Elections législatives : quand les urnes font trembler les marchés

Nous sommes 48 heures avant le premier tour des législatives françaises anticipées. Les investisseurs retiennent leur souffle avant un potentiel changement radical de gouvernement. Allons-nous connaître un nouvel avis de tempête, ou bien le bateau de la bourse de Paris réussira-t-il une nouvelle fois à naviguer contre vents et marées ? Faut-il vendre ou acheter le jour des résultats ? Que dit l’Histoire sur les différents scrutins en Europe, qui ont secoué le navire, sans jamais avoir réussi à le couler ? 

Le Vieux Continent a connu plusieurs raz-de-marée électoraux ayant fait chuter les marchés. Un des plus violents de cette dernière décennie a été, sans aucun doute, le vote britannique surprise du 23 juin 2016 en faveur du Brexit.

Le lendemain, les bourses européennes perdaient plus de 8 %. Une des plus mauvaises séances depuis la crise financière de 2008, tandis que l’indice phare de Londres baissait de plus de 3 %. Un mois et six mois après cette terrible séance, l’indice Euro Stoxx 50 reprenait respectivement 7 % et 17 %, alors que l’indice londonien FTSE 100 s’adjugeait 9 % et 15 % sur les mêmes périodes. Les vendeurs ont factuellement eu tort et ces chocs ont donc constitué un point d’entrée pour acheter. 

C’est le même constat pour les élections législatives italiennes du 25 septembre 2022. Une élection gagnée par une coalition de droite et extrême droite, menant Giorgia Meloni au pouvoir en tant que présidente du Conseil des ministres le 22 octobre. Un mois et trois mois après le scrutin, la bourse italienne avait progressé de 5,6 % et de 14,3 %.

Les promesses radicales prononcées durant toute la campagne ont donc fait place à des mesures plus réalistes pour cette anti-européenne convaincue. L’expérience anglaise du Brexit a en réalité calmé les ardeurs de nombreux partisans de « l’Italexit », ainsi que du « Dexit » en Allemagne et du « Frexit » en France.  

S’il ne faut pas vendre après le résultat d’une élection, il vaut mieux réagir avant. Les marchés anglais et italiens ont respectivement baissé de 2,1 % et de 3,2 % le mois précédant les résultats. De même, un Français ayant vendu le lendemain de l’annonce de la dissolution, soit le 11 juin, quand l’indice CAC 40 clôturait à 7 789 points, a évité une perte supplémentaire de 4,50 % jusqu’au 27 juin. Celui-ci peut donc aujourd’hui attendre sereinement l’issue du scrutin, avant de décider de se racheter.

Ce fut notre stratégie face à ces trois semaines anxiogènes. 

Ceux qui ont connu l’élection de François Mitterrand le 10 mai 1981 et de son gouvernement socialo-communiste au début de son septennat se souviendont de la forte tempête boursière les jours suivants. Selon une archive de l’INA (Institut national de l’audiovisuel), seuls 10 titres sur 200 ont réussi à coter le lendemain avec une baisse de 10%.

Le reste des 190 valeurs ont finalement trouvé un équilibre les jours suivants, après un plongeon supplémentaire dépassant pour certaines 30%.

C’est l’évènement historique qui constitue un précédent. Et pour certains, il illustre les éventuelles conséquences d’une potentielle victoire du Nouveau Front Populaire. Comme toujours, l’Histoire s’est répétée et les vendeurs ont eu tort. La bourse française, au cours du premier mandat de ce président, a enregistré une des plus belles performances qui soit, avec une progression de plus de 300 % hors dividendes.

De surcroît, il convient, d’être sélectif et de détenir des titres qui ne seront pas trop pénalisés par les prochaines décisions étatiques. Attendons les faits et restons pragmatiques. Cette règle rigoureuse et de bon sens nous  semble la plus adaptée actuellement. Là aussi, les faits donnent raison à ceux qui ont fait le dos rond, même sur les secteurs les plus vulnérables. L’exemple des titres touchés par les nationalisations de 1982 démontre qu’il ne fallait pas les céder le mois suivant les élections de 1981.

Si l’on se réfère à la loi de nationalisation promulguée, le prix de rachat obligatoire proposée par la Caisse Nationale de l’Industrie (CNI), spécifiquement créée, a été la moyenne des cours cotés entre octobre 1980 et mars 1981, soit bien avant l’élection, majorée de 14 %. Les épargnants n’ont donc pas été lésés, au contraire, même s’ils ont été payés en obligations de la CNI. Avec la forte baisse des taux longs obligataires les années suivantes, l’investisseur a même pu faire une belle plus-value sur ces titres et en plus les échanger contre les sociétés privatisées après le changement de gouvernement de 1986. Patience donc !

- 2,1 millions  
de procurations signées pour les élections législatives, selon le ministère de l’Intérieur.

- 770 avions  
seront livrés par Airbus en 2024 contre une projection initiale de 800, provoquant une chute du titre de 9,41 % le 25 juin.