Deux continents, deux perspectives bien différentes

Les investisseurs ont déjà avancé tous leurs pions pour 2025. Dans le passé, ce déploiement tactique n’avait lieu qu’en janvier, après un rallye de fin d’année.

Désormais, plus rien ne se passe comme auparavant avec l’élection de Donald Trump.  Une fièvre acheteuse s’est produite en bourse avant et après la triple victoire républicaine du 5 novembre. Et ceci a propulsé les marchés américains et même le bitcoin à des sommets, au détriment des autres zones géographiques.

Le futur programme économique du 45ème et 47ème président des États-Unis est tellement disruptif au profit de l’Amérique, qu’il a provoqué un choc dans les allocations d’actifs. Egalement un comportement moutonnier des financiers. Sauf retournement brutal en décembre, 2024 restera une année record pour les flux vers les actions américaines (> 400 milliards de dollars). À l’inverse, les fonds en actions européennes et japonaises ont continué cette semaine de subir des sorties de capitaux. 

Les chiffres s’accumulent et donnent le tournis pour démontrer l’exagération de cet appétit en actions américaines, que ce soit tant en matière macroéconomique que microéconomique.

Ainsi, le ratio capitalisation boursière sur PIB a battu un nouveau record à 207 %, selon GuruFocus.com. Celui de la capitalisation boursière relatif à celle du reste du monde a bondi à plus de 3. Soit un niveau historique depuis la Seconde Guerre Mondiale, selon les données recensées par BofASecurities.   

La conclusion est claire. Jamais, outre-Atlantique, le poids des actifs financiers cotés investis en actions a été aussi important par rapport à la richesse créée par le pays et différencié par rapport au reste du monde. Ce qui démontre que ce phénomène est bien plus qu’un simple processus de financiarisation. Il se définit bien comme un mouvement d’enrichissement spécifique et plus prononcé dans ce pays qu’ailleurs.

Si l’on prend les ratios classiques de valorisation par rapport aux indices, le ratio prix sur bénéfice par action est de 22 fois pour l’indice S&P 500 contre 13,3 fois et 14,5 fois pour les indices Stoxx Europe 600 et Topix. Soit une prime respective de 65% et de 50%, au plus haut depuis l’existence de l’euro. Ajusté de leur différence sectorielle, cette survalorisation tomberait à 35%, ce qui reste élevée.

Si l’on se réfère au prix sur l’actif comptable, le ratio atteint plus de 5 fois pour l’indice américain, contre 2 et 1,4 fois pour ses homologues européen et japonais. Le prix d’une action américaine par rapport à ses actifs réels est donc 2,5 à plus de 3 fois plus cher qu’ailleurs !

Le passé a montré que plus le PER (ratio cours sur bénéfices) d’un marché est élevé en dehors des périodes de récession, moins l’espérance de gain sur le long terme (au-delà de 5 ans) est élevée. Pourquoi cet engouement persiste-t-il et s’est-il amplifié ? 

Le prix d’un actif financier aujourd’hui est censé être égal, en théorie, à la somme des flux financiers futurs actualisés.

Factuellement, il est incontestable que les actions américaines délivrent plus historiquement que celle des autres continents. Ainsi, le retour sur fonds propres des actions américaines ces 3 et 10 dernières années est respectivement de 18,6 % et de 15,10 %. A comparer à 12,9 % et 10,1 % en Europe et à peine de 8,45% et 7,8% au Japon. Cela signifie qu’un dollar d’actif investi dans une entreprise cotée outre-Atlantique sur 10 ans est 50% plus rentable que dans une entreprise du Vieux Continent et 2 fois plus que celle au pays du soleil levant.

Une prime est donc largement justifiée. Cet écart considérable s’explique par toute une série de facteurs : le coût (en intégrant la productivité et donc la qualification) du travail, la flexibilité de la main d’œuvre, la règlementation, le coût du capital, la fiscalité, la croissance des revenus et la concurrence, entre autres. 

En 2024, la croissance estimée du PIB américain (2,7%) devrait écraser celle en zone euro (0,7%) et au Japon (0%). Le ralentissement de l’activité américaine anticipée pour 2025 a vécu avec Donald Trump au pouvoir. Et la faible croissance dans les autres régions est encore plus en risque. Par conséquent, les bénéfices par action aux États-Unis devraient croître de 14,3% et de seulement de 8,4% en Europe. Ce dernier chiffre semble trop optimiste. Nul doute que les ours européens resteront dans leur tanière cet hiver, en attendant des jours meilleurs et plus de stabilité politique sur le Vieux Continent.

207 %.
Le ratio de la capitalisation boursière sur PIB aux États-Unis, au plus haut historique.

75 %.
La pondération des actions américaines dans le MSCI World, nouveau record.

15,10 %.
Le retour sur fonds propres moyen des actions américaines ces dix dernières années contre 10,1% en Europe et 7,8% au Japon.

Super Nvidia n’impressionne plus les marchés

C’était la publication la plus attendue du troisième trimestre. Un évènement jugé aussi crucial qu’une décision d’une banque centrale.

Tout le monde se souvient du 23 mai dernier, lorsque, après les annonces du premier trimestre, le titre s’était envolé de 9,57 % en une seule séance, progressant de plus de 48 % jusqu’au 20 juin.

Cette euphorie avait déclenché une onde de choc positive. Non seulement sur les valeurs liées à l’intelligence artificielle, mais aussi sur les indices NASDAQ et S&P 500, qui ont connu un rallye boursier de deux mois. Malheureusement, cette fois-ci, il n’en a rien été. En dépit de résultats bien supérieurs aux attentes, le titre a clôturé avec une modeste hausse de 0,96 %, après avoir atteint un nouveau record historique en séance, ce qui constitue une déception pour Nvidia.

Restons objectifs. Les chiffres du spécialiste des unités de processeur graphique (GPU), éléments-clés dans la ruée actuelle vers l’intelligence artificielle, sont excellents, voire exceptionnels.

