Taux directeurs US – Un recalibrage réussi

Jerome Powell est un véritable funambule. Il vient de réussir un numéro d’équilibriste hautement périlleux sur un fil tendu au niveau du fameux point pivot. Ce signe est matérialisé visuellement sur un graphique au moment où la Réserve fédérale américaine initie un nouveau cycle d’assouplissement monétaire, en abaissant ses taux directeurs. Cet évènement était très attendu, car maintes fois reporté et ce depuis trop longtemps. En effet, les premières anticipations du marché au sujet d’un changement radical de politique monétaire remontent à l’été 2022, sur un calendrier initial de mars 2023.

Il aura donc fallu attendre 18 mois, pour que la FED soit pleinement convaincue d’avoir gagné sa bataille contre l’inflation, afin de se concentrer désormais sur l’emploi. Le spectacle a été réussi et salué par un beau rallye le lendemain de la prestation.

Ce rebond est-il durable et quels actifs financiers devraient en bénéficier ?

La fête n’était pas facile à organiser, avec de surcroît une faible probabilité de succès. Car elle se passe historiquement à un moment où les invités sont fébriles et inquiets. Ce changement de cible dans le double mandat de la FED est traditionnellement synonyme de doute et de faiblesse des actifs financiers.

Le spectre de la récession hantant les salles de marchés, baisser de 25 points de base peut être perçu comme insuffisant pour contrer une future chute de l’activité. De même que réduire trop brutalement le loyer de l’argent peut être mal interprété. En effet, cela peut être synonyme d’un geste désespéré survenant trop tard pour empêcher le scénario du pire.

Malgré tout cela, c’est la deuxième option qui a été choisie par la banque centrale. Avec une baisse de 50 points de base de l’objectif maximal des FED Funds, fixé à 5%. Pour éviter un mouvement de ventes généralisé, il a fallu, une fois de plus, utiliser l’arme de la rhétorique et du phrasé.

Sur ce point, la communication a été parfaite. Il est bien loin le temps où Jerome Powell lisait, comme au début de son mandat de Président, un discours sur des pages papiers qu’il tournait l’une après l’autre après avoir trempé son index dans sa bouche.

Les points importants, qui ont rassuré la communauté financière sont :

– Il s’agit d’un recalibrage d’une politique monétaire devenue restrictive depuis plus d’un an. Et ce, grâce à l’amélioration de l’inflation et la récente évolution du marché du travail. L’économie reste forte et les tensions sur le marché du travail ont disparu.

– Cette décision intervient au bon moment et non en retard par rapport à la réalité économique. Il s’agit d’initier un processus d’ajustement vers plus de neutralité monétaire. Et ce, dans un contexte où l’inflation, depuis juillet 2023, est passée de 4,20% a légèrement au-dessus de 2%. Et un taux de chômage, toujours bas, mais qui est cependant remonté à 4,2% contre 3,50%. 

L’autre surprise provient des projections des membres de la FED, alias les fameux « dots » en anglais. Ceux-ci sont sensiblement plus bas qu’en juin dernier. Ainsi, les taux directeurs pourraient revenir à 4,40% fin 2024, 3,40% fin 2025 et 2,90% fin 2026.

Ce nouveau cycle d’assouplissement monétaire devrait être sensible. Ce qui soutiendra l’économie, toujours en croissance de l’ordre de 2%, un taux de chômage stabilisé à 4,40% et une inflation qui refluerait à 2,1% en 2025 et à 2% en 2026. 

Si ce scénario d’inflation contenue avec une croissance plus faible, mais toujours solide, se matérialise, la plupart des actifs devraient voir leur prix progresser par effet d’actualisation. Aussi bien les actions, les obligations, l’immobilier, l’or et les cryptomonnaies.

Les spreads de crédit obligataire devraient également se réduire, ce qui favoriserait davantage les obligations d’entreprises face aux souveraines.

Parmi les actions, on retrouve les valeurs de croissance, ainsi que les valeurs endettées, notamment de télécommunications et des services publics. Les investisseurs avaient largement favorisé les valeurs défensives dans leur portefeuille. À court terme, les valeurs cycliques, notamment les financières et les sociétés de petites et de moyennes capitalisation, devraient rebondir plus sensiblement. Ce rallye durera aussi longtemps que ce scénario économique sera crédible, ce qui dépendra des données publiées ces prochaines semaines. 

0,50 %
soit 50 points de base, la baisse des taux directeurs de la FED ce 18 septembre

95 000
Le nombre de centenaires au Japon contre 30 000 en France

Quand la Chine se réveillera-t-elle à nouveau ?

L’Empire du milieu n’a plus la cote. Pire encore, c’est actuellement le cauchemar des investisseurs et des entrepreneurs.

L’indice CSI 300 de la bourse chinoise vient de franchir ses plus bas annuels pour clôturer à un niveau jamais vu depuis 2019.

De nombreuses sociétés cotées européennes sont contraintes de réduire sensiblement leurs perspectives annuelles, à cause de leur activité en Chine. A l’instar de BMW cette semaine. La croissance du PIB est régulièrement révisée à la baisse par les économistes pour se situer désormais à 4,8% en 2024 et à 4,50% en 2025.

La crainte d’une nouvelle guerre commerciale, en cas de victoire de Donald Trump, pourrait se traduire par un impact négatif. Selon Barclays, il serait équivalent à 2% du PIB au cours des 12 mois après l’implémentation de la hausse des droits de douane. Les mesures de relance des autorités sont jugées insuffisantes à court terme pour relancer une consommation domestique atone. La liste est longue et les arguments ne manquent pas pour ne pas être actuellement investis dans cette zone. 

Pourtant, un redémarrage de la deuxième économie mondiale est tout à fait envisageable, mais quand ? 

Plusieurs entreprises étrangères cotées fortement implantées dans cette zone déçoivent les investisseurs. LVMH a annoncé en juillet un chiffre d’affaires au deuxième trimestre en Asie hors Japon en contraction de 14% sur un an glissant. Essentiellement lié à la Chine. Au niveau national, les ventes de joailleries étaient en baisse de 10,4% en juillet en glissement annuel.

