L'investissement, l'arme redoutable de la technologie américaine

C’est une annonce qui a encore fait flamber quelques titres du NASDAQ, qui n’avaient pas besoin d’un nouveau coup de pouce. Microsoft a annoncé le 3 janvier vouloir dépenser 80 milliards de dollars en recherche et développement. Rien que pour cette année. Dans un blog intitulé « L’occasion en or pour l’intelligence artificielle américaine », l’entreprise refait l’histoire des révolutions technologiques et l’apologie de la recherche.

Le ton patriotique est donné d’entrée. « À l’aube d’une nouvelle année, nous accueillerons un nouveau président en même temps qu’une opportunité en or pour la technologie américaine et la compétitivité économique. Depuis l’invention de l’électricité, les États-Unis n’ont pas eu l’occasion d’exploiter les nouvelles technologies pour revigorer l’économie du pays. À bien des égards, l’intelligence artificielle est l’électricité de notre époque, et les quatre prochaines années peuvent jeter les bases du succès économique de l’Amérique pour le prochain quart de siècle ». 

La future stratégie de Microsoft va d’abord se porter sur des investissements massifs. Dans les sociétés américaines leaders mondiales de la technologie et de l’infrastructure. Puis, un plan national de formation sera élaboré pour favoriser l’adoption de l’intelligence artificielle afin d’améliorer les opportunités de carrières dans toute l’économie. Troisièmement, les États-Unis doivent s’attacher à exporter l’intelligence atificielle américaine aux « alliés et amis » de l’Amérique.

L’association entre ces trois groupes d’acteurs est essentielle. Elle constitue la base de la stratégie, afin de créer tout un écosystème favorable et bénéfique. Le but est de diffuser la technologie pour promouvoir de nouveaux talents et de nouvelles compétences, avec l’objectif d’augmenter rapidement le nombre d’utilisateurs.

Toutes les révolutions industrielles ont été possible grâce à l’adoption et la diffusion de technologie dite d’intérêt général (GPT – General Purpose Technology). La première révolution remonte au 18ème siècle, avec la machine à vapeur. La deuxième remonte à la fin du 19ème siècle avec la fée électricité. La troisième se situe dans la seconde moitié du 20èmesiècle avec l’émergence de l’informatique et ses puissantes puces et logiciels. Nous sommes désormais à l’aube de la quatrième révolution industrielle. Celle où l’Intelligence Artificielle est une technologie d’intérêt général disruptive capable de guider l’innovation et doper la productivité dans tous les secteurs de l’économie.

C’est un plan en 4 ans. Un plan qui coïncide bizarrement avec la durée du mandat du prochain président.

En 2025, Microsoft consacrera 80 milliards de dollars dans les centres de données dédiés à l’intelligence artificielle et dans toutes les applications liées au cloud utilisant cette nouvelle technologie. Cet effort financier gigantesque pourrait affoler les investisseurs, comme c’est souvent le cas en Europe. Au pays de l’Oncle Sam c’est différent, car c’est un baromètre de la santé et de la confiance d’une entreprise et que le financement provient uniquement du résultat d’exploitation en l’absence de dettes.

Si l’on ajoute les dépenses en R&D des Alphabet, Apple, Amazon, Broadcom, Meta, Nvidia, on attrape le tournis. Le chiffre colossal est dépasse les 300 milliards de dollars. Une telle force de frappe anéanti les concurrents surtout étrangers ou marginalise les acteurs plus modestes. À titre de comparaison, Mistral AI a réalisé un tour de table de 600 millions d’euros (dettes comprises) quand Open AI a bouclé 6,6 milliards de dollars et 17,9 milliards depuis sa création.

Cette domination actuelle est vouée à durer car ces géants vont posséder la technologie, les données et toutes les infrastructures.

- 80 milliards de dollars.
Les dépenses en R&D et infrastructures en 2025 de Microsoft.

- 57 milliards de dollars.
Le coût estimé et non définitif des incendies à Los Angeles, selon AccuWeather.

- 4,81 %.
Le rendement à 10 ans des obligations du Royaume d’Angleterre, soit un plus haut depuis octobre 2008.