Les revenus et le résultat net se sont élevés à respectivement 35,08 et 19,3 milliards de dollars, représentant une progression annuelle de 94 % et 109%. Beaucoup d’entreprises rêveraient d’une croissance annuelle équivalente à celle réalisée par Nvidia en un trimestre (+17 %). Avec une marge nette de 55 %, Nvidia s’impose comme une véritable « usine à cash », générant un flux de trésorerie disponible de près de 17 milliards de dollars sur trois mois.

Cette performance s’explique notamment par son modèle économique « fabless » (sans usine), Nvidia concevant ses puces, tout en sous-traitant leur fabrication, principalement à TSMC et Samsung.

Sa marge de trésorerie disponible, de 48 %, dépasse celle d’Apple (25 %) et de Microsoft (30 %), ce qui justifie une prime de valorisation. Le titre Nvidia est désormais la première capitalisation mondiale, atteignant 3 591 milliards de dollars, devant Apple (3 454 milliards) et Microsoft (3 070 milliards). Cette position a été acquise grâce à un ratio prix/bénéfice (PER) de 50 pour cette année, contre 31 pour Apple et Microsoft. La prime de valorisation de 60 % semble élevée, mais elle se justifie par une prévision de croissance des bénéfices par action de 50 % l’an prochain, contre un peu plus de 10 % pour les deux autres.

Tout simplement parce que les bonnes nouvelles étaient déjà intégrées dans le cours. Et le marché a « vendu la nouvelle ». Pas de panique toutefois.
La performance du titre approche les +200 % depuis le début de l’année. Il enregistre même +2 700 % sur cinq ans (94,6 % annualisés) et +98 300 % sur 20 ans (41 % annualisés). Un investisseur ayant placé 1 000 dollars en actions Nvidia le 22 novembre 2004 disposerait aujourd’hui de 902 585 dollars, hors dividendes. Et presque un million (984 000 dollars) avec réinvestissement des dividendes. L’eldorado de l’intelligence artificielle est bien concret pour ces actionnaires.

Comme nous l’indiquions le trimestre précédent, Nvidia entre désormais dans une phase de croissance plus normalisée. Tout en restant toujours supérieure à celle du marché. Selon le consensus, le bénéfice par action devrait croître de 49 % l’année prochaine, puis de 23 % et 10 % les années suivantes.

Lors de sa conférence de presse, Nvidia a annoncé un chiffre d’affaires attendu de 37,5 milliards de dollars pour le prochain trimestre. Soit une croissance de moins de 7 %.

Cela a déçu les investisseurs, mais cette prévision semble prudente, comme celle du trimestre précédent en août. La marge brute devrait également reculer à environ 73 %, contre 75 % au troisième trimestre. Ceci en raison du lancement de la nouvelle génération de GPU Blackwell.

Après des retards liés à des problèmes de surchauffe, les premières unités ont été livrées, parmi 13 000 exemplaires d’autres puces vendus ce trimestre. Selon la directrice financière, Colette Kress, la montée en puissance de Blackwell pourrait faire baisser la marge brute à 70 %, avant un retour progressif vers 75 %. La demande, cependant, devrait rester supérieure à l’offre jusqu’en 2026, et le prix individuel des modèles GB200 varie entre 30 000 et 40 000 dollars, tandis que les systèmes complets, comme les racks NVL72, atteignent plusieurs millions de dollars. La croissance devrait donc rester forte, probablement au-delà des estimations des analystes.

109 %.
La croissance du résultat net de Nvidia sur un an au 3ème trimestre.

4 cm.
La chute de neige à Paris le 21 novembre, à cause de la tempête Caetano. Un phénomène inédit depuis 56 ans.

Sauve qui peut sur les marchés, c’est Trump 2.0 !

C’est fait ! Depuis le 13 novembre, Donald Trump et les Républicains ont la certitude d’avoir gagné les scrutins, à la fois pour la présidence et pour le Congrès. Ils ont obtenu la majorité des grands électeurs, des sénateurs et des représentants à la Chambre.

C’est une victoire totale pour les rouges et une défaite cinglante pour les bleus (les Démocrates). Par conséquent, dès son investiture le 20 janvier prochain, le 47ème président des États-Unis aura les mains libres pour gouverner et appliquer, en théorie, tout son programme.

Si le dénouement rapide de l’élection présidentielle a été initialement salué par le marché, la perspective de voir les pleins pouvoirs attribués à Donald Trump effraie peu à peu les investisseurs non américains. Le slogan MAGA ou Make America Great Again n’est valable que pour les actions du pays de l’Oncle Sam. Ailleurs et surtout dans le Vieux Continent, un mouvement de ventes massives a entraîné les bourses européennes au plus bas depuis juillet dernier. Et l’indice CAC 40 est en performance négative depuis le début de l’année.

Une fois élu, le nouveau président et son gouvernement pourront agir soit librement, soit avec l’accord du Congrès. Trump pourra utiliser, dès la fin janvier, l’arme des Executing Order ou décrets pour initier seul une partie de son programme. Une des premières mesures concernerait l’application d’une hausse des droits de douane de 10% à 60%. Tout dépendra si le nouveau locataire à la Maison-Blanche souhaite négocier avec les pays concernés, surtout ceux membres initiaux de l’Accord de libre-échange nord-américain ALENA (Canada et Mexique). Ces accords ont été modifié sous Donald Trump en 2018 et rebaptisé Accord États-Unis-Mexique-Canada AEUMC ou USMCA en anglais. Actuellement, la plupart des biens et toute une série de services sont exemptés de taxes.

Pour les autres, point de salut. Une hausse des droits de douane est à prévoir au plus tard au 1er semestre 2025. Cette épée de Damoclès explique le désamour actuel pour les actions européennes.

Par conséquent, il y a peu d’espoir à court terme de voir des flux acheteurs dans notre zone. Pourtant, de telles situations sont en général propices aux bonnes affaires, car les ventes sont générales et sans discernement.