BMW a annoncé, cette semaine, un avertissement sur ses résultats pour 2024. Avec une baisse de sa marge opérationnelle et une baisse des livraisons de véhicules à cause d’une faible demande chinoise. La société, qui réalise 40% de son chiffre d’affaires en Chine a préféré ne pas donner plus de précisions à ce stade. Mais elle envisage un second semestre compliqué. 

Les difficultés au quotidien des entrepreneurs sont la résultante de statistiques économiques médiocres au niveau national. Dans le cas de BMW, les ventes de véhicules neufs dans le pays ont baissé de 5,1% en juillet. De facto, le constructeur allemand s’en sort mieux que ses pairs.

Le consommateur Chinois est déprimé, comme le montre l’indice de confiance des consommateurs de juillet à 86, qui reste proche des plus bas de novembre 2022 et n’arrive pas à se redresser. Celui-ci s’établissait à 121,5 en janvier 2022. Les ventes de détail sur une moyenne de 3 mois glissants ont toujours été en baisse depuis le 4ème trimestre 2024. Dans un autre domaine, le secteur immobilier reste en contraction et n’arrive toujours pas à sortir de la bulle immobilière. La construction de maison s’est encore contractée de 31,1% sur un an glissant en juillet.

La Chine est l’atelier du monde. Ses échanges commerciaux sont considérables car ses exportations et ses importations représentent respectivement 19% et 14% du PIB. Une forte hausse des droits de douane dans le programme de Donald Trump serait extrêmement dommageable. L’administration Biden a tout de même voté une augmentation des tarifs douaniers de 100% sur les véhicules électriques et de 50% sur les panneaux solaires. Même si les démocrates ne rentreront pas dans une guerre commerciale frontale, des mesures pour sanctionner des pratiques de dumping sont toujours envisageables.

La Banque populaire de Chine a procédé à plusieurs baisses de taux depuis 2023, mais de seulement 0,10% à chaque fois. Avec une inflation désormais à 0,60% en août sur un an glissant, la banque centrale pourrait être plus incisive. Le déficit fiscal est modéré (3% prévu en 2024) et la dette de l’État sur PIB reste contenue. Le gouvernement dispose ainsi de tous les moyens pour relancer fortement son économie s’il le souhaitait.

Il est intéressant de noter que celui-ci vient de décider du relèvement de l’âge de départ à la retraite pour faire face à une population vieillissante qui devrait baisser à partir de 2030. Historiquement, l’indice PMI manufacturier global se redresse 6 à 9 mois après la première baisse des taux de la FED. Les marchés anticipant un rebond économique 5 à 6 mois avant que celui-ci se matérialise, un investissement pour la fin de l’année ou début 2025 peut être envisageable. En attendant, nous préférons investir dans les autres pays émergents.

3 172,47 
L’indice chinois CSI 300 au 12 septembre, au plus bas de l’année.

10% 
La baisse minimum du tarif régulé d’EDF en février 2025, selon la CRE (Commission de régulation de l’Énergie).

Les marchés redoutent une nouvelle récession

C’est la rentrée et le mot qui circule actuellement le plus dans les salles de marché n’est pas « vacances » mais « récession ». En ces temps de ralentissement économique, les investisseurs voient le verre à moitié plein. Ils redeviennent, comme en 2023, allergiques à tous les signes de faiblesse d’activité. 

Il faut dire que la saisonnalité est souvent défavorable sur les actions en septembre. La performance moyenne mensuelle de l’indice S&P 500 a été tout le temps négative depuis 2020. Et elle a été en moyenne négative de 0,98% depuis 1979. Ainsi, on peut observer depuis les 44 dernières années, 24 performances mensuelles négatives avec une moyenne de -4,32% contre 20 performances mensuelles positives avec une moyenne de +2,98%. De surcroît, après un mois d’août particulièrement volatil avec un mini krach à la bourse de Tokyo, suivi par un fort rebond des marchés permettant à plusieurs indices actions de tutoyer leur précédent record, il est bon de prendre quelques bénéfices, sans toutefois céder à la panique. Tout recul jugé excessif de titres de qualité devrait constituer, selon nous, une opportunité d’investissement.

La sélectivité et le biais défensif après un fort rebond apparaît comme une stratégie de bon sens. Malgré un environnement global en croissance, certains signaux ont viré au rouge et ne peuvent pas être ignorés, même par les plus optimistes.

L’emploi américain est le sujet de préoccupation première. La hausse du chômage de juillet à 4,3% avait particulièrement inquiété la communauté financière. Pourtant, il convient de tenir compte des aléas climatiques, fortement impactés par l’ouragan Béryl.

Les données d’août devront donc démontrer s’il s’agit d’une nouvelle tendance de fond ou si c’était un accident. Néanmoins, nous sommes moins optimistes sur ce point depuis que le nombre d’emplois offerts aux États-Unis a chuté en juillet à 7,67 millions. Soit le niveau le plus bas depuis janvier 2021.

Le fameux ratio d’emplois offerts pour chaque chômeur est de facto revenu à 1,1 contre 2 au printemps 2022, au plus fort des tensions sur le marché du travail. L’indice ADP de variation d’emplois en entreprises pour le mois d’août a été positif de seulement 99 000, également au plus bas depuis janvier 2021. Néanmoins, nous ne sommes toujours pas en contraction. Le nombre d’employés dans la population active se maintient à plus de 161 millions. Bien au-delà des 159 millions d’avant la pandémie.

De plus, les nouvelles demandes d’allocations chômage restent très faibles. Elles se situent à 227 000 au 31 août, bien inférieur à la moyenne d’avant le Covid. La première conclusion est que les tensions sur le marché du travail ont disparu, car les entreprises embauchent beaucoup moins, mais ne licencient toujours pas massivement. La thèse du ralentissement économique tient donc toujours.

Néanmoins, ces faibles chiffres confortent la Fed d’initier un cycle d’assouplissement monétaire le 18 septembre. Et ce, surtout depuis que Jerome Powell a déclaré à Jackson Hole que l’institution monétaire n’accueillait plus favorablement toute faiblesse supplémentaire du marché du travail.

