Les marchés anticipent toujours. Ils écrivent un scénario 6 à 9 mois au minimum avant sa réalisation, en fonction des indicateurs actuels et avancés.
Les marchés anticipent à 6-9 mois
Souvenez-vous du 9 novembre 2020, en plein deuxième confinement du Covid en France. Ce jour-là, l’indice CAC 40 avait progressé de 7,57%. Et des titres tels que BNP, Vinci et Accor s’étaient octroyés de 17 à 20% sur les seules données préliminaires du vaccin BioNtech-Pfizer contre le SARS-Cov-2. À l’époque, les investisseurs avaient déjà tourné la page de la pandémie, malgré tous les déboires au quotidien pendant plus d’un an.
Entre temps, il a fallu gérer les pénuries d’approvisionnement. Tout comme les alternances de période de liberté et de restriction, de comportement et de déplacement. Malgré toutes ces contraintes, l’acheteur d’un titre BNP au soir du 9 novembre 2020, après la forte hausse quotidienne de ce jour-là, a réalisé une coquette plus-value de l’ordre de 50% sur 12 mois ! Cette belle performance a été rendue possible grâce à un scénario de reprise, qui s’était réellement concrétisé.
Un rebond des marchés début 2025 ?
Évidemment, la situation actuelle n’a rien à voir avec celle de fin 2020. Cependant, le point commun est assez simple à trouver. Nous sommes en période de ralentissement économique et de contraction manufacturière aussi bien dans les pays occidentaux qu’en Chine (le deuxième PIB mondial).
Les marchés anticipent déjà le rebond qui ne devrait se matérialiser qu’à partir du début de l’année prochaine. Dans le meilleur des cas. En effet, les économistes prédisent une croissance américaine qui devrait ralentir ces prochains mois (respectivement en rythme annualisé de 2%, 1,4% et 1,6% au 3èmetrimestre 2024, 4ème trimestre 2024 et 1er trimestre 2025). En zone euro, la croissance est déjà atone à 0,30% en séquentiel au troisième trimestre et devrait le rester à ce niveau jusqu’au 1er trimestre 2025. L’Allemagne souffre particulièrement, avec 0,10% de croissance anticipée au 3ème trimestre et une accélération séquentielle modeste de 0,10% au cours des trois prochaines périodes.
Les marchés prédisent un soft landing
L’environnement actuel n’a donc rien de satisfaisant. Cependant, deux facteurs clés permettent aujourd’hui de prédire en ce moment même, certes sans garantie, une période de ralentissement de croissance dite de soft landing, et non de récession dite de hard landing.
Début d’un cycle d’assouplissement monétaire
Premièrement, les indicateurs de PIB ne sont pas en contraction. Avec des banques centrales qui ont initié un cycle d’assouplissement monétaire devant se poursuivre à un rythme soutenu.
Ainsi, les projections des membres de la Fed ont surpris positivement avec une baisse totale des taux directeurs de plus de 2% (200 points de base) d’ici fin 2025.
Un marché de l’emploi moins dynamique mais pas en destruction
Deuxièmement, le marché du travail, indicateur retardé certes, n’est pas en destruction d’emplois. Il est moins dynamique en matière de créations de postes.
Après la panique de début août sur les chiffres de juillet, les récentes données publiées cette semaine sont même plutôt rassurantes. Ainsi, les offres d’emplois disponibles et non pourvues en août ont grimpé à 8,04 millions. Et les créations selon l’ADP en septembre ont également progressé de 143 000, soit le meilleur chiffre depuis juin.
Au total, l’emploi salarié continue de progresser et le salaire horaire réel (déduit de l’inflation) est repassé en territoire positif.
Baisse de l’inflation
Avec la baisse de l’inflation, confirmée également en zone euro, particulièrement en France et en Allemagne, la consommation, principal moteur de nos économies, ne devrait pas diminuer prochainement.
Entre l’espoir d’une reprise et sa réalisation, il y a souvent un grand pas. Au quotidien, certains secteurs et entreprises souffrent davantage que les autres. C’est le cas de l’automobile, avec un avertissement de Stellantis sur ses résultats. La société envisage désormais une marge opérationnelle courante entre 5,5% et 7% en 2024, contre plus de 10% auparavant, ainsi qu’une baisse des ventes de 200 000 véhicules en Amérique du Nord.
Alors entre rêve et réalité, que choisir ?
Après le rebond lié aux mesures chinoises et aux baisses des taux des banques centrales, il est tentant de prendre des profits, d’autant que nous sommes à un mois des élections américaines, traditionnellement une période de faiblesse des marchés. De surcroît, le marché n’envisageait pas une globalisation du conflit au Moyen-Orient, ce qui peut être aujourd’hui présomptueux. De ce fait, nous sommes encore méfiants en amont des résultats du troisième trimestre. Néanmoins, certaines déceptions pourraient constituer des points d’entrée à moyen terme intéressants.
Les chiffres de la semaine
– 200 000
La baisse des ventes de Stellantis en Amérique du Nord, prévue au second semestre.
– 60 milliards d’euros
L’effort annoncé par le gouvernement pour réduire le déficit budgétaire de la France à 5 %.
– 6,6 milliards de dollars
Le record de levée de fonds d’OpenAI.