Actuellement, l’écart de valorisation entre les actions européennes et américaines est au plus haut depuis l’existence des indices européens. Le PER à 12 mois de l’indice S&P 500 est à 23,35 contre 13,33 pour l’indice Stoxx Europe 600. Soit une prime de plus de 75% !

Même si la composition de ces deux indicateurs est très différente, cela vaut la peine de ne pas céder à la panique et d’identifier les sociétés peu exposées au risque de taxation. Par ailleurs, des opportunités dans d’autres entreprises visées par les droits de douane existent, car le recul de leur titre est sans doute excessif. Cependant, à plus de deux mois avant la mise en place des nouvelles mesures, il est encore trop prématuré de les acheter. 

Il convient donc, pour le moment, de ne pas céder à la psychose.

Donald Trump étant un personnage charismatique et médiatique, toutes ses décisions sont diffusées, scrutées, et archi-commentées. Cette surexposition provoque des surréactions boursières à tous ces évènements.

Depuis l’élection, l’actualité s’est concentrée sur les nouvelles nominations. La plus controversée concerne celle de Robert Kennedy, neveu de l’ancien Président assassiné John F. Kennedy et fils de Robert Kennedy, également assassiné. Cet ancien avocat démocrate a créé la surprise en obtenant le poste de Secrétaire d’État au département de la Santé et des Services Humains.

Cet antivax a créé un séisme sur les valeurs de la santé et plus particulièrement sur celles commercialisant des vaccins.

Là encore, le marché surréagit par des ventes massives. Les investisseurs se mettent à spéculer sur une baisse d’approbation de nouveaux médicaments et une baisse des ventes de vaccins. Si l’on se réfère à ses propos, l’homme milite pour la liberté individuelle de se faire vacciner ou non et pour une administration plus efficace et moins corrompue. À aucun moment, il n’a été fait mention de ne pas autoriser tous les nouveaux produits innovants en élaboration actuellement et qui devraient voir le jour ces prochaines années. Sa nomination doit être approuvée par le Sénat, nouvellement aux mains des Républicains.

Dans le passé, seul Lewis Strauss, le 19 juin 1959, s’est vu refuser sa nomination. Celle-ci devrait être une formalité, même si certains sénateurs républicains y sont farouchement opposés.

218.
Le nombre de représentants à la Chambre du Congrès américain obtenu par les Républicains, soit la majorité.

75,3 %
Le taux d’utilisation des capacités de production industrielle (TUC) en France, au plus haut depuis mars.

Election Trump – La vague rouge propulse Wall Street au sommet

Les marchés ont eu raison, car ils anticipaient à juste titre une victoire de Donald Trump.

La surprise est venue du dénouement ultra rapide de cette élection présidentielle. Et ce, contrairement aux sondages, qui prédisaient un scrutin serré, voire trop contesté dans des États indécis pour désigner immédiatement un vainqueur. L’affaire fut considérée comme pliée dès 2 heures 24 du matin le 6 novembre, grâce à la Caroline du Nord et surtout à la Pennsylvanie. Six minutes plus tard, le leader du parti Républicain prononçait son discours victorieux, avant même d’obtenir officiellement les 270 grands électeurs.

Fidèle à son image et à sa réputation, le très charismatique tribun n’a pas lésiné sur son langage : « Ce sera vraiment l’âge d’or de l’Amérique ! ». Les investisseurs ont compris le message cinq sur cinq. Ils ont acheté frénétiquement et massivement des actions américaines, telle la ruée vers l’or de 1848, propulsant ainsi les bourses d’outre-Atlantique à un nouveau record historique. Les cryptomonnaies ne sont pas en reste, avec un bitcoin désormais au-delà de 75 000 dollars. Du jamais vu. 

Que va-t-il se passer maintenant ? 

Il n’y a pas photo, la victoire est indiscutable. Contrairement à 2016, Donald Trump a même gagné le vote populaire, avec une avance de plus de 4,4 millions de votes sur plus de 83% des bulletins dépouillés. Les Républicains ou les rouges, comme on le pressentait, ont également repris le contrôle du Sénat.

Ils sont à quelques sièges de conserver la Chambre des Représentants et devraient donc gagner cette triple élection. Par conséquent et sauf imprévu de dernière minute, Donald Trump disposera des pleins pouvoirs dès son investiture, prévue le 20 janvier prochain, en tant que 47ème président des États-Unis. 

Les Républicains pourront mettre en place leur programme dans sa quasi-totalité. Selon BNP, le coût total des mesures avoisinerait la somme colossale de 7 000 milliards de dollars. Cela promet un effet dopant considérable pour l’économie de la première puissance mondiale !

Malheureusement, rien n’est gratuit dans ce bas monde. Le déficit fédéral déraperait de l’ordre de 4 900 milliards de dollars par rapport aux estimations déjà alarmantes du Congressional Business Office (CBO). L’aggravation des déficits provoquerait une augmentation des projections du ratio de dette sur PIB en 2034 de 137% à plus de 148%.

La hausse colossale des recettes douanières et l’annulation des crédits pour les énergies renouvelables dans la loi IRA ne suffiraient pas à combler l’énorme trou.

Les marchés ne se sont pas trompés. Une aggravation des déficits et de la dette signifie une hausse des taux d’intérêt à long terme, avec un rendement à 10 ans atteignant un pic depuis juillet à 4,47%. Il faudra donc trouver de nouvelles économies dans le budget de l’État. Elon Musk est souvent cité comme étant l’homme providentiel pour réaliser des coupes drastiques dans les dépenses. Et ce grâce notamment à l’intelligence artificielle. 