Les conséquences de ces futures baisses de taux sur la valorisation des actifs financiers sont positives, avec une augmentation des multiples. Contrairement à ce que l’on pense, la période de un à deux mois avant et après la première baisse des taux de la Fed est historiquement défavorable pour les marchés actions. En effet, les investisseurs redoutent le pire. Cette faiblesse est vite corrigée en cas de résilience économique, comme démontrée dans notre édito de la semaine dernière, avec les statistiques historiques des performances de l’indice S&P 500 lors des huit derniers cycles d’assouplissement monétaire.

Malheureusement à ce jour, le débat n’est pas encore tranché. Cela explique les craintes excessives du marché à la moindre faiblesse, comme un indice PMI manufacturier légèrement révisé en baisse en août à 47,9 contre 48 précédemment. Et un ISM manufacturier d’août en hausse sur le mois précédent à 47,2 contre 46,8, mais inférieur aux attentes à 47,5.

Cette angoisse n’a pas disparu, malgré des indicateurs PMI et ISM des services en hausse et supérieurs au consensus. Rien n’est perdu et restons pragmatiques dans nos investissements, mais sélectifs et défensifs.

99 000 
Les créations d’emplois en entreprises aux États-Unis en août selon l’ADP (averagedaily production), au plus bas depuis janvier 2021.

7,67 millions 
Le nombre d’emplois offerts et non pourvus en juillet aux USA, au plus bas depuis janvier 2021.

94,3 % 
Le pourcentage de nouvelles immatriculations en voitures électriques en Norvège en août. Nouveau record mondial.

Un nouveau cycle de la Fed et la fin de celui de Nvidia ?

« Le temps est venu d’ajuster la politique monétaire. La direction du voyage est claire, mais le calendrier et le rythme des baisses dépendront des données économiques et de l’évolution de la situation et de la balance des risques ».

Ces propos de Jerome Powell prononcés à la conférence de Jackson Hole ont été reçus 5 sur 5 par les investisseurs. La Fed va enfin mettre fin, le 18 septembre, au plus dur cycle de durcissement monétaire depuis quatre décennies.

« Ma confiance s’est accrue sur le fait que l’inflation est sur une tendance durable d’un retour à 2% ». L’attention de la banque centrale américaine n’est plus focalisée sur l’inflation. Désormais, elle se porte sur le deuxième objectif de son double mandat, à savoir maximiser durablement l’emploi.

Quelles sont les conséquences de ce changement de paradigme pour les actifs financiers et pour les portefeuilles ? Et ce, alors que les résultats de Nvidia sont excellents mais insuffisants pour provoquer une nouvelle ruée vers les valeurs de l’intelligence artificielle ?

Que dit l’histoire ? Depuis 1980, il est possible d’identifier huit cycles majeurs de baisse de taux de la Fed de plus de 1%.

Les cinq cycles initiés avant l’an 2000 se sont traduits par des performances positives du marché actions (indice S&P 500 hors dividendes) douze mois après la date de la première baisse de taux : +33,66% (douze mois après le 01/04/1980), +34,48% (01/04/1982), +12,70% (02/10/1984), +13,85% (05/06/1989) et +18,67% (06/07/1995).

Après l’an 2000, le bilan des trois cycles de baisses est beaucoup plus mitigé. On recense deux performances négatives pour une seule positive, avec des chocs économiques :  -13,53% (03/01/2001), -23,91% (18/09/2007) et +8,92% (31/07/2019). 

Actuellement, comme dans les années 1980, nous sommes en période de désinflation et de ralentissement économique. Nous pouvons donc pencher pour la thèse d’un impact favorable de l’assouplissement monétaire sur les actifs financiers, dont les valeurs de croissance et les défensives (santé y compris). La clé sera donc de ne pas basculer vers un cercle vicieux de faiblesse économique et de baisse des profits des entreprises. C’est pourquoi, le marché sera plus sensible, selon nous, aux données économiques, qu’aux nouvelles liées aux politiques monétaires.

Les résultats de Nvidia étaient la publication la plus attendue de ce deuxième trimestre. Certains médias ont même qualifié cet évènement comme étant le plus important de l’année. Il est vrai qu’une frénésie vers les valeurs technologiques, plus précisément vers celles spécialisées dans l’intelligence artificielle, s’était produite après le 22 mai. A la suite des excellents chiffres du trimestre précédent.

Les flux colossaux enregistrés vers les fonds spécialisés dans ce type de valeurs (l’équivalent de 6% de leurs encours totaux), avaient provoqué une hausse de plus 40% du titre Nividia et de 12,8% du NASDAQ 100 jusqu’au 18 juin.

Malgré une hausse de 122% des revenus de la société et de 168% du bénéfice par action sur un an, le titre a clôturé en baisse de 6,38% le lendemain de la publication.

On peut identifier plusieurs raisons à cette déception. La première est d’une évidence absolue : tous les investisseurs autorisés à posséder des actions détiennent massivement Nvidia en portefeuille. En effet, sa capitalisation boursière avait dépassé le seuil des 3 000 milliards de dollars en juin !

La deuxième est liée au phénomène de taille. En effet, le chiffre d’affaires trimestriel a été multiplié par 5 en 18 mois, passant ainsi de 6 à 30 milliards d’euros. La croissance ralentit mécaniquement et se normalise à un niveau qui reste important. La troisième est la valorisation élevée de plus de 41 fois les résultats anticipés de l’année en cours. Ceci n’autorise aucun grain de sable dans la machine, comme une baisse des marges.

Rassurons-nous ! La société prévoit une augmentation séquentielle prudente de plus de 8% de son chiffre d’affaires au prochain trimestre. Les analystes s’attendent à une progression de plus de 40% pour celui de l’année prochaine et de 20% par an pour les années suivantes. Le titre est toujours en progression de 137% depuis le début de l’année et de 705% depuis fin 2022 !

Ses performances futures seront plus réduites et conformes à la croissance des bénéfices. La nouvelle unité de traitement graphique (GPU) Blackwell, qui devrait être lancée avant la fin de l’année sera, selon la société, un beau succès commercial.

168 %
La croissance du bénéfice par action sur un an glissant de Nvidia au 2ème trimestre.

