Le Bitcoin gagne ses lettres de noblesse

C’est une victoire pour les investisseurs en cryptomonnaies.

La Security Exchange Commission – le gendarme de la bourse américaine – vient d’autoriser, ce 10 janvier, la commercialisation de fonds indiciels cotés en continu (ETF) investis directement dans le Bitcoin.

La principale « monnaie » digitale au monde, dont l’encours détenus atteint désormais 822 milliards de dollars, peut dorénavant être conservée outre-Atlantique sur un compte-titres, comme un simple actif financier.

Acheter un cryptoactif est beaucoup plus compliqué. En effet, il faut ouvrir un compte sur une plateforme d’échange de cryptomonnaies, y effectuer un virement et passer un ordre d’achat.

Une fois la transaction effectuée, se pose la problématique de la sécurité des dépôts. La faillite de FTX en novembre dernier, la troisième plateforme d’échanges de crypto-monnaies, derrière Binance et Coinbase, a semé le doute auprès des investisseurs sur la solidité de ces sociétés, pourtant régulées par la SEC aux États-Unis et par l’AMF en France. On peut également perdre ses Bitcoins. Soit en égarant ses codes d’accès à son portefeuille de cryptomonnaies ou en transférant ses bitcoins avec une clé incorrecte.

Dorénavant dans le pays de l’Oncle Sam, détenir un des 11 fonds autorisés à intervenir directement et uniquement dans le Bitcoin, sera simple.

Ainsi l’actif financier figurera sur le relevé de compte habituel de chaque client, chez son intermédiaire financier. Cet évènement a été salué dès le 11 janvier - premier jour de cotation de ces fonds - puisque l’équivalent de 4,6 milliards de dollars y ont été échangés.

Le lancement commercial s’annonce prometteur. En effet, une période de frais de gestion réduits a été décidée par BlackRock pour son Fonds baptisé IBIT. Par une opération de transformation d’un ancien fonds, Grayscale prend la tête des encours détenus avec 28 milliards de dollars sur son ETF rebaptisé GrayscaleBitcoin Trust. 

Fin décembre 2017, des contrats à terme sur le Bitcoin avaient été lancés sur deux bourses américaines : le CBOE et le CME. Mais l’engouement est assez vite retombé. En juin 2019, plus aucunes autres échéances n’ont été négociées sur le CBOE. Aujourd’hui, la position ouverte sur le CME dépasse les 6 milliards de dollars. En Europe, plusieurs contrats sont négociés sur l’Eurex. Mais les positions ouvertes sont ridicules (moins d’une centaine), pour un total inférieur à 5 millions de dollars.

Ce type d’instruments financiers est négocié et utilisé par une faible minorité d’investisseurs. Il s'agit d'investisseurs dits "avertis" : ce qui explique la faible diffusion auprès du public. À l’inverse, les encours détenus dans les fonds sont colossaux (plusieurs milliers de milliards de dollars), ce qui induit un potentiel énorme en cas d’arbitrages, mêmes infimes, au profit des nouveaux ETF investis sur le Bitcoin. De surcroît, en étant la première cryptomonnaie servant de support dans un fonds, le Bitcoin se différencie des autres. Il gagne une légitimité qui lui est propre.

Toutefois, la SEC émet quelques réserves. Elle met l’accent sur les risques de pertes en capital, à cause d’une forte volatilité. Néanmoins, le gendarme américain reconnaît son caractère d’actif numérique innovant.

Il existe des ETF en Europe investis sur cette thématique. Mais ils sont limités à un type de public ou avec un sous-jacent différent.

Profitant d’une règlementation moins restrictive à Guernesey, le Jacobi FT Wilshire Bitcoin ETF a été lancé en août dernier à Amsterdam. Mais il est réservé uniquement aux professionnels. Son encours reste marginal, car il ne dépasse pas 2 millions de dollars.

Le Melanion Bitcoin Equities UCITS ETF est ouvert à tous, mais investit uniquement dans des actions de sociétés liées à l’écosystème des cryptomonnaies. Tout reste donc à faire.

En attendant, un flux important d’investisseurs américains dans les nouveaux fonds d’Outre-Atlantique peut impacter sensiblement le prix du Bitcoin, car son nombre en circulation ne dépassera pas les 21 millions d’unités en 2040 contre 19,33 aujourd’hui.

L’affaire est donc à suivre...