Sea, Sex and Tech

C’est le mois d’août et son traditionnel afflux de vacanciers. Tandis que les salles de marché se vident peu à peu, la Bourse connaît historiquement une saisonnalité défavorable et un regain de volatilité. Ainsi, selon une étude de Barclays du 30 juillet intitulée « Positioning not hot everywhere », l’indice MSCI World enregistre, en moyenne depuis 1990, ses pires performances mensuelles en août et en septembre. À titre d’exemple, tout le monde se souvient du 5 août de l’année dernière et du mini-krach de Tokyo, provoqué par le débouclement des positions de portage sur le yen.

Les lois impitoyables de la statistique indiquent clairement qu’il faut vendre avant août et ne pas revenir avant fin septembre. 

La traditionnelle absence d’opérateurs au cours de l’été se traduit logiquement par un appauvrissement des volumes. Ainsi qu'une augmentation progressive de la volatilité des marchés. Depuis 35 ans, l’indice VIX, mesurant la volatilité en temps réel des options sur l’indice S&P 500, se dégonfle entre mars et mi-juillet. Pour se retendre par la suite jusqu’au début octobre.

L’année 2025 suit cette même tendance, avec quelques bémols et quelques électrochocs précurseurs. Ainsi, le pic de tension a eu lieu en avril, avec l’instauration des droits de douane réciproques voulus par Donald Trump. Le point bas s'est produit fin juillet, avec l’accord conclu entre les États-Unis et l’Union européenne. Depuis, comme par enchantement, l’indice VIX a atteint un point bas le 31 juillet à 14,76 %, avant de se tendre à 19 % en séance ce 1er août.

Les indices ont fait preuve jusqu’alors de résilience et de complaisance, en anticipant une issue favorable de la guerre commerciale. C’est chose faite, alors que commence la période des résultats du 2ᵉ trimestre. Il s’agit traditionnellement d’un point pivot pour les entreprises. En effet, ces dernières confirment si elles sont en mesure d’honorer leurs engagements vis-à-vis des investisseurs. C’est-à-dire de maintenir, d’abandonner ou d’améliorer leurs prévisions annuelles. Ce moment de vérité est synonyme de forte dichotomie de performances le jour de la publication des résultats, entre les bons et les mauvais élèves.

C’est le baromètre de la bonne santé de la Bourse américaine. Les résultats des «Sept Magnifiques» donnent la tendance. Non seulement pour le Nasdaq, mais également pour l’ensemble de la cote américaine, vu leur poids dans les indices.

Les bonnes publications d’Apple, d’Alphabet, de Meta Platforms et de Microsoft ont permis à l’indice Nasdaq 100 d’atteindre un nouveau record historique à 23 583,37 points, en début de séance le 31 juillet.

Microsoft a annoncé un résultat net annuel record de plus de 101 milliards de dollars pour son exercice décalé à fin juin. La capitalisation boursière de la société de Redmond a franchi pour la première fois la barre des 4 000 milliards de dollars. Devenant ainsi la deuxième entreprise de l’histoire à atteindre ce palier. Comme toujours, ce sera Nvidia — la première capitalisation mondiale — qui fermera le bal des publications le 27 août prochain. Ceci en raison de son exercice décalé à fin janvier.

Les déceptions viennent de Tesla, dont les chiffres ont été commentés dans notre dernière lettre, et d’Amazon. Le géant de Seattle a déçu. Et ce, malgré un chiffre d’affaires trimestriel de 167,7 milliards de dollars, en hausse de 12 %, et un résultat net de plus de 18 milliards de dollars.  

Les investisseurs jugent la performance de la division Cloud AWS comme faible, pourtant en hausse de 17 %. La comparaison avec Microsoft et la forte baisse de 66 % du cash-flow disponible, à 18 milliards de dollars, expliquent cette réaction.

L’entreprise continue d’investir massivement pour son avenir, avec la somme colossale de 103 milliards de dollars consacrée à ce titre rien qu’au dernier trimestre. Avec un peu de recul, les données d’activité de tous les géants technologiques américains sont satisfaisantes.

Dans un monde entouré d’autant d’incertitudes, ce segment de la cote reste une oasis qui semble imperturbable. Bien entendu, l’aéronautique, la défense et les infrastructures électriques sont à inclure pour tenter de passer des vacances les plus zen possible, malgré les traditionnels soubresauts propres à cette période de l’année.

- 23 583,77 points. Le nouveau record historique de l’indice Nasdaq 100 en séance, le 31 juillet.

- 101,83 milliards de dollars. Le résultat net annuel de  Microsoft.

- 103 milliards de dollars. Les Capex d’Amazon au cours du dernier trimestre.