Pas de stress, point de baisse ! Conférence BCE

La conférence de presse de la BCE est un des évènements les plus redoutés de la part des investisseurs. Et ce, surtout depuis celle du 21 juillet 2022, date du début du cycle actuel de durcissement monétaire.

Mme Lagarde est apparue tout de blanc vêtue, en harmonie avec le statu quo en vigueur sur les taux directeurs.

Depuis le dernier relèvement du 14 septembre dernier (de +0,25 %), le refrain reste le même.

« Le Conseil des gouverneurs est déterminé à assurer le retour de l’inflation à son objectif de 2 % à moyen terme. Les taux directeurs de la BCE se situent à des niveaux qui, [...] contribueront fortement à atteindre cet objectif. Les futures décisions du Conseil des gouverneurs feront en sorte que ses taux directeurs soient fixés à des niveaux suffisamment restrictifs. Aussi longtemps que nécessaire. ».

Ce discours identique avait provoqué, au cours de la dernière quinzaine de l’année 2023, une hausse de l’euro contre le dollar (de 1,08 à 1,11). Il a également provoqué une légère baisse des indices d’actions européennes, qui contrastait fortement avec la hausse des bourses américaines. 

Après la conférence de la BCE d’hier, l’euro a baissé de 0,5 % et le CAC 40 a progressé de 50 points. Nous pouvons donner deux explications à ces réactions opposées aux précédentes. 

Tout d’abord, la BCE et la Fed ont, avant cette réunion, calmé partiellement les trop fortes anticipations de baisse de taux directeurs sur 2024. Fin 2023, les investisseurs anticipaient une baisse de 1,50 % du taux de dépôt de la BCE, initiée avec une forte probabilité en mars, et sûrement en avril.

Dorénavant, le consensus table sur un abaissement de -0,25 % en avril (avec 90 % de probabilité), suivie d’une autre en juin. Ensuite, la communication n’ayant pas été sensiblement modifiée, les opérateurs n’ont pas été surpris. La porte d’un assouplissement monétaire étant toujours ouverte, ce décalage dans le calendrier d’un mois importe peu. Pourvu qu’il ait bien lieu.

Ce raisonnement est valide, tant que l’économie européenne ne bascule pas plus durement en récession. Pour le moment, le scénario d’une faible contraction de l’activité tient toujours la route.

Les derniers PMI de janvier restent médiocres mais ne montrent pas de détérioration. Outre-Atlantique, la situation est bien différente, avec la publication d’une croissance du PIB pour le 4ème trimestre de 3,3 % et avec une progression de la consommation de 2,8 %.

Les indicateurs PMI sont même tous repassés en territoire positif (soit au-dessus de 50). C'est le cas aussi bien pour celui des services (52,9), que celui du manufacturier (50,3 contre 47,9 précédemment). La Fed ne devrait pas assouplir sa politique monétaire de sitôt.

Toutefois, le marché voit le meilleur des deux mondes. Il a retenu une forte détente du déflateur dans le chiffre du PIB américain (1,5 % pour l’indice nominal et 2 % pour celui  de base). La désinflation persistante permettrait aux banques centrales d’être plus tolérantes sur des indicateurs d’activité moins dynamique certes, mais toujours aussi résiliente. 

Cette situation est idéale pour les obligations (en l’absence de perspectives de forte hausse des taux longs). Elle l'est aussi pour les valeurs de croissance, parmi lesquelles les sociétés technologiques et celles du secteur du luxe.

Les premières battent régulièrement des records dopées par la flambée des résultats liée à l’intelligence artificielle. Les secondes sont dopées par une activité globalement en expansion. Les résultats de LVMH, démontrent une activité en accélération en Asie-Pacifique et dans les vins et spiritueux (+4 % de croissance organique contre -14 % au 3ème trimestre).

Tous ces éléments expliquent la bonne tenue des marchés. Cependant, il faut noter avec une forte dichotomie. En témoigne la forte baisse de Tesla, comparée au rebond de Volkswagen. Notons également les records battus de Nvidia, avec le récent repli de STMicroelectonics.

La stratégie de forte sélectivité sur les bons vecteurs est donc toujours celle à privilégier.