« Vous ne me connaissez pas ? Pourtant, ma fortune a dépassé temporairement celle du célébrissime Elon Musk. Je me présente, je m’appelle Larry. J’ai réussi ma vie. Je ne suis peut-être pas le plus beau, mais je suis intelligent car j’ai fondé Oracle en 1977, dont je détiens encore plus de 40%. »
Nouveau record historique pour Oracle
Voici comment nous pourrions synthétiser et caricaturer en quelques lignes le succès de cet individu discret, devenu pendant quelques heures l’homme le plus riche du monde. Ainsi au cours de cette séance folle du 10 septembre, le cours de l’action Oracle était en hausse de plus de 42% pour clôturer sur un gain de 35,95%. Soit une progression quotidienne de plus de 254 milliards de dollars.
C’est un nouveau record historique, qui était détenu précédemment par le titre Nvidia le 23 mai 2024 (217 milliards de dollars). Cela représente une création de richesse de plus de 103 milliards de dollars pour l’actionnaire principal de cette société. Celui-ci trône désormais au 2ème rang de l’indice des milliardaires Bloomberg. Juste derrière Elon Musk et loin devant le 3ème qui n’est autre que Mark Zuckerberg...
Quel est donc ce parcours atypique pour arriver au sommet et quelles sont les raisons de cet engouement pour le titre Oracle ?
Une enfance loin d’être dorée
Le moins que l’on puisse dire est que le jeune Lawrence Spellman, alias Larry, naquît en août 1944 d’une mère célibataire de 19 ans, dans un milieu défavorisé du Bronx de New-York. Après une pneumonie, il est confié à l’âge de 9 ans à une de ses tantes vivant à Chicago et se voit adopté par son oncle Louis Ellison. L’enfant, puis le jeune adulte, fera toute sa scolarité dans cette ville. Il ne fut même pas diplômé de l’université, car il ne se présenta pas à ses examens.
Le salut dans l’informatique, sa nouvelle passion
C’est en Californie, à l’âge de 22 ans, qu’il découvrit l’informatique. Il deviendra programmeur dans plusieurs sociétés, dont Ampex. Avec deux collègues, Bob Miner et Ed Oates, ils fondèrent en 1977 la société Software Development Laboratories (SDL). Qui deviendra plus tard Oracle Corporation. L’aventure a donc commencé !
La base de données, le maillon essentiel de tous les systèmes informatiques
Oracle est aujourd‘hui l’un des piliers de l’informatique mondiale. Ses technologies se trouvent derrière une multitude d’activités quotidiennes : de la gestion des comptes bancaires aux dossiers médicaux, en passant par les réservations aériennes.
Son cœur de métier, ce sont les bases de données. Imaginez un immense classeur numérique capable de stocker et d’organiser des milliards d’informations. C’est ce qu’Oracle vend depuis ses débuts.
Grâce à ce savoir-faire, l’entreprise est devenue un fournisseur incontournable pour les banques, les assureurs ou les administrations. Mais la société, désormais basée à Austin au Texas, ne s’est pas arrêtée là.
L'essor du cloud
Avec l’essor du cloud, Oracle s’est positionné face aux géants comme Amazon (AWS) ou Microsoft (Azure). Concrètement, au lieu d’acheter et d’entretenir des salles entières de serveurs, les entreprises peuvent désormais acquérir cette puissance informatique à distance. Comme nous possédons un abonnement d’électricité. Cette formule séduit de plus en plus : elle permet de s’adapter rapidement aux besoins, de réduire les coûts fixes et de profiter d’une technologie toujours à jour. Oracle mise gros sur cette transformation, en développant ses propres centres de données à travers le monde et en enrichissant son offre de services.
L’idée est simple : convaincre ses clients historiques, déjà utilisateurs des bases de données Oracle, de basculer sur son cloud plutôt que ceux d’Amazon ou Microsoft.
Une gamme complète de services proposés aux clients
Oracle ne s’est pas contenté de gérer des bases de données. Au fil du temps, grâce à une série d’acquisitions stratégiques, l’entreprise a bâti un véritable empire de logiciels. Ils sont capables de faire tourner une entreprise de A à Z, allant de la gestion des finances au suivi des ressources humaines et jusqu’à la relation client. Par exemple, PeopleSoft a apporté son expertise dans la gestion des ressources humaines, Siebel dans la relation client, Sun Microsystems a offert Java, le langage utilisé par des millions de développeurs, et plus récemment Cerner a ouvert les portes du monde de la santé, avec la gestion numérique des dossiers médicaux.
Chaque pièce ajoutée a permis à Oracle d’élargir son univers, passant d’un simple fournisseur de bases de données à un acteur incontournable de la transformation numérique des entreprises.
Après le cloud, l’intelligence artificielle
Les revenus de 14,9 milliards de dollars du 1er trimestre sont en hausse de 12% sur un an. Les investisseurs ont plutôt été impressionnés par le niveau du carnet de commandes. Ce dernier est en hausse de 359% à 455 milliards de dollars. La société a signé quatre contrats de plusieurs milliards de dollars et les revenus des bases de données pour Amazon, Google et Microsoft sont en croissance de 1529%. L’entreprise s’attend à une croissance de 77% cette année dans les infrastructures pour le cloud à 18 milliards de dollars et prévoit 144 milliards en 2030. Oracle AI Database sera le service cloud en architecture ouverte au grand modèle de langage (Mistral AI, ChatGPT, Deepseek), faisant d’Oracle une société d’hyper-croissance.
Les chiffres de la semaine
- 254 milliards de dollars. La hausse de la capitalisation boursière d’Oracle le 10 septembre, nouveau record historique.
- 103 milliards de dollars. Le gain boursier de Larry Ellison, actionnaire principal d’Oracle le 10 septembre.
- 359 %. La progression sur un an du carnet de commandes d’Oracle.