1 009 milliards de dollars 
La capitalisation boursière de Berkshire Hathaway, seule société américaine en dehors de la technologie, ayant atteint ce niveau, la veille des 94 ans de son principal actionnaire Warren Buffet.

Bourse Tokyo : gros Yo-Yo du Kabuto-Cho      

C’était un véritable lundi noir à la bourse de Tokyo ! Les indices Topix et Nikkei ont enregistré une perte à la clôture de plus de 12% par rapport à vendredi soir. Ce 5 août restera dans les annales, comme la deuxième pire séance de la bourse de Tokyo. Fort heureusement, les pertes de ce mini-krach ont été fortement réduites le lendemain et le surlendemain . Avec un rebond cumulatif en deux jours de plus de 11%. 

L’indice VIX représente la volatilité implicite en temps réel sur les options négociées sur le CBOE de Chicago sur le sous-jacent de l’indice S&P500.

Celui-ci a flambé ce lundi 5 août. Il a affiché un plus haut à 65 une heure avant l’ouverture du marché américain pour clôturer la journée à 38. Contre 20 en début d’après-midi le vendredi précédent. Ce pic constitue la troisième plus forte tension jamais enregistrée après celle survenue au cours de la pandémie de mars 2020 (85) et durant la crise financière de 2008 (89). Cet excès de peur s’est traduit par une baisse en séance de 6,5% pour le future Nasdaq 100 et de plus de 15% pour le titre Nvidia, avant de limiter la casse à la fin de la journée à respectivement plus de 3% et moins de 6%.

C’est une accumulation de plusieurs facteurs au même moment qui ont provoqué ce mini-krach aussi brutal qu’inattendu. Tout d’abord, il convient de planter le décor. Avant cet évènement, investir sur la bourse de Tokyo était une des stratégies d’investissement favorites des opérateurs, avec celle des 7 magnifiques aux États-Unis dont Nvidia. Ainsi, l’indice Nikkei a battu ses précédents records datant de fin 1989 et accumulait une performance dividendes réinvestis de plus 66% en devise locale entre fin 2022 au 11 juillet dernier. Soit bien au-dessus de celle de l’indice S&P500 américain (+50% en dollar) et des indices européens Euro Stoxx 50 (+40%) et CAC40 (+25%). 

Ensuite, le financement à court-terme est actuellement quasi gratuit en yen à 0,25%, comparé au coût de 5,50% en dollar et à celui de 3,75% en euro. Cet écart important s’explique par le plus fort durcissement monétaire depuis 40 ans adopté par la FED et par la BCE depuis la création de l’euro. Tandis que ces deux institutions relevaient massivement leurs taux directeurs en 2022 et 2023, la Banque du Japon était restée inactive. Trop contente de voir enfin de l’inflation, après avoir lutté en vain pendant plusieurs décennies contre le mal de la déflation. Les conséquences ont été immédiates et perverses.

Le yen est devenu la devise de financement favorite. En effet, elle est peu chère avec des taux quasi nuls, voire négatifs en réel si l’on déduit l’inflation japonaise. Une des opérations favorites était celle dite de portage ou de carry trade. Celle-ci consiste à emprunter en yen et à placer la somme équivalente en dollar après une opération de change (de vente de yens contre un achat de dollars). Ceci permet d’empocher sur la durée l’écart de rémunération entre les deux devises. Dans une note récente, J.P.Morgan estimait à 4 000 milliards de dollars, les montants consacrés à de telles opérations. Un chiffre colossal !

Cette pratique a été tellement adoptée que sa conséquence a été la forte baisse de la devise nippone qui s’était dépréciée de 14% contre le dollar depuis le début de l’année. Les opérateurs gagnaient sur les deux tableaux, c’est-à-dire sur le portage et sur le gain de change, car ils étaient emprunteurs d’une devise qui se dépréciait.

À la surprise générale, la BoJ a augmenté ses taux directeurs à 0,25% le 31 juillet. Dans son compte-rendu de sa réunion, il est stipulé que l’objectif des gouverneurs est de durcir davantage la politique monétaire. La possibilité de voir les taux à 1% d’ici la mi-2025, avec de surcroît une diminution de la taille du bilan de la banque centrale est non négligeable.

Le même jour Jerome Powell affirmait que le sentiment général du comité était que l’économie arrivait à un point où il était approprié de baisser les taux directeurs. Cette phrase à immédiatement provoqué une baisse anticipée des taux directeurs de 0,75% d’ici fin 2024. Cette double perspective entre une BoJ qui va augmenter ses taux directeurs et une FED qui va les baisser, a provoqué un renchérissement du yen contre le dollar. Et a créé une menace sur les opérations de portage décrites précédemment, entrainant un début de débouclement brutale de ces positions. 

Les dernières données économiques outre-Atlantique pointaient vers un ralentissement de l’activité. L’indice ISM manufacturier de juillet publié le 1er août a confirmé cette tendance, avec une baisse supérieure aux attentes à 46,8 contre 48,5 le mois précédent.

L’indice des nouvelles commandes s’est également nettement dégradé à 47,4 contre 49,3 en juin. Les données de l’emploi américain ont ravivé les craintes d’une récession, avec un taux de chômage à 4,3% en juillet contre 4,1% en juin. Les investisseurs ressortent avec stupéfaction la règle de l’économiste Claudia Sahm. Cette dernière prédit une récession quand le taux du chômage augmente de 0,50% lors des 3 derniers mois.

C’est effectivement le cas depuis mars dernier où la donnée était à 3,8%. La conséquence a été immédiate. Les anticipations voient une baisse des taux de la FED de 1,39% d’ici janvier 2025. Et une ruée vers les actifs les plus sûrs (emprunts d’État), au détriment des actions, notamment les plus cycliques. Néanmoins, nous estimons que les données de l’emplois de juillet sont faussées par une augmentation importante de la population active et un nombre élevé de personnes (plus de 400 000) ne pouvant pas exercer à cause des conditions météorologiques, notamment de l’ouragan Béryl. 

