Saluons l’exploit des deux alpinistes français, Benjamin Védrines et Nicolas Jean. Ils ont réalisé le 14 octobre dernier la première ascension sans oxygène et sans corde fixe du Janu Est dans l’Himalaya.
Les indices mondiaux ont franchi des sommets
C’était l’un des derniers grands sommets vierges de la planète, culminant à 7 468 mètres, que beaucoup pensaient imprenable. Bonnet bas !
Par analogie, les indices actions mondiaux ont également atteint cette année des pics qui semblaient infranchissables. Ainsi, le NASDAQ 100 a pulvérisé plusieurs fois son précédent record de 22 133 points du 16 décembre 2024. Il a atteint la cime des 24 000 points le 13 août et celle des 26 000 points le 28 octobre. Après un point culminant à 26 182 le lendemain, l’oxygène se fait rare et les investisseurs ont le tournis, éprouvant le besoin de souffler et de reprendre de l’énergie. Après une première consolidation de 1 000 points en six séances, à quelle altitude se trouve le prochain camp de base pour un repli ordonné des marchés sans provoquer une avalanche ?
Une progression des marchés qui repose essentiellement sur une extension des multiples de valorisation
Restons objectifs. À l’exception de la technologie américaine et de quelques secteurs en Europe, la croissance des résultats des entreprises est faible. Voire nulle. Ce qui signifie que la progression des indices actions européens s’est faite grâce à une extension des multiples de valorisation. Ainsi, le PER de l’indice STOXX Europe 600 était de 14,34 l’année dernière au 6 novembre 2024 contre 16 aujourd’hui. Ce phénomène d’appréciation a été rendu possible grâce à la poursuite de l’assouplissement monétaire des banques centrales, améliorant les conditions financières des entreprises. Et à la résilience de l’économie mondiale, malgré les incertitudes liées à la guerre commerciale américaine. Ce processus ne peut pas continuer ad vitam aeternam sans amélioration des fondamentaux, c’est-à-dire sans réelle progression des profits des sociétés.
Une excellente saison des résultats du 3ème trimestre
Nous assistons une fois encore à une forte dichotomie des deux côtés de l’Atlantique. Ainsi, 84 % des sociétés membres de l’indice S&P 500 ont battu le consensus des analystes sur le BPA (bénéfice par action) du 3ème trimestre. Contre 56 % pour celles de l’indice STOXX Europe 600. Cependant, les deux zones connaissent une révision haussière depuis plusieurs semaines et la croissance annuelle des BPA pour ce 3ème trimestre s’établit désormais à +1 % en Europe et à +12 % aux États-Unis. Cette dynamique haussière explique et justifie le rallye d’octobre dans les indices mondiaux.
Une saisonnalité favorable et un positionnement élevé
La plupart des investisseurs sont positionnés pour ne pas rater la traditionnelle hausse des marchés actions du dernier trimestre. Ce qui explique la pondération élevée des actions dans les portefeuilles, aussi bien chez les particuliers que chez les institutionnels. Le dynamisme économique et des profits étant plus fort outre-Atlantique, la tendance était à la surpondération des actions américaines. Au détriment de leurs consœurs européennes, avec des attentes beaucoup plus élevées. À quelques exceptions près chez les « Sept Magnifiques ». Les réactions des cours de bourse aux publications des résultats ont été généralement plus modérées sur les titres américains qu’européens. C’est assez symptomatique d’un marché ayant besoin d’oxygène et donc de souffler en effectuant une consolidation ordonnée.
Une Fed qui laisse planer le doute sur le calendrier des baisses de taux
Précédemment, les investisseurs anticipaient trois baisses de 0,25 % des taux directeurs de la Banque centrale américaine entre septembre et décembre. Lors de sa conférence de presse du 29 octobre, Jerome Powell a clairement indiqué que celle de décembre était tout sauf acquise. Ce doute sur la poursuite du cycle d’assouplissement monétaire de l’institution met un sérieux coup de frein à l’expansion des multiples précédemment décrits.
Un "shutdown" qui pèse sur la croissance
Par ailleurs, le shutdown prolongé pèsera sur la croissance du 4ème trimestre. Faute de budget voté par le Congrès, nous sommes au 38ème jour de cette période si particulière. Période, où le gouvernement fonctionne uniquement avec ses fonctionnaires jugés essentiels. Dès ce week-end, le nombre de vols sur les lignes intérieures devra être réduit de 10 %, faute de contrôleurs aériens. Cette mise au chômage prolongée de plus de 700 000 fonctionnaires devrait réduire la croissance de 0,6 % à 1 % au 4ème trimestre, si cette situation s’arrêtait la semaine prochaine.
Forte importance des rares données économiques publiées
Les seules données annoncées aux États-Unis sont celles compilées par des organismes privés. Le nombre record depuis 2003 de 153 074 licenciements pour un mois d’octobre laisse encore plus planer le doute sur la pérennité de la croissance américaine. Or une expansion économique est nécessaire, même en période de baisses des taux, pour la poursuite du rallye boursier. La consolidation actuelle devrait se prolonger aussi longtemps que le shutdown. Sa fin en novembre laisse espérer un net rebond d’ici la mi-décembre.
Les chiffres de la semaine
- 153 074. Le nombre de licenciements annoncés en octobre aux USA selon l’indicateur Challenger, un record depuis 2003 pour un mois d’octobre.
- 158 000 ampères. La puissance de l’éclair « superbolt » ayant frappé Toulouse le 6 novembre