Batteries à plat en Europe : la Chine laisse l'UE sous tension

L’industrie automobile mondiale est en pleine mutation, et la bataille pour la domination du marché des véhicules électriques fait rage.

Alors que l’Europe peine à suivre le rythme, la Chine s’est imposée comme le leader incontesté, inondant le marché avec des modèles de plus en plus performants et abordables. Face à cette montée en puissance, l’Union européenne tente de reprendre le contrôle en brandissant de nouvelles barrières douanières.

Mais cette lutte commerciale suffira-t-elle à inverser la tendance ?

Depuis des années, Pékin a fait de l’électromobilité une priorité stratégique. Des entreprises comme BYD, Nio, et XPeng dominent le marché chinois. Elles se tournent désormais vers l’international, notamment l’Europe, avec des produits compétitifs.

Cette avance repose sur la maîtrise des batteries, composante essentielle des véhicules électriques. En 2023, plus de 60 % des batteries lithium-ion dans le monde étaient fabriquées en Chine. Ce leadership permet aux constructeurs chinois de proposer des véhicules à prix réduits, tout en restant à la pointe des performances, notamment grâce à l'innovation. Le soutien gouvernemental chinois joue également un rôle clé. Des subventions et incitations fiscales ont permis à la Chine de devenir un leader mondial.

Face à cette concurrence, l’Union européenne a réagi.

Le 4 septembre 2024, la Commission européenne a annoncé des droits de douane allant jusqu’à 20 % sur les véhicules électriques importés de Chine. Ces taxes visent à contrer ce que l’UE considère comme une concurrence déloyale, due aux subventions chinoises. Elles cherchent aussi à protéger les constructeurs européens, qui peinent à rivaliser sur les prix. En effet, les véhicules chinois, souvent plus abordables, séduisent de plus en plus de consommateurs européens.

Cependant cette réponse comporte des risques. La Chine pourrait riposter avec des sanctions commerciales sur les produits européens, créant une escalade des tensions commerciales. De plus, ces taxes risquent d'augmenter le prix des véhicules électriques en Europe, rendant ces véhicules moins accessibles pour les consommateurs.

Pour rester compétitive, l’Europe doit impérativement intensifier ses investissements dans l’innovation et la production locale de batteries. L’initiative de l’Alliance Européenne pour les Batteries va dans cette direction, mais elle reste loin de rivaliser avec les géants asiatiques. 

Les constructeurs européens doivent transformer leurs chaînes de production, centrées depuis plus de 100 ans sur les moteurs thermiques, pour s’adapter aux véhicules électriques. Cette mutation nécessite des investissements massifs, tout en soulevant des enjeux sociaux, notamment en matière de reconversion des emplois. En outre, les constructeurs européens font face à des difficultés d'approvisionnement en matières premières critiques, comme le lithium et le cobalt, dont l'extraction est dominée par la Chine. Cela crée une dépendance qui fragilise l'industrie automobile européenne, qui devra rapidement trouver des alternatives pour sécuriser ses approvisionnements.

Malgré ces obstacles, la concurrence entre l’Europe et la Chine dans le secteur des véhicules électriques ne fait que commencer. Les nouvelles taxes européennes pourraient ralentir la pénétration des véhicules chinois à court terme, mais elles ne suffiront pas à résoudre les problèmes structurels auxquels est confrontée l’industrie automobile européenne. Pour rivaliser à long terme, l’Europe devra renforcer sa compétitivité technologique et industrielle. Il ne s’agit pas simplement de protéger son marché, mais de développer des capacités d'innovation qui lui permettront de se maintenir dans la course mondiale des véhicules électriques.

L’avenir de la mobilité électrique en Europe dépendra donc de sa capacité à innover, à améliorer ses infrastructures et à produire localement des batteries. Si l’Europe parvient à relever ces défis, elle pourra non seulement résister à la concurrence chinoise, mais aussi jouer un rôle clé dans la transition vers une mobilité plus verte et durable. Cependant, la course est lancée, et le temps presse pour que l'Europe rattrape son retard dans cette révolution industrielle majeure.

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