En 2025, les investisseurs se sont précipités pour profiter de la hausse de l'or jaune. Mais il existe une autre couleur qui, étonnamment, se porte encore mieux : le vert. Autrement dit les actions liées à l'énergie propre.
Les valeurs de la transition énergétique en haut du podium
Les valeurs de la transition énergétique se sont hissées tout en haut du podium. Depuis les annonces tarifaires de la Maison Blanche début avril, leur indice mondial (le S&P Global Clean Energy Transition Index) a bondi d’environ 40 %. Quand l’or et l’indice S&P 500 se contentaient d’une progression respective d’environ 30 % et 20 %.
Potentiel de rattrapage pour les thématiques durables
Pour couronner le tout, l’indice se négocie sur la base d’un ratio cours/bénéfices 2025 inférieur à celui de l’indice élargi (21.3x contre 25x). Ce qui laisse présager un joli potentiel de rattrapage. Ce contraste montre qu’un portefeuille à thématique durable peut conjuguer éthique et performance, et l’éclat métallique de l’or fait pâle figure à côté de cet élan vert.
Flambée de l'argent blanc
Comme souvent en bourse, quand une couleur domine, une autre tente déjà de lui voler la lumière. Cette semaine, la flambée de l’argent blanc, qui a franchi la barre symbolique des 50 dollars, rappelle que l’appétit des investisseurs dépasse la simple couverture contre l’inflation. C’est une ruée portée par l’instinct, par ces « animal spirits » chers à Keynes. Cette envolée argentée, plus rapide encore que celle de l’or, illustre combien la recherche de refuge vire parfois à la quête de momentum.
Suppression des crédits d'impôts pour les valeurs de transition énergétique et attention nouvelle
Pour en revenir au vert, la performance est d’autant plus étonnante que le climat politique n’a rien de favorable. L’administration américaine a mis des bâtons dans les pales. En effet, son One Big Beautiful Bill Act (« OBBBA ») a accéléré la suppression des crédits d’impôt pour l’éolien, le solaire et les véhicules électriques.
En parallèle, des milliards de dollars de projets ont été annulés, des permis ont été gelés et les incitations fédérales sabrées. Au lieu de plonger le secteur dans l’obscurité, cette rafale a permis aux acteurs de se recentrer et de clarifier les règles du jeu. Certains segments, comme la géothermie, le nucléaire et la capture du carbone, ont même été épargnés par les coupes et pourraient profiter de cette attention nouvelle.
Rentabilité et qualité pour l'énergie chinoise
Pendant que Washington souffle le chaud et le froid, Pékin orchestre une « anti-involution ». C'est un programme destiné à freiner la compétition stérile où des ressources sont investies sans augmenter les rendements. Face à une surcapacité chronique et à une guerre des prix destructrice, l’agence nationale de l’énergie chinoise impose la rentabilité et la qualité. Les prix du polysilicium se redressent, les valeurs solaires rebondissent et des sociétés comme Goldwind ou Bloom Energy affichent des gains à trois chiffres depuis avril. Ce coup de baguette rappelle que la Chine n’est pas seulement un marché gigantesque : elle peut, en un décret, modifier le rythme de la transition énergétique mondiale.
L’élan actuel pour la transition énergétique résulte d’une conjonction de facteurs
La soif d’électricité liée aux centres de données et à l’intelligence artificielle pourrait doubler la consommation d’ici 2028. Créant une demande inédite pour une énergie bas carbone abondante. La baisse des taux d’intérêt facilite le financement de nouvelles infrastructures. La régulation chinoise, qui lutte contre la surcapacité, améliore les marges. Tandis que plusieurs États américains renforcent leurs propres programmes et que l’Europe, l’Inde et la Chine poursuivent leurs ambitions bas carbone. Ajoutons que les segments épargnés par le fameux OBBBA – géothermie, nucléaire et capture du carbone – offrent de nouveaux relais de croissance. Ce cocktail explique pourquoi l’indice vert surperforme aussi l’indice mondial du pétrole et la plupart des marchés. Et pourquoi les fonds spécialisés continuent de lever des capitaux, persuadés que la demande faiblement carbonée restera durable.
La leçon de 2025 est simple : la transition énergétique n’est plus seulement une conviction, c’est aussi un moteur de rendement.
L’hostilité de la Maison Blanche a forcé les acteurs à se structurer. Elle leur a, paradoxalement, aussi apporté de la visibilité. En Asie, la lutte contre la surproduction et l’essor de l’intelligence artificielle donnent un nouveau souffle aux valeurs propres.
Même si la volatilité subsiste et que le secteur se négocie encore à la moitié de son pic de 2021, il est devenu incontournable. De quoi rappeler qu’en bourse aussi, le vert peut valoir de l’or. Un changement de couleur dans son portefeuille peut transformer un simple lingot en véritable pépite de croissance.
Ce n’est pas une injonction à se ruer aveuglément sur n’importe quel titre, mais un rappel que la diversification colorée peut se révéler payante. En attendant, on peut refermer son ordinateur, profiter du week-end et, entre deux cafés, méditer sur cette leçon. Parfois, la meilleure façon de briller est de penser… vert.
Les chiffres de la semaine
- 50 dollars. Le seuil symbolique dépassé pour une once d’argent.
- 3 milliards d’euros. Le montant du plan d’incitations, adopté par la coalition allemande, visant à soutenir l’achat de véhicules zéro émission.