En attendant, ces mesures gigantesques de relance dans une économie en bonne santé font craindre une reprise de l’inflation. Pour le moment, les banques centrales poursuivent leur assouplissement monétaire. Récemment les taux directeurs de la Fed et de la Banque d’Angleterre ont baissé de 25 points de base. Dans sa conférence de presse du 7 novembre, Jerome Powell a confirmé sa confiance dans un retour de l’inflation autour des 2%. Une prochaine baisse de 25 points de base est donc prévisible en décembre. Pour 2025, cela dépendra des données économiques et des mesures fiscales mises en place.

Nous sommes donc actuellement dans un scénario idéal, qui bénéficie du meilleur des deux mondes. Plus de croissance prévisible, grâce à une relance fiscale dans un contexte d’assouplissement monétaire. Cet état de grâce pourrait durer jusqu’au moins fin janvier. Avant la mise en place des tarifs douaniers et d’éventuelles velléités de la Fed de ne plus baisser ses taux le 29 janvier ou le 19 mars.

Dans ce contexte, les investisseurs continueraient, selon nous, de privilégier les actions américaines. Notamment les valeurs domestiques et celles bénéficiant le plus de la dérégulation comme les bancaires. Des consolidations seraient possibles à court terme, mais ne devraient pas remettre en cause la domination des États-Unis. Il faudrait donc un nouveau plan de relance en Europe. L’éclatement de la coalition allemande pourra-t-il aboutir à un nouveau gouvernement outre-Rhin en mars prochain, souhaitant imiter Donald Trump ?

295
Le nombre de grands électeurs obtenus à ce jour par Donald Trump à l’élection présidentielle (270 sont suffisants pour gagner le scrutin).

325 milliards de dollars
Les liquidités de Berkshire Hathaway à fin septembre.

+38 %
La hausse négociée des salaires chez Boeing ces 4 prochaines années.

Elections US : les marchés croient en une victoire de TRUMP

C’est la dernière ligne droite pour tous les candidats. Ce mardi 5 novembre, plus de 186 millions d’Américains sont appelés à participer à ce triple scrutin (présidentiel, sénatorial et pour la chambre basse nommée Chambre des représentants).  

Les sondages au niveau national sont actuellement très serrés pour la course à la Maison blanche. En effet l’écart entre les deux principaux prétendants est de moins de 1%, en faveur de Kamala Harris.

Pourtant, les marchés ont opté pour un scénario totalement différent, avec une victoire de Donald Trump. C’est également le cas pour les paris en ligne. La cote induit une probabilité de 66% de voir l’ancien président élu pour un nouveau mandat de quatre ans, après sa défaite de 2020.  

Comment expliquer un tel écart entre les sondages au niveau national et les anticipations de victoire ? Quelles seraient les conséquences pour les actifs financiers d’un nouveau succès électoral des Républicains ?

Tout d’abord, il faut maîtriser tous les tenants et les aboutissants. Le point crucial est que le ou la nouvelle présidente ne sera pas élu(e) au suffrage universel direct. Les élections américaines passent par des grands électeurs, dont le nombre varie dans chaque État, selon l’importance de sa population.

Cette différence est de taille, car dans ce système électoral, le candidat victorieux n’est pas forcément celui ayant remporté le plus de voix. C’est inconcevable pour un Français, mais depuis 1988 avec la victoire de George H. W. Bush père, aucun président issu du parti républicain n’a obtenu la majorité des suffrages avant d’exercer son premier mandat. Ce n’est qu’à sa réélection, en 2004, que Georges W. Bush fils a devancé son adversaire en nombre de voix (de plus de 2 millions selon les données officielles). En 2000, il était devancé de plus de 540 000 voix par Al Gore. Donald Trump, malgré sa victoire, a également perdu le vote populaire en 2016. En effet, son adversaire, Hillary Clinton, l’avait devancé de plus de 2 800 000 bulletins, tout comme lors de sa défaite en 2020 contre Joe Biden (7 millions de voix).  

L’élection US se joue donc souvent dans un certain nombre d’États indécis et la victoire dépend souvent d’un nombre limité d’électeurs.  Donald Trump entend bien renouveler ce tour de passe-passe cette année. Les projecteurs seront donc braqués cette année sur 8 États indécis (Arizona, Caroline du Nord, 2ème district du Maine, Michigan, Nevada, Géorgie, Pennsylvanie et Wisconsin).

À l’opposé, tous les présidents démocrates élus depuis 1960 ont gagné le vote populaire. Y compris lors de cette élection très contestée, où John F. Kennedy n’avait devancé Richard Nixon que de 120 000 voix, en gagnant moins d’États, mais plus peuplés.

Voilà pourquoi Kamala Harris n’est pas favorite pour ces élections. Son avance au niveau national est trop faible, puisqu’il il inclut un excédent de plusieurs millions d’électeurs dans le seul État de Californie, qui ne pèseront pas dans les huit États indécis précédemment nommés. Au Sénat, seul un tiers de cette assemblée est soumis au vote et cette année, les Républicains sont favoris pour y reprendre le contrôle, car 23 des 34 sièges en jeu sont détenus par des Démocrates ou indépendants. À la Chambre des Représentants, actuellement sous contrôle des Républicains, les Démocrates sont en mauvaise posture. Par conséquent, Donald Trump est le mieux placé pour remporter non seulement l’élection présidentielle, mais également la totalité du Congrès. Cela équivaudrait à avoir quasiment les pleins pouvoirs !

Historiquement, les marchés américains consolident le mois avant l’élection, devant l’incertitude des résultats. Cette année, l’indice S&P 500 américain a battu son record historique la semaine dernière, car une victoire totale des rouges (les Républicains aux États-Unis) signifie plus de favoritisme pour les entreprises domestiques. C’est du pur populisme, mais taxer les importations comme le souhaiterait Donald Trump, représenterait 540 milliards de dollars de revenus supplémentaires par an pour les douanes du pays de l’Oncle Sam.

Cela permettrait de renouveler le programme de forte baisse d’impôts qu’il avait instauré après 2016 et qui doit arriver à échéance prochainement. 

186 millions
Le nombre  d’Américains éligibles au vote pour le 5 novembre.