L’ensemble des signaux évoqués, à savoir une probabilité de récession plus prononcée, une hausse des indices de volatilité, une remontée du yen et à terme, une réduction de l’écart des taux de rémunération entre devises, ont provoqué une forte réduction du risque dans les portefeuilles. Cela s’est traduit pour les fonds spéculatifs par une forte baisse du levier. En clair, par des ventes massives du dollar au profit du yen.

Egalement des ventes d’actions où les expositions sont les plus importantes, à savoir les actions japonaises et technologiques et des achats d’emprunts d’État. Certaines banques évoquent une cession cumulée de plus de 60 milliards de dollars de ces acteurs, qui devrait s’achever cette semaine. L’importance de ces flux, dans une période de l’année où la liquidité est traditionnellement réduite, explique le fort décrochage des indices concernés par ces mouvements. La baisse de plus de 10% des valeurs liquidatives des fonds CTA depuis début juillet indique clairement qu’ils étaient les plus vulnérables et sont donc les plus concernés par ces cessions.  

Si la volatilité est l’ennemi du spéculateur, les cours bradés sont les amis de l’investisseur à long terme. Plus les variations sont élevées, plus les risques sont importants dans les livres des spéculateurs à court-terme. Cela se traduit par des pertes latentes plus importantes et des décisions malheureuses de vendre au plus bas pour couper ses positions. En revanche, des cours bradés constituent une excellente affaire pour l’investisseur à long terme, afin de construire son portefeuille à moindre coûts. La chute des bourses de lundi dernier a été l’opportunité d’acheter des titres à des prix inespérés.

Selon nous, la volatilité devrait se prolonger durant au moins tout le mois d’août, ce qui devrait étendre la période de bonnes affaires, notamment sur les valeurs de croissance. D’un autre côté, les séances de fort rebond, seront les occasions d’alléger les titres les plus fragiles ou plus vulnérables dans un cycle de ralentissement économique. Maintenir une poche importante de liquidités et être sélectif et agile nous semble être une stratégie adaptée pour la suite de l’été.

Résultats T2 2024 : peu de médailles pour les sociétés cotées !

Nous sommes aux deux tiers de cette saison de publication des résultats du 2ème trimestre. Malheureusement l’ambiance actuelle est loin de l’euphorie des Jeux Olympiques, où nos sportifs accumulent les médailles.

Comme toujours, il y a les faits et le ressenti ou plutôt l’objectif et le subjectif. Sur le plan statistique, les données sont globalement satisfaisantes, mais avec beaucoup de dichotomie entre les zones géographiques, les secteurs et les valeurs. Du côté positif, retenons que la croissance des bénéfices par action sur un an glissant redevient positive en Europe (+1,7% pour les entreprises de l’indice STOXX Europe 600), ce qui constitue un point d’inflexion depuis le 1er trimestre 2024. 

Cela sera-t-il suffisant pour soutenir les marchés en août, un mois historiquement très volatil ?

Les États-Unis surperforment, une fois de plus, les autres zones géographiques. Ainsi, la croissance des ventes des entreprises américaines sur un an glissant ressort à 5,2% contre 0,5% pour celles du Vieux Continent.

Celle des bénéfices par action reste impressionnante à 12,4% contre 1,7% en Europe. Cependant, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. En effet la progression des bénéfices par action des secteurs défensifs est supérieure à celle des secteurs cycliques. Et ce, des deux côtés de l’Atlantique (18% contre 5% aux États-Unis et +7% contre -7% en Europe).

Ce fort écart explique le mouvement de rotation sectorielle observé depuis plusieurs séances, en faveur d’entreprises moins sensibles à l’activité économique. Ce qui est notamment le cas des entreprises du secteur de la santé.

Si on pousse l’observation plus loin, la zone euro est à la traîne. Et ce, même en comparaison avec le continent européen. En effet, la zone euro est en décroissance de 3% en ce qui concerne les bénéfices par action.

Seulement 56% des entreprises ayant publié ont battu le consensus sur leur bénéfice par action. Et une minorité ont dépassé les attentes concernant leurs revenus. Ces chiffres négatifs expliquent la désaffection actuelle des investisseurs pour notre espace économique, auquel s’ajoute l’imbroglio politique en France.

À cela s’ajoute un pessimisme ambiant, après l’euphorie du 1er semestre. Les récents évènements au Moyen-Orient, ainsi que l’annonce d’un ISM manufacturier en baisse et en zone de contraction aux États-Unis, ont incité les stratèges à baisser le risque dans les portefeuilles. On ressent une vague de ventes sur des titres avec des fortes plus-values et fortement détenus, y compris dans la technologie. Ce secteur connait actuellement une forte volatilité, tant au niveau des indices que sur les valeurs.

La performance des titres après l’annonce de leurs résultats dépend non seulement de la qualité de ceux-ci, mais également de l’atmosphère des marchés. À ce jour, le nombre de relèvements de prévisions annuelles des sociétés en Europe est au plus bas depuis 2020. Ce manque de perspectives positives, même en cas de publication satisfaisante, explique la performance médiane négative des titres le jour de leur publication. Les déceptions sont fortement sanctionnées et peu de bonnes surprises sont appréciées par le marché. 

Dans le luxe, la médaille d’or a été une nouvelle fois décernée à Hermès International. L’entreprise enregistre une croissance organique de 13%, à taux de change constant.

Même si on est loin des 28% du 2ème trimestre 2023, le bilan est beaucoup plus positif que celui de tous ses concurrents, y compris celui de LVMH. En effet, la plus grosse capitalisation boursière du CAC 40 a fortement déçu. LVMH enregistre une progression de 1% de son chiffre d’affaires à taux de change constant, soit une décroissance de 1% en euro.  

La Chine ainsi que les vins et spiritueux, expliquent cette contreperformance, avec comme sanction une baisse de 4,66% du titre au cours de la séance suivante.  Les nombreuses déceptions parmi les acteurs dans le luxe expliquent le mouvement actuel de désaffection. Le titre Hermès International cote moins cher aujourd’hui qu’à la veille de sa publication de résultats. En cas de baisse plus prononcée d’ici la fin du 3ème trimestre, ce pessimisme  peut constituer une opportunité d’investissement à long terme. Les investisseurs défensifs et  sélectifs devraient bien s’en sortir selon nous ces prochaines semaines, malgré une plus forte volatilité des marchés.

