Sortie de route de l’automobile

C’est un gigantesque carambolage. Les sociétés européennes de l’automobile révisent, les unes après les autres, leurs prévisions annuelles à la baisse. On assiste à un véritable effondrement de la rentabilité d’une forteresse industrielle. Qui s’écroule en réalité comme un château de cartes.

Ainsi, les marges opérationnelles, et les flux de trésorerie disponibles (free cash-flows), ont été revus à la baisse pour 2025. À chaque annonce, le titre de l’entreprise concernée est de facto malmené en Bourse. Au cours d’une séance extrêmement volatile, où fortes baisses et importants rebonds s’alternent.

Le bonnet d’âne revient sans équivoque à Renault, dont l’action s’est effondrée de 18,47 % le 16 juillet, après un triste communiqué. D’autres victimes sont à déplorer sur le plan opérationnel, telles que Stellantis et Volkswagen en Europe. Mais aussi Tesla outre-Atlantique. Toute cette agitation contraste fortement avec l’environnement actuel des marchés européens, qui affichent beaucoup de sérénité et de solides performances.

Quelles sont les causes de ces révisions, et sont-elles terminées ?

Le premier coupable de cette Bérézina de mauvais résultats est tout trouvé : Donald Trump. Avec ses droits de douane et la fin des subventions pour les véhicules électriques. Le 20 janvier, il a dégainé un décret stipulant l’abandon du crédit d’impôt de 7 500 dollars pour l’achat d’un véhicule électrique. Cet acte a été confirmé par la loi de financement du 4 juillet, fixant au 30 septembre 2025 la date d’échéance de cette mesure incitative. De surcroît, la guerre tarifaire est déclarée et confirmée lors d’une conférence de presse le 26 mars dernier. Avec l’instauration d’une taxe de 25 % sur toutes les importations de voitures et de camions aux États-Unis.

Cette mesure, mise en place dès le 3 avril, a perturbé à la fois toute la chaîne de production et la demande finale. Ainsi, Stellantis a vu ses livraisons chuter de 20 % et 25 % en Amérique du Nord au premier et au deuxième trimestre. Même son de cloche chez Volkswagen, qui vient de publier une baisse des ventes de 16 % au premier semestre dans cette même zone. La firme allemande a estimé à 1,3 milliard d’euros l’augmentation des coûts liés aux tarifs, soit 0,82 % des revenus.

Le constructeur américain, propriété de l’ex-ami du président, n’est pas épargné. C’est tout le contraire, avec une baisse de 16 % de ses revenus automobiles et de 13 % de ses livraisons, à 384 122 unités. Elon Musk a clairement sous-entendu que les difficultés pourraient durer plusieurs trimestres dans le sillage de l’abandon des subventions et de la poursuite de l’instabilité politique.

La stratégie de l’entreprise bascule vers davantage d’intelligence artificielle, avec les taxis robots, les futurs modèles autonomes et les redevances sur les stations de recharge.

Cet acteur était très choyé des investisseurs. En effet, il devait théoriquement être exempté des foudres de Washington, car absent du continent nord-américain. Cette tactique n’a pas payé. Le Français a révisé sa marge opérationnelle annuelle à 6,5 %, contre 7 % précédemment. Renault vise désormais un flux de trésorerie disponible compris entre 1 et 1,5 milliard d’euros, contre plus de 2 milliards auparavant.

Pourtant, la firme de Boulogne-Billancourt a enregistré une croissance de 2,5 % de son chiffre d’affaires, selon ses données préliminaires non auditées. Cette déception s’explique par : un marché plus concurrentiel avec le chinois BYD, une augmentation des stocks et un marché en retrait, particulièrement en France , où les immatriculations ont baissé de 8 % au premier semestre pour l’ensemble des constructeurs.

