La perspective d’une fin du shutdown aux États-Unis a dopé cette semaine les marchés actions. Les indices CAC 40 et Dow Jones ont enregistré leur plus haut historique en séance, respectivement à 8 314,23 points le 13/11 et 48 431,57 points le 12/11.
Pourtant, tous les secteurs ne sont pas à la fête, puisque l’euphorie n’aura duré que 24 heures pour les valeurs technologiques. Ainsi, des ventes massives ont porté sur les stars incontournables de la cote, au profit des titres dits de la vieille économie. S’agit-il encore une fois d’un feu de paille ? Ou sommes-nous à l’aube d’une importante rotation sectorielle durable au détriment des « Sept Magnifiques » ?
L’angoisse d’une bulle et d’un excès d’endettement pour financer des investissements astronomiques
C’est la une qui hante actuellement tous les esprits depuis début novembre. Michael Burry, ce financier célèbre pour avoir prédit dans le passé la crise dite des subprimes, a encore frappé. Ainsi, un document règlementaire du 5 novembre, déposé auprès de la SEC, a révélé des positions importantes (à hauteur de 1,1 milliard de dollars) sur des options de vente sur Nvidia et Palantir. Et ce, via sa structure Scion Asset Management.
Cette nouvelle a eu tellement d’écho que cet investisseur à contre-courant a décidé cette semaine de désenregistrer son fonds spéculatif de la SEC, afin de conserver plus d’anonymat.
Un endettement excessif des acteurs du secteur
Cette mauvaise nouvelle de la semaine dernière avait été digérée par le marché. Malheureusement, le sujet d’un endettement excessif des acteurs du secteur a pris le relais pour alimenter cette crise d’angoisse. Plusieurs notes d’analystes ont donc sonné l’alerte.
Selon Morgan Stanley, 2 900 milliards de dollars seront nécessaires pour couvrir les besoins en investissements en intelligence artificielle d’ici 2028. Les flux de trésorerie opérationnels générés (cash-flows) au cours de cette période par les hyperscalers (entreprises qui exploitent des infrastructures informatiques à très grande échelle, dont Meta, Alphabet, Microsoft, Oracle et Amazon) sont estimés à 1 400 milliards de dollars.
Mais pas de risque de faillite
Par conséquent, il faudra emprunter aux banques ou sur le marché du crédit obligataire la différence. Elle est estimée à 1 500 milliards de dollars, surtout en 2027 et en 2028. Ce processus est en cours, puisque plus de 120 milliards ont déjà été empruntés ces derniers mois. Bien qu’anxiogènes, notons que les besoins d’investissement seront actuellement couverts par les profits jusqu’en 2026. De ce fait, ces entreprises ne risquent actuellement en aucun cas la faillite. D’ailleurs, leurs spreads de crédit (écart de taux avec la dette souveraine américaine) restent contenus à 78 points de base (0,78 %).
Des anticipations plus modérées dans le cycle d’assouplissement monétaire de la Fed
La baisse de 25 points de base (0,25 %) des taux directeurs lors de la prochaine réunion était auparavant acquise. Dorénavant, la probabilité anticipée par les futures Fed Funds est descendue à 50 %. La prochaine réduction du loyer de l’argent est quasi acquise seulement d’ici le 28 janvier (à hauteur de 93 %) et certaine d’ici le 18 mars (140 %). Ces moindres anticipations de baisse des rendements américains font mécaniquement réagir négativement les valeurs de croissance. Dont les « Sept Magnifiques », ayant les multiples de valorisation parmi les plus élevés du marché.
La revanche des titres de l’ancienne économie
Le record de l’indice Dow Jones de cette semaine a été possible grâce à la performance des titres Goldman Sachs, McDonald’s Corp, 3M, Honeywell International, ainsi que UnitedHealth Group, Merck & Co et Amgen dans la santé. Celui de l’indice CAC est lié au fort rebond des titres Hermès International, LVMH, TotalEnergies, Sanofi, BNP, Société Générale et Stellantis, qui se sont tous octroyés de 5,6 à 6,3 % depuis vendredi. Les titres technologiques des deux côtés de l’Atlantique sont à la traîne.
La future publication de Nvidia pour mettre tout le monde d’accord et inverser la tendance ?
Le géant de l’intelligence artificielle va annoncer ses résultats du 3ème trimestre (arrêtés à fin octobre) ce mercredi 19 novembre. Le consensus attend une croissance des revenus et du bénéfice par action sur un an glissant. Respectivement de 57 % et 54 %. Il faudra une belle publication pour redonner des couleurs à tout le secteur, surtout avec des perspectives rassurantes. C’est le facteur primordial qui peut, à court terme, stopper la forte réallocation actuellement en cours vers les autres secteurs au détriment des acteurs de l’intelligence artificielle. Toutefois, nous restons positifs sur ce segment de la cote. En effet, les profits devraient continuer à croître ces prochaines années. Tout retrait excessif est une opportunité pour se renforcer, sans toutefois oublier la notion essentielle de diversification des actifs dans un portefeuille.
Les chiffres de la semaine
- 8 314,23 points. Le nouveau record historique en séance du CAC40.
- 48 431,57 points. Le nouveau record historique en séance du Dow Jones.
- 2 900 milliards de dollars. Les dépenses d’investissement dans l’IA d’ici 2028, selon Morgan Stanley.