883 mm
Le cumul des précipitations en France en 2024, le niveau le plus élevé depuis 40 ans.

Hermès, une marque prestigieuse aux performances exceptionnelles

C’était la publication la plus attendue de tout le secteur du luxe, après les nombreuses déceptions de tous ses pairs. Hermès International, la maison mère du groupe, a, une fois de plus, dépassé les attentes des investisseurs. La groupe a publié une croissance de son chiffre d’affaires consolidé au troisième trimestre de 11,3% sur un an à taux de change constant.

Certes, on est loin des chiffres de 2023, avec une progression de 15,6% pour la même période. Néanmoins, nous pouvons qualifier cette performance de remarquable, tant elle contraste avec celle de ses rivaux LVMH (-3%) et Kering (-16%).

Une fois de plus, il y a la maison Hermès et les autres. Quel est le secret de cette marque si unique, qui en fait un acteur incontournable et exceptionnel dans le luxe ?

La Chine est l’excuse toute trouvée par tous, pour ne pas remplir ses objectifs. Mais très franchement, les publications ont dévoilé d’autres difficultés et défis que doit résoudre chaque entreprise.

LVMH souffre depuis plusieurs trimestres de sa division Vins & Spiritueux. Celle-ci affiche une médiocre décroissance organique de 7% au troisième trimestre, après -5% et -12% respectivement au 2ème et 1ertrimestre.

Le segment Cognac & Spiritueux est en baisse de 11% sur neuf mois. A cause d’une faible demande aux États-Unis, entraînant un fort déstockage, ainsi qu’à la défiance du consommateur et des distributeurs chinois.

La branche Champagne & Vins est également en baisse de 6% sur neuf mois aux États-Unis, du fait d’une faible demande et des conditions climatiques.

Cependant le mal ne s’arrête pas là, la division Mode & Maroquinerie est en décroissance de 5%. Et ce, après des modestes +2% et +1% les trimestres précédents. La Chine, logée dans la zone Asie hors Japon et qui est en baisse de 16% sur un an, est probablement le principal responsable de cette contreperformance.

Quant à Kering, le dernier de la classe, les problèmes sont probablement plus profonds. Avec un sujet d’identité des marques en forte décroissance organique, y compris chez des maisons prestigieuses comme Gucci (-25%) et Yves Saint-Laurent (-12%). Ce groupe devra résoudre à la fois des problèmes d’image et d’attractivité des produits. Un sujet qui prendra plusieurs mois et probablement plusieurs collections avant de remonter la pente.

Qu’en est-t-il d’Hermès ? Les chiffres sont probants. Ils montrent une croissance dans la quasi-totalité des divisions au 3ème trimestre. Le département Maroquinerie-Sellerie affiche une croissance de +14 %. La division Vêtement & Accessoires est en hausse de +13,5 %. Enfin, la division Soie & Textiles (+4%), Parfum & Beauté (+10,6%) et autres métiers (+13,6%).

Seule l’Horlogerie est en difficulté (-18,2%), mais son poids représente à peine un peu plus de 3% de revenus du groupe. 

On a laissé le blingbling de côté, pour la qualité et l’image d’exception portant sur des produits renouvelés, mais conservant une certaine tradition. 

On pourrait penser qu’Hermès International est moins exposée sur la Chine que ses concurrents. C’est faux, car la zone Asie hors Japon a représenté 45% du chiffre d’affaires sur neuf moins contre 29% chez LVMH, avec une croissance organique de 1% au dernier trimestre contre une baisse de 16% pour le leader mondial.

Un autre facteur-clé est le pricingpower, ou la faculté d’imposer ses prix aux clients. Lors de la conférence téléphonique, le directeur financier Eric du Halgouet a détaillé la politique de hausse des prix de la maison. Ils  ont augmenté globalement de 9% en janvier 2024. Le principe est toujours le même. Les prix reflètent la progression des coûts de production et de la baisse des devises pour couvrir l’effet de change négatif pour les autres zones géographiques. Cela explique la progression d’à peine 6% en France et davantage à l’étranger.

Nous pouvons donc tirer à Hermès International nos carrés de soie en signe de révérence. Nous conservons le titre en cœur de portefeuille, malgré une valorisation élevée, qui est le reflet de ses qualités immenses et prestigieuses. 

+11,3 %
La croissance organique d’Hermès International au 3ème trimestre, vs -16 % chez Kering et -3 % chez LVMH.

33,5 milliards de dollars
Le gain d’Elon Musk le 24 octobre, à la suite de la progression de 21,92% du titre Tesla.

95,24 %
Le taux de remplissage des cuves de gaz en France au 23 octobre, selon Data Gaz.

Profit warning – Baisse des profits des entreprises européennes en 2024

C’est un cauchemar quotidien.

La liste est longue des sociétés européennes révisant à la baisse leurs prévisions pour 2024 : ASML, Nestlé, IPSOS, Rexel, Eramet et Stellantis, entre autres. Dorénavant et selon le consensus des analystes, le bénéfice par action devrait baisser en 2024 pour l’ensemble des entreprises des indices CAC 40, Euro Stoxx 50 et StoxxEurope 600 respectivement de 4%, de 2,8% et de 0,6%. Pourtant, malgré tous ces accidents, dont certains ont été lourdement sanctionnés comme ce fut le cas pour ASML, les bourses font de la résistance et évoluent dans une borne de fluctuations assez étroite depuis trois semaines. 

Pourquoi ?  

La question qui circule actuellement tous les jours dans les salles de marché est : « Quelle société a annoncé un profit warning aujourd’hui ? ».

Encore plus surprenant, l’hémorragie concerne une grande variété de secteurs et pas seulement un segment particulier de la cote. Le luxe, pilier de la bourse de Paris, n’est pas non plus épargné, avec LVMH.

