Une saison des résultats réussie, mais vite oubliée

La période des publications des résultats du premier trimestre 2025 est presque achevée. Et il est déjà possible de dresser un bilan positif quasi définitif.

Ainsi, respectivement 62 % et 79 % des sociétés de l’indice STOXX Europe 600 et du S&P 500 ont battu le consensus au niveau des bénéfices par action. Ce score se situe au-dessus de la moyenne des 15 dernières années. Le moral devrait donc être au beau fixe, aussi bien chez les entrepreneurs que chez les investisseurs. Pourtant, malgré ces données fondamentales importantes pour la bonne tenue des marchés, le cœur n’y est pas et l’attention est déjà ailleurs. Comme si la page était déjà tournée. 

Pourquoi ce phénomène et où sont désormais braqués les projecteurs ?

Une fois de plus, les managements des entreprises ont été dans l’ensemble au rendez-vous. Et ce, malgré une activité qui reste assez faible, puisque les chiffres d’affaires sur un an glissant ont connu une modeste croissance de l’ordre de 2 % en Europe et de 4 % aux États-Unis. Une bonne maîtrise des coûts a permis une augmentation de la marge, même modérée, dans le vieux continent.

Les rares titres des sociétés n’ayant pas rempli leur contrat au cours du premier trimestre ont été lourdement sanctionnés. Celles qui ont battu les estimations, mais qui ont ensuite révisé à la baisse leurs prévisions annuelles l’ont été également. Toutefois, battre le consensus du premier trimestre n’a pas été suffisant pour convaincre, car celui-ci avait été sensiblement réduit avant le mois d’avril. La photo finale pour cette saison trimestrielle des résultats est donc moins réussie qu’en apparence.

L’autre particularité qui caractérise cette période est le faible pourcentage des entreprises à relever leurs prévisions annuelles (à peine 6 % en Europe). Cela explique le bon comportement des titres de ces sociétés qui font figure d’exception. Elles sont recherchées par les investisseurs.

Outre-Atlantique, on peut souligner les belles publications de Meta, Alphabet et Microsoft.

Malheureusement, approximativement 15 % des entités cotées sur l’indice STOXX Europe 600 ont également abaissé leurs anticipations de résultat annuel. Le taux de ce dernier étant bien plus important que celui des améliorations, la croissance des bénéfices par action pour l’année 2025 continue depuis plus de 9 mois à être révisée à la baisse, pour se situer désormais autour de 3 % en Europe et de 10 % aux États-Unis.

Tout d’abord, la hausse de l’euro, surtout vis-à-vis du dollar depuis début avril, impacte négativement le résultat d’exploitation de la majorité des entreprises européennes. C’est tout le contraire pour les sociétés américaines, qui anticipent déjà un effet positif de plus de 2 %.

Les tarifs douaniers sont plus que jamais au centre des préoccupations de tous les acteurs. C’est la grande inconnue qui contraint les entreprises à adopter un ton prudent sur l’évolution de leur activité. Et ce, même si une minorité d’entre elles constate réellement une baisse de leur carnet de commandes. La pause dans l’application des droits de douane américains réciproques, à l’exception de ceux pour les importations en provenance de Chine, a permis aux marchés financiers de rebondir depuis le 9 avril. Toutefois, la désescalade est somme toute loin d’être acquise et la trêve est prévue pour durer seulement 90 jours. L’échéance est donc pour le 9 juillet.

L’annonce d’un accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni est positive. Mais le taux universel de 10 % américain est maintenu. Selon le communiqué disponible sur le site de la Maison-Blanche, les importations des premiers 100 000 véhicules sur le sol américain se verront imposer une taxe réduite de 10 % et de 25 % au-delà. En échange, Londres va lever des droits de douane sur les produits agricoles. Pour en importer jusqu’à 5 milliards de dollars de plus. Une chaîne d’approvisionnement à taux réduit concerne également les produits pharmaceutiques et l’aéronautique. Une commande d’avions Boeing de 10 milliards de dollars a été aussitôt annoncée.

Le statu quo de la FED de mercredi 7 mai est une autre source de volatilité des marchés. La Banque centrale a noté un risque d’augmentation du taux de chômage et de l’inflation pour justifier la prolongation de la pause dans son cycle d’assouplissement monétaire. Cette décision a ravivé les critiques dures de Donald Trump vis-à-vis de Jerome Powell qui avaient déjà fait chuter les indices boursiers un mois auparavant. Devant autant d’inconnues, les investisseurs demeurent très craintifs et ont très peu modifié leurs allocations. Ils sont comme les entrepreneurs dans l’expectative en attendant d’y voir plus clair.

- 324 000 Milliards de dollars.
L’encours de dettes dans le monde à fin mars, selon The Institute of International Finance.

- 310.
Le nombre de votes au Bundestag obtenus au 1er tour par Friedrich Merz pour le poste de Chancelier, en dessous de la majorité de 316.

- 133.
Le nombre de cardinaux ayant voté au conclave pour l’élection du Pape Léon XIV.