46,8 
L’indice ISM manufacturier américain de juillet, au plus bas depuis novembre dernier

27 %  
La  croissance organique de Microsoft dans Azur et les services du cloud au dernier trimestre   

Paris – Jeux Olympiques 2024, eldorado ou fardeau ?

La France les attendait depuis un siècle. Paris accueille pour la troisième fois de son histoire (après 1900 et 1924) les Jeux olympiques d’été.

On attend plus d’un milliard de téléspectateurs pour la cérémonie d’ouverture de ce soir, qui se tiendra pour la première fois en dehors d’un stade, et jusqu’à 4 milliards en audience cumulée sur la période, selon le Comité International Olympique (CIO).

Ce dernier affirme également, que la couverture médiatique sera la plus grosse production audiovisuelle jamais réalisée au monde, avec 500 000 heures de contenus, tous supports confondus. Les ambitions sont énormes : les 10 500 athlètes des 205 délégations vont défiler sur la Seine en bateau sur un parcours de 6 kilomètres. Cela va permettre à 326 000 spectateurs d’admirer le spectacle, un chiffre jamais égalé, à comparer avec le précédent record des Jeux olympiques de Londres de 1948 à l’ancien Wembley Stadium (127 000 places).

La sécurité sera évidemment un enjeu crucial et nécessite la présence de 45 000 policiers rien que pour l’évènement d’aujourd’hui, accompagnés jusqu’à 1 800 collègues étrangers, 20 000 militaires et 22 000 agents privés mobilisés tout au long de ces jeux. De plus, l’espace aérien sera interdit dans un rayon de 150 kilomètres, entraînant la fermeture de tous les aéroports parisiens, ainsi que celui de Beauvais. Il faut parer à toute éventualité, même celle d’une cyberattaque.

Et qui va payer, pour quels impacts économiques ? 

Pour y répondre, il convient de remonter le temps jusqu’au 13 septembre 2017. Pour rappel, c’est la date à laquelle Paris se voit officiellement confier l’organisation de la XXXIIIème Olympiade. L’engagement financier de la France s’est matérialisé par la loi n°2018-202 du 26 mars 2018 relative à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.  

Selon l’article 29, le Parlement a donné mandat à la Cour des comptes de contrôler les personnes morales bénéficiant de fonds publics pour la préparation de cet évènement. Comme toujours, le budget a été révisé à la hausse. Il atteint désormais la somme de 8,8 milliards d’euros.

Cette enveloppe est divisée en deux parties. 4,38 milliards pour le COJOP (Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris) et presque autant pour la SOLIDEO (Société de livraison des ouvrages olympiques).

Selon lui, le budget de Paris 2024 est financé en quasi-intégralité (96 %) par des recettes privées. C’est-à-dire en provenance du CIO qui reverse les droits télévisuels, des entreprises partenaires, de la billetterie des Jeux ou encore des licences. 

La SOLIDEO finance les 64 infrastructures nécessaires au bon déroulement des Jeux. C’est le cas du village des athlètes et les sites des compétitions. Son budget est financé par les promoteurs immobiliers et le reste par l’État et les collectivités locales et territoriales. En mars dernier, le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a déclaré que le coût réel total d’argent public pourrait s’élever entre 3 et 5 milliards d’euros. L’hypothèse maximale ferait grimper l’enveloppe globale vers les 10 milliards d’euros.

Selon l’INSEE, le surplus de croissance au 3ème trimestre lié aux Jeux Olympiques s’élèverait à 0,3 % du PIB. Soit plus de 9 milliards d’euros. À cela, s’ajoute la contribution antérieure liée à toutes les dépenses en infrastructures et activités diverses. L’institut évalue à plus de 45 millions d’heures de travail nécessaires pour l’organisation et la réalisation des ouvrages. Les pics d’activité se situaient en 2022 et en 2023.

L’emploi dans le bâtiment et les services évènementiels et de sécurité est le grand gagnant de Paris 2024. D’autant qu’il a concerné des zones défavorisées socialement (principalement en Seine Saint-Denis).

L’État verra donc sa dette actuelle de plus de 3 000 milliards d’euros progresser de quelques milliards. Une facture qui semble raisonnable pour le surplus de croissance cumulée depuis 2017, contrairement aux collectivités et notamment la ville de Paris avec une somme évoquée de 500 millions d’euros.

Si l’on compare aux 6 grammes d’or contenus dans chaque médaille d’or que gagneront nos athlètes, c’est astronomique ! Si l’on inclut toutes les retombées économiques, sociales et médiatiques pour notre pays, alors c’est une dépense faite à bon escient. 

4 milliards de téléspectateurs
l’audience cumulée des Jeux Olympiques de Paris, selon le CIO pour 500 000 heures de production audiovisuelle.

0,3 %
Le surplus de croissance du PIB au 3ème trimestre pour la France, selon l’INSEE.

6 g d’or 
La quantité d’or contenue dans chaque médaille d’or aux JO de Paris.

America First !

C’est dorénavant un miraculé, qui a frôlé la mort de quelques centimètres.

En échappant à cet attentat – en ayant eu l’instinct de survie de se coucher mais également celui se relever le poing levé – Donald Trump a changé de statut politique. Il est devenu en quelques secondes, en ce samedi 13 juillet à 18h08 heure locale, un guerrier survivant quasi indestructible. Comme un super héros tant adoré aux États-Unis.

Les conséquences de cet évènement ont été immédiates : une percée dans les sondages devant son rival si affaibli, Joe Biden, et une position confortée de favori dans la course à la présidentielle américaine du 5 novembre prochain. 

Le marché a fait clairement son choix en votant pour l’ancien président et non pour l’actuel occupant de la Maison-Blanche.

