La désinflation américaine prolonge le rallye

C’était sans aucun doute le chiffre le plus attendu du mois. Les investisseurs ont retenu leur souffle ce mardi 14 novembre, avant la diffusion de l’inflation américaine d’octobre.

Les opérateurs de marché avaient besoin d'un indicateur censé renforcer leur scénario de fin du durcissement monétaire en cours. Et ce, après les pauses de la BCE et de la Fed observées lors de leurs dernières réunions et la faiblesse des derniers chiffres de l’emploi aux États-Unis.

Cette perspective paraissait encore audacieuse, voire prématurée auparavant. Car elle allait à l’encontre des discours récents et toujours musclés des banquiers centraux. Les faits leur ont donné raison d’espérer : la hausse des prix en octobre, sur un mois, a été de 0 % pour l’indice nominal et de 0,2 % pour celui de base (hors énergie et alimentation).

Sur un an, l’inflation continue de ralentir respectivement à 3,2 % et à 4 % pour ces deux indices. Par conséquent, cette poursuite du mouvement de désinflation fait baisser la pression. Et elle permet aux institutions monétaires d’être plutôt dans l’expectative prolongée, que dans l’action agressive et restrictive tant redoutée. 

Les conséquences ont été immédiates. Une baisse respective, ce 14 novembre, de 0,19 % et de 0,13 % (soit 19 et 13 points de base) des rendements des dettes souveraines américaines et françaises. Par ricochet, les indices actions ont également salué la bonne nouvelle. Ils ont progressé de 1,39 % pour l’indice CAC 40 et de 1,91 % pour l’indice S&P 500. L'indice NASDAQ 100 quant à lui affiche une hausse de 2,13 %.

Sur le marché des changes, la hausse de l’euro contre le dollar a été également violente. En effet, la monnaie unique s’est octroyée 1,65 % en une seule séance.

Parmi les titres du CAC 40, les valeurs très endettées ont été les grandes gagnantes de la journée. C'est le cas d'Unibail-Rodamco-Westfield (+7,24 %) dans l’immobilier et Alstom (+5,63 %). Les valeurs du luxe, comme Kering (+3,64 %), Hermès (+2,82 %), LVMH (+2,67 %), et les technologiques telles que STMicroelectronics (+3,81 %) se sont également très bien comportées.

Le rebond initié le 27 octobre était à l’origine technique. Il était provoqué par une vague de rachats des vendeurs à découvert, au moment même où les investisseurs avaient sensiblement réduit le risque dans leur portefeuille actions et obligataire.

Avec le chiffre modéré de l‘inflation de mardi dernier, le rallye haussier rentre dans une seconde phase.

Dans le cas où le cycle de durcissement monétaire serait achevé, il convient d’augmenter la duration dans les portefeuilles obligataires afin de sécuriser le rendement futur pour une période plus longue, dans l’éventualité où la Fed viendrait à baisser ses taux directeurs.

Une fois encore, ce phénomène est brutal car les financiers adoptent tous la même stratégie simultanément. Sur les marchés actions, on se rue sur les valeurs de croissance, particulièrement les technologiques. En effet, ce sont celles qui offrent de meilleures perspectives, dans une phase de ralentissement économique. Les titres de sociétés endettées, délaissées depuis 18 mois, pourront également mieux se refinancer à terme et ainsi réduire le montant des intérêts de leurs emprunts. 

Cependant, la baisse des taux longs est sans doute trop rapide aux yeux des banquiers centraux, car il correspond à un assouplissement prononcé des conditions financières, censés être restrictives.

Le rendement à 10 ans a atteint 4,44 % aux États-Unis le 16 novembre, contre un plus haut récent en séance de 5,01 % le 23 octobre, soit une amélioration de 0,57 % en trois semaines. Désormais, ce taux d’emprunt à long terme se situe à un niveau de 1,07 % en dessous de celui des taux directeurs à court terme de 5,5 %.

Par conséquent, ce rallye se prolongera tant que la Fed et la BCE s’abstiendront de faire comprendre une nouvelle fois, qu’aucune baisse des taux n’est envisageable, selon elles, avant une longue période, et pas avant le second semestre 2024.