Des avertissements sur les résultats très douloureux

C’est la hantise des investisseurs. Les « profit warnings » ou avertissements sur les résultats se produisent quand une société annonce que celle-ci ne tiendra pas ses objectifs de rentabilité pour une année donnée.

Il s’agit d’une sorte de mea culpa face au marché financier.

Les "profits warnings" ou avertissements sur les résultats affectent les cours de bourse

Les avertissements sur les résultats sont des évènements qui affectent négativement le cours de bourse de l’entreprise. En effet, ils constituent une perte de crédibilité de la direction. Dans cette situation désagréable, la clémence des investisseurs est inversement proportionnelle à leur aversion au risque.

Le problème actuellement est que celui-ci est élevé du fait de la conjonction de plusieurs conflits armés, d’une décélération économique sur plusieurs continents et de politiques monétaires restrictives. Le baromètre est donc bas et les sanctions sont lourdes en termes de pertes. Dans cette situation, les gagnants sont les vendeurs à découvert, qui profitent des malheurs des autres.

Les investisseurs capitulent

Cette semaine, les actionnaires de Worldline en savent quelque chose puisque que le titre a perdu 59 % ce mercredi 25 octobre. Pourtant, les révisions apparaissent mineures à première vue, avec une diminution de quelques pourcents de la croissance organique. Les opérateurs ont retenu la donnée la plus négative, à savoir une diminution de 38 % du free cash-flow opérationnel.  Il est évident que cette punition est excessive, mais dû à une capitulation des investisseurs, qui se débarrassent de leurs actions quoi qu’il en coûte, faute de confiance.  

Cet excès de flux (déséquilibre entre les ordres de vente et d’achat), crée un phénomène de boule de neige qui s’amplifie au fur et à mesure de la séance.

Chute d'Alstom et d'EuroApi

Malheureusement, la liste de ces avertissements s’allonge depuis plus de 3 semaines. Ce phénomène provoque une crise d’angoisse auprès des opérateurs de marché, qui redoutent le pire et préfèrent vendre avant la publication des résultats.

Tout a commencé avec la chute de 37 % du titre Alstom le 5 octobre, suivi le 10 octobre, entre autres par celle d’EuroApi(-59%). Dans ce cas précis, le préjudice ne concerne pas uniquement les actionnaires, mais aussi le directeur général, sommé de quitter la société à la fin du mois. Les changements de direction et de stratégie sont fréquents pour écrire une nouvelle histoire et effacer le plus rapidement possible cette douloureuse facture dans les mémoires. Par la suite, la route peut être longue pour retrouver de la confiance. 

Un climat qui ne milite pas pour la pondération actions dans les portefeuilles

Dans un tel contexte et compte tenu de l’environnement incertain, de nombreux investisseurs préfèrent regagner prématurément leur tanière hivernale, en cet automne incroyablement doux. Cela ne milite pas pour augmenter davantage la pondération en actions dans les portefeuilles, mais plutôt pour être encore plus sélectifs dans le choix des valeurs.

Les interrogations pleuvent :  quel sera réellement le niveau des bénéfices pour 2023 et pour 2024 ? La baisse des indices rend les valorisations, en théorie, plus attractives.

Une prime de risque supplémentaire

Mais face à toutes ces incertitudes, le marché demande une prime de risque supplémentaire, pour pallier une probabilité plus forte de déconvenues. Pourtant, tous ces excès de ventes créent des opportunités pour ceux qui investissent sur le long terme, connaissent bien les sociétés et peuvent détecter de bonnes affaires.

Retenons les bons élèves, comme Hermes International qui affiche une croissance organique de 15,6 %, et qui reste une exception dans le luxe. Ce secteur a connu une nette décélération généralisée, touchant beaucoup d’acteurs, tels que LVMH et surtout Kering en décroissance organique de 9 %, avec Gucci en tant que marque prestigieuse en totale perte de vitesse.

Nous favorisons les Etats-Unis face à l'Europe

Finissons cet édito par une note positive, avec la croissance américaine estimée à 4,9 % au troisième trimestre contre 4,5 % comme attendue et 2,1 % précédemment. Cela nous renforce dans notre choix de favoriser les États-Unis au détriment de l’Europe.