C’est un fait. Depuis quelques semaines, les indicateurs américains indiquent un ralentissement dans les services et un consommateur inquiet et prudent.
Impact à court terme sur la croissance américaine
Il semble qu’Elon Musk et sa tronçonneuse, ainsi que les volte-face de Donald Trump aient un impact à court terme plus néfastes que prévu. La banque britannique Barclays relevait, dans une note du 17 mars, des dépenses en cartes de crédit plus faibles dans les comtés à forte concentration de fonctionnaires. Ces derniers ont pleinement pris conscience du risque de licenciement qui plane sur eux d’ici septembre.
Des tarifs douaniers potentiellement néfastes pour l'économie
La ferveur des investisseurs a ainsi laissé place au scepticisme devant l’acharnement à instaurer des tarifs douaniers potentiellement néfastes pour l’économie. La politique économique du nouveau président, qui consiste à baisser drastiquement les dépenses fédérales et à instaurer des mesures tarifaires pour financer partiellement un programme gigantesque de baisses d’impôts, a un effet négatif dans l’immédiat et positif pour 2026.
L'Europe est en effervescence
En Europe, la zone boursière est en effervescence actuellement. Les importants plans d’investissement allemands dans la défense et les infrastructures auront un impact pleinement positif sur l’activité seulement à partir de l’année prochaine. En Chine, où le secteur privé est atone et la croissance uniquement soutenue par le gouvernement et les exportations, un plan spécial a été annoncé cette semaine pour relancer la consommation et fortement augmenter les revenus.
Dans son rapport intermédiaire de mars, l’OCDE vient de réviser à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour 2025 à 3,1 %, et a fait toute la synthèse dans son titre « Garder le cap dans l’incertitude ».
Les investisseurs suivront-ils ce conseil et seront-ils assez patients ?
Baisse de croissance et plans de relance
L'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) a officiellement fermé la porte à une reprise économique en ce début d’année. Dans son scénario précédent, établi en décembre dernier, l’agence intergouvernementale prévoyait une accélération de la croissance en 2025.
Droits de douane et croissance des exportations
Dorénavant, ce sera une diminution constante tout au long de l’année, passant d’un rythme de 3,3 % à 2,9 %. Le coupable est tout trouvé : l’instauration de droits de douane bilatéraux entre les États-Unis, le Canada, le Mexique, la Chine et l’Europe. Environ 8,2 % du total des échanges mondiaux de biens et de services seraient affectés par ces mesures.
Au niveau sectoriel, une baisse des volumes d’exportations de 2 à 3 % est envisageable sur les véhicules et pièces automobiles, les machines et biens d’équipement, les produits du pétrole et du charbon, les équipements électroniques, les métaux et les produits chimiques. L’agriculture et l’alimentaire ne seraient pas non plus épargnés. L’OCDE estime même que le PIB mondial pourrait être réduit de 0,3% les deux années suivant la mise en place des droits de douane, si ces mesures ne sont pas annulées. Le choc est bien réel et potentiellement durable.
Pas de salut imminent de la Fed
Dans l’immédiat, il ne faut pas espérer un soutien de la part de la banque centrale américaine, puisque celle-ci a maintenu ses taux directeurs inchangés ce mercredi 19 mars. Jerome Powell a précisé dans sa conférence de presse que la Fed n’était pas pressée d'ajuster sa politique monétaire. De ce fait, le statut quo devrait perdurer lors de la prochaine réunion du 7 mai. Les membres du comité FOMC ont relevé leurs prévisions d’inflation à 2,80 % contre 2,50 % auparavant. Ils ont abaissé celles de la croissance du PIB à 1,7 % contre 2,10 %. L’incertitude sur la situation économique ayant augmenté, deux baisses de taux directeurs sont encore possibles d’ici fin 2025. Selon les investisseurs, celles-ci interviendraient en juin et en septembre.
L’effet positif des plans de relance
Les économistes sont tous enthousiastes sur les plans allemands de relance en infrastructure et de défense. À plein régime, ceux-ci pourraient doper la croissance allemande de 0,7 % entre 2027 et 2030. Certains, comme BNP Paribas Exane prévoit même davantage (au-delà de 1 %). Grâce à l’effet positif d’un regain de confiance qui débriderait l’économie d’outre-Rhin. L’impact final pour la zone euro serait positif aux alentours de 0,40 %.
En résumé, les investisseurs doivent naviguer entre une faible croissance à court terme et une reprise de l’activité plus marquée en 2026. Que faire en attendant ? Le fort rebond des marchés européens semble intégrer les bienfaits des plans de relance dans leur globalité. Des prises de profits sont donc envisageables ces prochaines séances. Cependant, selon les discours des sociétés du secteur industriel lors d’un forum à Londres, les besoins sont énormes. En effet les infrastructures et les capacités de production actuelles sont très vieillissantes et totalement insuffisantes pour satisfaire une demande énorme. L’histoire boursière n’est donc pas terminée, alors qu’une grosse partie des ventes sur le marché américain est derrière nous. Ne désespérons pas et gardons le cap !
Les chiffres de la semaine
- 3,1 %.
La croissance du PIB mondial en 2025, selon l’OCDE.
- 1 %.
Le supplément de croissance du PIB allemand, grâce aux plans de relance, selon BNP Paribas Exane.
- 230 000.
Le nombre de passagers affectés par l’annulation de plus de 1 300 vols à l’aéroport d’Heathrow.