Le champion mondial est même en décroissance organique au troisième trimestre sur un an glissant de 5% dans la mode et maroquinerie, de 7% dans les vins et spiritueux et de 4% dans l’horlogerie et la joaillerie. Une fois de plus, le coupable est tout trouvé : la Chine, avec une baisse de la zone Asie Pacifique hors Japon de 16%, qui s’accélère depuis le début de l’année. Pourtant, le titre LVMH a récupéré à ce jour la quasi-totalité de ses pertes depuis mercredi. En effet, la société n’a pas procédé à une révision de ses perspectives annuelles.  

Néanmoins, la conséquence est sans appel. Les estimations des analystes concernant le bénéfice par action du troisième trimestre de l’entreprise ont été révisées à la baisse de 22% depuis le début de l’année. Dorénavant, les analystes anticipent pour cette année pleine une contraction de 8,2% du bénéfice par action de LVMH. Il faudrait donc un fort rebond des ventes au dernier trimestre pour sauver le mauvais millésime 2024.

L’évolution des marchés surprend toujours, soit positivement ou négativement. Dans ce cas précis, il est logique de se demander pourquoi le titre ne corrige pas davantage.

La raison est double. Premièrement, son cours de bourse a déjà cédé plus de 14% depuis le début de l’année. Sa valorisation est donc en parfait adéquation avec l’évolution négative des profits de l’entreprise. Deuxièmement, être actionnaire c’est acheter les bénéfices futurs et donc les cash-flows à venir sur plusieurs années.

Par conséquent, un investisseur se positionne aujourd’hui pour une durée à moyen et à long terme. Dans notre édito du 4 octobre intitulé « Du rêve à la réalité », nous expliquions que les marchés écrivent un scénario six à neuf mois, au minimum, avant leur réalisation.

La perspective d’un rebond de l’activité est renforcée depuis plusieurs semaines. Aux États-Unis, les dernières ventes au détail publiées pour le mois de septembre ont impressionné. Elles présentent une augmentation mensuelle de 0,7% pour le groupe de contrôle (un échantillon plus précis excluant des éléments très volatils).

La consommation devrait continuer à bien se tenir, grâce notamment à une progression du salaire réel (déduit de l’inflation). De ce fait, l’indicateur actuel du PIB de la Fed d’Atlanta culmine à 3,42%, soit au plus haut depuis le mois de mai.

Le problème se situe donc en Europe et en Chine.

Dans sa conférence de presse du jeudi 17 octobre, la présidente de la BCE a confirmé que la zone euro n’était pas en récession. Mais que certaines données indiquaient un ralentissement. L’institution monétaire a baissé une troisième fois cette année ses taux directeurs, de 0,25%. Le taux de dépôt ressort désormais à 3,25%. Cet assouplissement monétaire, qui se poursuit dans un contexte de désinflation, est un appel d’air pour les marchés, car il ouvre la voie d’une expansion des multiples de valorisation, par effet positif de l’actualisation des flux futurs évoqués précédemment.

Reste l’inconnu de la Chine. Les mesures de soutien ouvrent la voie pour une amélioration de l’activité en 2025, même si leur ampleur est jugée trop timorée pour le moment. Les dernières statistiques indiquent une croissance de 4,6% du PIB au troisième trimestre, toujours en décélération. Néanmoins, l’espoir est permis, car les ventes de détail et la production industrielle en septembre sont ressorties bien supérieures aux attentes et en accélération à 3,2% et  à 5,4%. Ces données accréditent le scénario favorable d’une reprise pour 2025. Les investisseurs sont déjà bien positionnés pour bénéficier de ce potentiel mouvement. Espérons que celui-ci se matérialise.

5 % 
La décroissance organique de LVMH dans la mode et maroquinerie au troisième trimestre.

0,25 % 
La baisse des taux directeurs de la BCE le 17 octobre.

71 mètres 
La longueur du module 1 de la fusée Starship récupéré dans un vol d’essai le 13 octobre .

Batteries à plat en Europe : la Chine laisse l’UE sous tension

L’industrie automobile mondiale est en pleine mutation, et la bataille pour la domination du marché des véhicules électriques fait rage.

Alors que l’Europe peine à suivre le rythme, la Chine s’est imposée comme le leader incontesté, inondant le marché avec des modèles de plus en plus performants et abordables. Face à cette montée en puissance, l’Union européenne tente de reprendre le contrôle en brandissant de nouvelles barrières douanières.

Mais cette lutte commerciale suffira-t-elle à inverser la tendance ?

Depuis des années, Pékin a fait de l’électromobilité une priorité stratégique. Des entreprises comme BYD, Nio, et XPeng dominent le marché chinois. Elles se tournent désormais vers l’international, notamment l’Europe, avec des produits compétitifs.

Cette avance repose sur la maîtrise des batteries, composante essentielle des véhicules électriques. En 2023, plus de 60 % des batteries lithium-ion dans le monde étaient fabriquées en Chine. Ce leadership permet aux constructeurs chinois de proposer des véhicules à prix réduits, tout en restant à la pointe des performances, notamment grâce à l’innovation. Le soutien gouvernemental chinois joue également un rôle clé. Des subventions et incitations fiscales ont permis à la Chine de devenir un leader mondial.

Face à cette concurrence, l’Union européenne a réagi.

Le 4 septembre 2024, la Commission européenne a annoncé des droits de douane allant jusqu’à 20 % sur les véhicules électriques importés de Chine. Ces taxes visent à contrer ce que l’UE considère comme une concurrence déloyale, due aux subventions chinoises. Elles cherchent aussi à protéger les constructeurs européens, qui peinent à rivaliser sur les prix. En effet, les véhicules chinois, souvent plus abordables, séduisent de plus en plus de consommateurs européens.

Cependant cette réponse comporte des risques. La Chine pourrait riposter avec des sanctions commerciales sur les produits européens, créant une escalade des tensions commerciales. De plus, ces taxes risquent d’augmenter le prix des véhicules électriques en Europe, rendant ces véhicules moins accessibles pour les consommateurs.