Comme toujours, les investisseurs voient au-delà, en anticipant un Congrès totalement sous contrôle des Républicains. Actuellement, chaque camp contrôle une Chambre, avec les Démocrates légèrement majoritaires au Sénat (51 contre 49) et les Républicains contrôlant la Chambre des Représentants avec une courte majorité (220 contre 213). Ce partage du Parlement est traditionnellement perçu comme un gage de stabilité politique. C’était le scénario avant le week-end dernier. Le balancier a clairement basculé en faveur du parti du challenger. Il est désormais envisageable de se projeter avec une victoire totale et les pleins pouvoirs attribués à Donald Trump et ses alliés.

Dans ce cas, on aurait affaire à un président débridé et non ficelé. Synonyme de décisions et de lois radicales, dont l’onde de choc irradierait non seulement Wall Street, mais aussi les autres bourses mondiales.

Les réactions ont été violentes, voire caricaturales. Le lendemain de la tentative d’attentat, le titre du célèbre fabricant de pistolets Smith & Wesson Brands a gagné 11,40 %. Et celui de l’opérateur de prisons privées GEO Group 9,3 %.

En réalité, nous assistons à une grande rotation dans les portefeuilles. Avec de surcroît des flux massifs vers les actions et les obligations américaines. Les chiffres de la semaine écoulée sont sans appel :  48,6 milliards de dollars de collecte ont été enregistrés dans les ETF d’actions américaines, contre une décollecte de 1,4 milliard de dollars dans les ETF d’actions européennes. Dans une nouvelle ère Trump, les investisseurs ont fait leur choix entre les deux continents pour le slogan America First.  

Au niveau des mouvements sectoriels, il est intéressant d’observer, sur la semaine (du 11 au 18 juillet), la baisse de l’Indice NASDAQ Composite de 2,25 % contre une progression de 2,29 % de l’indice Dow Jones et surtout la progression de 3,45 % de l’indice Russell 2000. Ce dernier est constitué de petites et moyennes capitalisations dont l’activité est beaucoup plus domestique.

La nouvelle politique redonnerait donc un coup de fouet à la vielle économie américaine. Boursièrement, cela signifie un mouvement de rééquilibrage outre-Atlantique vers les valeurs cycliques au détriment des grandes valeurs de croissance, notamment des 7 Magnifiques, dont l’écart de valorisation avait atteint des sommets historiques.

Est-ce le début de la fin pour ces titres ? Nous ne le pensons pas, car nous voyons plutôt une normalisation saine des performances de l’ensemble de la cote, avec toujours de bons chiffres à venir pour les valeurs technologiques. 

Dans une interview de Donald Trump publiée par Businessweek le 16 juillet dernier, il est possible de deviner de ce qui serait décidé. Les tarifs douaniers sont un formidable moyen de pression économique vis-à-vis des autres pays. Le dollar est trop fort surtout vis-à-vis du yen et du renminbi.

La meilleure façon de réduire l’inflation est de faire baisser le prix de l’énergie. Pour y arriver, il suffit d’extraire davantage « l’or liquide ». C’est-à-dire le pétrole dans le sous-sol des États-Unis.

Les voitures électriques et l’énergie solaire sont des équipements formidables, mais qui nécessitent des subventions colossales et des surfaces à exploiter irréalisables. Tout est limpide : plus de consommation d’hydrocarbures à un prix réduit et moins d’investissement dans les énergies renouvelables. Une politique qui favorise l’Amérique au détriment des autres nations.

Cette perspective de bras de fer, propulse l’or à des nouveaux sommets historiques. Les investisseurs s’attendent donc à un monde plus bipolarisé et tendu. Ils cèdent en investissant davantage aux États-Unis. 

48,6 milliards de dollars
La collecte sur la semaine écoulée des ETF actions américaines

+13,4 %
La hausse du titre du fabricant de pistolets Smith & Wesson Brands, au cours de la séance qui suivit la tentative d’assassinat de Donald Trump

La saison des résultats du 2ème trimestre 2024 est ouverte !

Les investisseurs vont pouvoir laisser de côté la géopolitique pour se concentrer sur la santé financière et extra-financière des sociétés.

La saison des résultats du deuxième trimestre vient de débuter ! Cette période est cruciale pour conforter les prévisions annuelles des entreprises. Le moindre faux-pas sera automatiquement sanctionné et les bonnes nouvelles ne sont pas forcément saluées par le marché.

Quelles sont les publications importantes et particulièrement scrutées par la communauté financière ? Les anticipations actuelles sont-elles trop optimistes ou pessimistes ? 

Aux États-Unis, les analystes sont plutôt confiants. En effet, ils anticipent, en 2024, une croissance de plus de 10% des bénéfices par action pour les sociétés de l’indice américain S&P 500.

Le fait très encourageant est l’absence de révisions baissières depuis plusieurs mois.

Toutefois, cette belle performance est rendue possible grâce aux 7 magnifiques. Si on les exclut, la progression des bénéfices par action des 493 autres entreprises ne serait plus que de 3%. Et ce, avec une tendance négative !

Par conséquent, la bonne tenue du marché américain dépend plus que jamais de ces 7 titres exceptionnels, dont les estimations ne font que de s’améliorer grâce à l’intelligence artificielle et dont la pondération représente désormais un tiers de l’indice S&P 500.

Ce risque de concentration inquiète de plus en plus de stratèges. Rendez-vous donc dès le 25 juillet avec les annonces de Microsoft où on attend une progression de 16% des revenus et de 22% du résultat net. En attendant, rassurons-nous comme nous le pouvons avec les ventes et le résultat opérationnel du deuxième trimestre de Samsung Electronics qui sont ressortis respectivement 19% et 12% au-dessus des attentes, grâce au boom de l’intelligence artificielle, ce qui est de bon augure pour les stars américaines. 

En Europe, le son de cloche est totalement différent. La croissance des profits est quasi nulle voire légèrement négative pour 2024 aussi bien pour l’indice STOXX Europe 600, que pour l’Euro Stoxx50 et le CAC40.

BP et Repsoil viennent d’annoncer de lourdes provisions à cause de leur activité raffinage. Même dans la technologie, l’euphorie n’est pas au rendez-vous car Dassault Systèmes vient d’abaisser ses prévisions annuelles, alors même que l’activité Cloud reste bien orientée. Nous attendons avec impatience les bonnes nouvelles.

