automobile et l’aérien, ont démontré que l’activité est au beau fixe, malgré les caprices de la météo. La crise liée à la pandémie a été entièrement effacée dans ces deux secteurs.

Du côté des constructeurs automobiles, on a le sourire, aussi bien chez Renault que chez Peugeot. La firme au losange a livré 2,24 millions de véhicules, soit une hausse de 9% pour un chiffre d’affaires de plus de 52 milliards d’euros, une progression de 13%.

Cette croissance a été rentable puisque la firme de Boulogne-Billancourt affiche une marge opérationnelle record de 7,9% à 4,12 milliards d’euros et un free cash-flow (flux de trésorerie disponible) de 3 milliards d’euros. 

Stellantis a livré 6,2 millions de véhicules, à peine 7% de plus que l’an passé. Principalement à cause d’une baisse aux États-Unis liée aux grèves, pour des revenus qui ne progressent que de 6% à 189,5 milliards d’euros.

Néanmoins, le lion a gagné le match de la rentabilité, puisque la marge opérationnelle ajustée a été de 12,8%, pour un montant de 24,34 milliards d’euros et un free cash-flow de 12,9 milliards d’euros. Les investisseurs ont salué ces performances et les cours de bourse des deux titres progressaient ce jeudi de plus de 5%. 

Malgré ces succès, les discussions se sont portées sur les perspectives de cette industrie. Face aux enjeux de la transition écologique et avec l’arrivée des véhicules chinois beaucoup moins chers. Carlos Tavares, le patron de Stellantis, a confirmé sa stratégie de ne pas sacrifier ses marges, en s’ajustant au fur et à mesure des baisses de coûts.

Il a donné l’exemple de la nouvelle e-C3, proposée à partir de 23 300 euros, tout en précisant que ce modèle restait rentable. 

Dans l’aéronautique, la trajectoire est déjà bien tracée, avec une visibilité de plus d’une décennie chez Airbus. Le trafic court et moyen-courrier a entièrement retrouvé son niveau de 2019 début 2023, tandis que celui du long-courrier devrait le retrouver en 2024.

Par conséquent, la demande de nouveaux avions explose et le carnet de commandes est plus que rempli chez Airbus. Il atteint 8 598 exemplaires, pour 735 appareils livrés en 2023, avec un objectif de 800 en 2024.

Les déboires de Boeing profitent à l’européen sur le plan commercial. Toutefois, l’enjeu se porte sur l’exécution, puisque la marge opérationnelle, mesurée en termes de profits avant intérêts payés et taxes (EBIT), décline de 9,6% à 8,9%. 

Néanmoins, l’actionnaire n’est pas lésé. En effet, grâce à une progression du chiffre d’affaires de plus de 11% à 65,4 milliards d’euros, le bénéfice par action augmente de 8,7%. De surcroît, la société a proposé un dividende spécial de 1 euro en plus de celui de 1,8 euro. Toutefois, le flux de trésorerie disponible baisse à 4,4 milliards d’euros contre 4,7 en 2023. C’est un défi industriel d’honorer 554 milliards de dollars de commandes, en devant augmenter sa capacité de production et donc investir massivement au préalable. 

Sur ce point, le motoriste Safran a convaincu, avec un bond de 38% des livraisons de son modèle sobre en carburant LEAP. La performance financière impressionne, puisque que les revenus bondissent de 22% et le résultat opérationnel courant ajusté de 31%. Là encore, le flux de trésorerie disponible ne progresse que de 11%. Ce chiffre reste satisfaisant et permet de récompenser l’actionnaire, car la société a décidé de distribuer un dividende en progression de 63%.  Un joli pactole de 940 millions d’euros, auquel se rajoute 1,5 milliard d’euros de rachat d’actions. Cette générosité s’explique par des perspectives prometteuses qui conduisent l’entreprise à prévoir une livraison de moteurs LEAP en hausse entre 20 et 25% et un résultat opérationnel courant de 4 milliards d’euros.

L’attention se porte toutefois sur les capacités de production de la chaîne d'approvisionnement sous haute tension pour satisfaire les cadences imposées par les avionneurs face à cette demande explosive. En conclusion, nous ne pouvons que nous réjouir de la réussite de ces deux industries, dont les bonnes performances soutiennent et prolongent le rallye boursier en cours.