Pour rester compétitive, l’Europe doit impérativement intensifier ses investissements dans l’innovation et la production locale de batteries. L’initiative de l’Alliance Européenne pour les Batteries va dans cette direction, mais elle reste loin de rivaliser avec les géants asiatiques. 

Les constructeurs européens doivent transformer leurs chaînes de production, centrées depuis plus de 100 ans sur les moteurs thermiques, pour s’adapter aux véhicules électriques. Cette mutation nécessite des investissements massifs, tout en soulevant des enjeux sociaux, notamment en matière de reconversion des emplois. En outre, les constructeurs européens font face à des difficultés d’approvisionnement en matières premières critiques, comme le lithium et le cobalt, dont l’extraction est dominée par la Chine. Cela crée une dépendance qui fragilise l’industrie automobile européenne, qui devra rapidement trouver des alternatives pour sécuriser ses approvisionnements.

Malgré ces obstacles, la concurrence entre l’Europe et la Chine dans le secteur des véhicules électriques ne fait que commencer. Les nouvelles taxes européennes pourraient ralentir la pénétration des véhicules chinois à court terme, mais elles ne suffiront pas à résoudre les problèmes structurels auxquels est confrontée l’industrie automobile européenne. Pour rivaliser à long terme, l’Europe devra renforcer sa compétitivité technologique et industrielle. Il ne s’agit pas simplement de protéger son marché, mais de développer des capacités d’innovation qui lui permettront de se maintenir dans la course mondiale des véhicules électriques.

L’avenir de la mobilité électrique en Europe dépendra donc de sa capacité à innover, à améliorer ses infrastructures et à produire localement des batteries. Si l’Europe parvient à relever ces défis, elle pourra non seulement résister à la concurrence chinoise, mais aussi jouer un rôle clé dans la transition vers une mobilité plus verte et durable. Cependant, la course est lancée, et le temps presse pour que l’Europe rattrape son retard dans cette révolution industrielle majeure.

5 millions
Le nombre de mètres carrés de bureaux vides franchis en Île-de-France.

2,4 %
L’inflation américaine en septembre, sur un an glissant.

Marchés financiers : du rêve à la réalité !

Les marchés anticipent toujours. Ils écrivent un scénario 6 à 9 mois au minimum avant sa réalisation, en fonction des indicateurs actuels et avancés.

Souvenez-vous du 9 novembre 2020, en plein deuxième confinement du Covid en France. Ce jour-là, l’indice CAC 40 avait progressé de 7,57%. Et des titres tels que BNP, Vinci et Accor s’étaient octroyés de 17 à 20% sur les seules données préliminaires du vaccin BioNtech-Pfizer contre le SARS-Cov-2. À l’époque, les investisseurs avaient déjà tourné la page de la pandémie, malgré tous les déboires au quotidien pendant plus d’un an.

Entre temps, il a fallu gérer les pénuries d’approvisionnement. Tout comme les alternances de période de liberté et de restriction, de comportement et de déplacement. Malgré toutes ces contraintes, l’acheteur d’un titre BNP au soir du 9 novembre 2020, après la forte hausse quotidienne de ce jour-là, a réalisé une coquette plus-value de l’ordre de 50% sur 12 mois ! Cette belle performance a été rendue possible grâce à un scénario de reprise, qui s’était réellement concrétisé.

Évidemment, la situation actuelle n’a rien à voir avec celle de fin 2020. Cependant, le point commun est assez simple à trouver. Nous sommes en période de ralentissement économique et de contraction manufacturière aussi bien dans les pays occidentaux qu’en Chine (le deuxième PIB mondial).

Les marchés anticipent déjà le rebond qui ne devrait se matérialiser qu’à partir du début de l’année prochaine. Dans le meilleur des cas. En effet, les économistes prédisent une croissance américaine qui devrait ralentir ces prochains mois (respectivement en rythme annualisé de 2%, 1,4% et 1,6% au 3èmetrimestre 2024, 4ème trimestre 2024 et 1er trimestre 2025). En zone euro, la croissance est déjà atone à 0,30% en séquentiel au troisième trimestre et devrait le rester à ce niveau jusqu’au 1er trimestre 2025. L’Allemagne souffre particulièrement, avec 0,10% de croissance anticipée au 3ème trimestre et une accélération séquentielle modeste de 0,10% au cours des trois prochaines périodes. 

L’environnement actuel n’a donc rien de satisfaisant. Cependant, deux facteurs clés permettent aujourd’hui de prédire en ce moment même, certes sans garantie, une période de ralentissement de croissance dite de soft landing, et non de récession dite de hard landing.

Premièrement, les indicateurs de PIB ne sont pas en contraction. Avec des banques centrales qui ont initié un cycle d’assouplissement monétaire devant se poursuivre à un rythme soutenu.

Ainsi, les projections des membres de la Fed ont surpris positivement avec une baisse totale des taux directeurs de plus de 2% (200 points de base) d’ici fin 2025.

Deuxièmement, le marché du travail, indicateur retardé certes, n’est pas en destruction d’emplois. Il est moins dynamique en matière de créations de postes.

Après la panique de début août sur les chiffres de juillet, les récentes données publiées cette semaine sont même plutôt rassurantes. Ainsi, les offres d’emplois disponibles et non pourvues en août ont grimpé à 8,04 millions. Et les créations selon l’ADP en septembre ont également progressé de 143 000, soit le meilleur chiffre depuis juin.

Au total, l’emploi salarié continue de progresser et le salaire horaire réel (déduit de l’inflation) est repassé en territoire positif.

Avec la baisse de l’inflation, confirmée également en zone euro, particulièrement en France et en Allemagne, la consommation, principal moteur de nos économies, ne devrait pas diminuer prochainement.