Le calendrier des publications va désormais s’accélérer. A partir du 22 juillet, plus de 80% des sociétés vont publier.

Nous allons donc rentrer très vite dans le vif du sujet avec les banques américaines (JP Morgan Chase &Co, Citigroup et Wells Fargo). Même si leur pondération dans l’indice S&P 500 est désormais faible (moins de 4%), leur bonne santé est indispensable pour rassurer sur l’état général de l’économie.

Ce trimestre est d’autant plus intéressant que nous sommes plus d’un an après le sauvetage de Sillicon Valley Bank et de Crédit Suisse en Europe. Dorénavant, les inquiétudes se portent sur l’immobilier commercial, malmené depuis la pandémie avec l’avènement du télétravail et également la hausse des taux longs, provoquée par le durcissement monétaire des banques centrales. 

Les points forts de la semaine prochaine concerneront la santé, avec la publication de Johnson & Johnson le 17 juillet, considérée comme un véritable baromètre pour le secteur avec ses deux activités distinctes dans la pharmacie et les équipements médicaux, puis avec Novartis en Europe le 18.

En France, nous scruterons tout particulièrement le chiffre d’affaires de LVMH le 23 juillet. Notre champion national devra absolument convaincre pour booster le secteur, dont la pondération dans l’indice CAC 40 représente plus de 20%.

Les indicateurs PMI et ceux des surprises économiques sont en train de s’effriter des deux côtés de l’Atlantique. Ce sont des signes avant-coureurs d’un affaiblissement de la croissance. Il est fort probable que la grande majorité des entreprises soient prudentes dans leurs perspectives pour le second semestre. Et ce, en dépit d’un deuxième trimestre qui montait en cadence en Europe avant les élections législatives françaises.

De ce fait, les rares bons élèves méritent une prime de qualité et verront leurs cours de bourse récompensés. Nous vivons une période particulière, avec une concentration forte de bonnes performances boursières et une pléthore de déceptions. Plus que jamais la sélectivité s’impose. 

0,1%
L’inflation américaine au  mois de juin, soit 3% sur un an glissant contre 3,3% le mois précédent 

Assemblée nationale : vivement le dénouement !

Le 2ème compte à rebours s’est déclenché mardi soir après la clôture du dépôt des candidatures pour le second tour des élections législatives anticipées.

Nous sommes désormais à 48 heures du scrutin final tant redouté depuis 4 semaines. Cette période semble courte pour les politiciens mais horriblement longue pour les investisseurs. Et plus précisément pour les entrepreneurs, qui ont probablement gelé les embauches et les investissements, face à un environnement économique jugé incertain.

Frank Knight, considéré comme le fondateur de l’école d’économie de Chicago, a introduit en 1921 la distinction entre risque, hasard connu et quantifiable, et incertitude (le hasard non connu). Dans la nuit du 7 juillet, nous connaîtrons la répartition des sièges de la future Assemblée nationale. Mais probablement pas encore la composition du Gouvernement.

Selon les dernières projections, et à cause d’une forte vague de désistements ayant réduit le nombre de triangulaires de 306 à 89, aucune force politique ne devrait obtenir une majorité absolue. Ce serait un fait inédit depuis la création de la Vème République, ouvrant une nouvelle ère politique jamais vécue en France.

Probablement et certainement pas.

Tout d’abord parce que cette situation a existé en Belgique et en Italie dans le passé. Ensuite l’État français continuera de fonctionner, avec peu de marge de manœuvre certes, mais avec des rapports tendus entre le Président, le Gouvernement et le Parlement. 

Selon l’article 8, le Président de la République nomme le Premier ministre. Et sur la proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions. Dans le cas d’une assemblée plurielle et sans majorité, le chef de l’État devra donc choisir un Premier ministre assez consensuel, qui devra composer un gouvernement d’union nationale, avec des ministres probablement issus de toutes les couleurs politiques.

Ce sera en réalité un vrai jeu du chat et de la souris entre le Gouvernement et le Parlement composé de l’Assemblée nationale et du Sénat. Ainsi selon l’article 20, le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation et selon l’article 24, le Parlement vote la loi et contrôle l’action du Gouvernement.

On comprend tout de suite que la situation peut se verrouiller rapidement en période de tension, avec des motions de censure à la clé.

L’article 38 permet de prendre des mesures par ordonnances

Heureusement, l’article 38 stipule que le Gouvernement peut, pour l’exécution de son programme, demander au Parlement l’autorisation de prendre par ordonnances, pendant un délai limité, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi. Le dernier point important à soulever est la distinction entre un projet de loi, déposé par le Gouvernement et une proposition de loi, déposée par un député ou un sénateur.

Selon l’article 40, les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique. Par conséquent, le scénario le plus probable à l’issue du second tour est l’absence de nouvelles réformes et de nouvelles lois fortement dispendieuses, ainsi que des budgets non votés. En théorie, un Parlement ne pourrait que voter une augmentation forte de la fiscalité. 

Cette situation confuse sur le plan politique durerait au minimum l’année qui suit l’élection législative (période avant une potentielle nouvelle dissolution). Elle ne devrait donc pas bousculer l’environnement économique et la vie des entreprises au quotidien.

De ce fait, les champions de la bourse de Paris continueront à croître, portés davantage par leurs activités à l’international. Néanmoins, la France qui était la destination européenne préférée des investissements étrangers devrait perdre en attractivité. De surcroît, la réduction du déficit budgétaire que nous impose la Commission européenne ne sera pas mise en œuvre.

Nous serons donc visés par une amende. Et les créanciers exigeront une prime de risque supplémentaire pour détenir notre dette obligataire. Pour le moment, allons voter le 7 juillet et mettons nos émotions de côté pour investir nos actifs financiers sur des critères pragmatiques et de bon sens.

De belles opportunités existent à l’issue de ventes massives depuis le 10 juin et qui ne demandent qu’à être achetées. « L’incertitude, c’est encore l’espérance » a écrit Alexandre Dumas !

89
Le nombre de triangulaires au second tour des élections législatives, après 217 désistements 

48,8  
L’ISM des services aux USA, au plus bas depuis mai 2020, année de la pandémie