Entre l’espoir d’une reprise et sa réalisation, il y a souvent un grand pas. Au quotidien, certains secteurs et entreprises souffrent davantage que les autres. C’est le cas de l’automobile, avec un avertissement de Stellantis sur ses résultats. La société envisage désormais une marge opérationnelle courante entre 5,5% et 7% en 2024, contre plus de 10% auparavant, ainsi qu’une baisse des ventes de 200 000 véhicules en Amérique du Nord.

Après le rebond lié aux mesures chinoises et aux baisses des taux des banques centrales, il est tentant de prendre des profits, d’autant que nous sommes à un mois des élections américaines, traditionnellement une période de faiblesse des marchés. De surcroît, le marché n’envisageait pas une globalisation du conflit au Moyen-Orient, ce qui peut être aujourd’hui présomptueux. De ce fait, nous sommes encore méfiants en amont des résultats du troisième trimestre. Néanmoins, certaines déceptions pourraient constituer des points d’entrée à moyen terme intéressants.

200 000 
La baisse des ventes de Stellantis en Amérique du Nord, prévue au second semestre.

60 milliards d’euros
L’effort annoncé par le gouvernement pour réduire le déficit budgétaire de la France à 5 %.

6,6 milliards de dollars
Le record de levée de fonds d’OpenAI.

Chine – Quand le bâtiment va, tout va !

Ce dicton du 19ème siècle, attribué à un maçon de la Creuse devenu député par la suite, a été parfaitement compris en Chine.

En effet, cette semaine, l’empire du Milieu a annoncé toute une série de mesures. Ces dernières visent à sortir de la crise immobilière, redynamiser la demande intérieure et doper les marchés financiers sinistrés depuis plusieurs mois.  

Certes, cet aphorisme est de moins en moins d’actualité dans le monde occidental depuis la crise immobilière de 2008 aux États-Unis et celle des années 90 en Europe. Mais en Chine, l’activité de construction conserve un poids suffisamment important pour être considérée comme stratégique pour la bonne santé du pays.

La Banque populaire de Chine et le Politburo ont donc agi.

Dans notre édito du 13 septembre intitulé « Quand la Chine se réveillera-t-elle à nouveau ? », nous évoquions le besoin urgent d’adopter des mesures de relance jusqu’alors insuffisantes. Et ce, malgré les moyens colossaux dont dispose la deuxième économie mondiale.

Nous nous attendions toutefois à une action des autorités chinoises après les élections américaines. Une fois le verdict connu sur une potentielle victoire de Donald Trump et de son programme de forte hausse des tarifs douaniers.

Mais Pékin a préféré dégainer tout de suite et c’est tant mieux. Au niveau calendrier, ces annonces de relances budgétaire et monétaire s’accumulent avec les bienfaits d’un nouveau cycle prononcé de baisse des taux directeurs de la Fed américaine.

Les pessimistes et les oiseaux de mauvais augure sont donc pris au dépourvu. Nous sommes entrés – malgré eux – dans un mouvement d’expansion de multiple de valorisation. Ce phénomène de hausse des actifs financiers est assez classique. Il se produit historiquement en amont d’un redémarrage réel de l’activité.

À ce stade, il n’est donc pas surprenant d’observer ce mouvement de progression des bourses, en parfaite déconnexion avec la réalité économique, à condition qu’il soit suivi plusieurs mois après par une amélioration concrète des profits des entreprises. 

Au niveau des annonces, nous avons affaire à toute une série de mesures qui ne sont certes, pas gigantesques. Mais qui cumulées peuvent produire un effet suffisamment bénéfique pour enrayer le déclin de la croissance.

Ainsi du côté de la banque centrale, le taux de réserve de la plupart des banques a été abaissé de 0,50% le 24 septembre. Ceci augmente la capacité de crédit bancaire de 1 000 milliards de yuans (environ 130 milliards d’euros). Soit 7% du PIB.

Le taux de repo à une semaine baisse de 0,20%, à 1,50%. Le taux des crédits immobiliers en cours baisse également de 50 points de base. Ceci diminue la charge d’intérêts pour plus de 50 millions de foyers, de 150 milliards de yuans.

L’apport minimum pour l’acquisition d’une résidence secondaire passe de 25% à 15%. Et les promoteurs ne sont pas oubliés. En effet, l’échéance de leur ligne de crédit spéciale a été prolongée de 2 ans à 2026. De plus, 100% du montant du crédit immobilier sera garanti contre 60% précédemment.

Une facilité à hauteur de 500 milliards sera ouverte en échange (swap) d’obligations diverses et ETF actions contre des obligations gouvernementales. Une autre ligne pour 300 milliards est octroyée pour les banques finançant les entreprises afin d’effectuer des rachats d’actions.

Le 26 septembre, le Politburo a créé la surprise au cours de sa réunion mensuelle, avec l’annonce de deux émissions spéciales supplémentaires de 1 000 milliards de yuans d’obligations gouvernementales. La première est destinée en vue de doper la consommation et la seconde pour aider les provinces très endettées.

Au niveau du bienfait réel sur l’économie, il est encore prématuré de quantifier exactement l’impact de ce gros paquet. Le seul allègement de la charge d’intérêts des ménages représenta à peine 0,30% du revenu disponible. Déduite de l’épargne, la hausse de la consommation pourrait être à peine de 0,10% à 0,20%.

Avec les effets multiplicateurs et cumulé aux autres mesures, cela pourrait avoir un effet un peu plus prononcé et durable. Quoi qu’il en soit, la hausse des liquidités a eu un impact immédiat sur les bourses de Hong Kong et locales. En effet, elles se sont octroyées entre 12% et 16% en une semaine. Par répercussion, les valeurs du secteur du luxe à Paris ont progressé de plus de 9%. Le rallye est sans doute exagéré à court terme, mais avec la plus forte probabilité de reprise de l’activité depuis 2 ans.

4 000 milliards de yuans
Soit plus de 500 milliards d’euros, le montant des mesures annoncées en Chine cette semaine.

9 %
La hausse des titres du luxe en une seule séance, le 26 septembre à Paris.