D’après les propos du management, Ferrari semble confirmer sa confiance dans son activité. Être une marque de luxe dans cette industrie, comme dans tous les secteurs, permet d’avoir des marges brutes extrêmement élevées. La firme de Maranello affiche une marge brute de 50 %. Contre 13 % à 20 % pour ses concurrents. Cela permet de mieux absorber les divers impacts négatifs, comme le change, avec la hausse de l’euro. Dotée d’un fort earning power, la marque au cheval cabré pourra sans problème augmenter le prix de ses célèbres bolides pour maintenir sa rentabilité. Les autres devront souffrir.

Toutefois, la ligne d’arrivée n’est pas encore franchie. Et des droits de douane à 15 %, comme ceux accordés au Japon, pourraient relancer le marché de l’automobile. Et ainsi redynamiser les marges. En attendant, le sujet le plus important pour chaque société est d’adapter au mieux sa structure de coûts, notamment face au problème de l’accessibilité des modèles électriques, afin de consommer le moins de trésorerie possible pour maintenir son dividende. C’est essentiel avec des rendements importants (de 6 à 8 %).

25%. La baisse des livraisons de Stellantis en Amérique du Nord au 2ème trimestre.

550 milliards de dollars. Les investissements japonais aux États-Unis promis en échange de droits de douane de 15%.

800. Le déficit des naissances en France, sur un an en mai 2025, selon les données de l’Insee (650 400 naissances contre 651 200 décès).

Les droits de douane n’effraient plus les marchés

Le moral des investisseurs est, par définition, très variable. Et les mêmes causes n’ont pas forcément les mêmes effets sur les actifs financiers, selon la période dans laquelle on se trouve. La quiétude actuelle des marchés face à autant d’incertitudes paraît déconcertante aux yeux de nombreux stratégistes. Ainsi, les droits de douane réciproques ont affolé les bourses mondiales en avril. Aujourd’hui, ces trublions sont toujours d’actualité, et l’on se rapproche à grands pas de la nouvelle échéance du 1er août. 

L’horloge tourne et, à l’exception du Royaume-Uni, peu d’accords ont été officiellement trouvés avec les principaux partenaires des États-Unis. Y compris avec l’Union européenne, le Japon, la Chine et l’Inde.

C’est irréel : les indices actions tutoient les sommets, mais les menaces sont bien réelles. Cette combinaison est dangereuse, car, dans cette configuration, toute mauvaise nouvelle peut faire violemment basculer la balance dans le mauvais sens. Pourquoi cette complaisance et cette résilience peuvent-elles durer ?

Souvenez-vous du fameux jour de la déclaration, où Donald Trump annonçait les droits de douane réciproques depuis la roseraie de la Maison-Blanche. Un moratoire de 90 jours plus tard, prolongé jusqu’au 1er août, voici l’Union européenne menacée d’un taux de 30 %, et non plus de 25 %.

Fort heureusement, la psychologie a changé. Le 2 avril a ouvert une période inconnue, synonyme de panique. Aujourd’hui, les calculettes ont tourné, et le nouveau monde vers lequel nous nous dirigeons semble mieux cerné et les risques identifiés. Celui-ci fait moins peur qu’auparavant et pourtant les conséquences peuvent être néfastes pour l’Europe.

Nous avons été témoins de nombreuses déclarations confirmant de grandes avancées dans les discussions, mais concrètement, les jeux ne sont pas du tout faits. Avec les fameuses lettres adressées récemment, le taux effectif des États-Unis appliqué sur l’ensemble de ses importations se situerait entre 18 % et 20 %. Selon que les exemptions actuellement appliquées soient temporaires ou non.

C’est un taux trop élevé pour ne pas avoir un impact sur la croissance et l’inflation. Seulement voilà, les opérateurs sont habités par la théorie du « TACO », ou en anglais « Trump Always Chicken Out ». Cette abréviation signifie que le président finit toujours par reculer face aux tremblements des marchés. C’est dangereux de croire à cette doctrine, car le processus de taxation des pays étrangers au profit de l’Amérique est bien enclenché. Comme l’affirme le secrétaire d’État au Trésor, Scott Bessent, les États-Unis devraient engendrer plus de 300 milliards de dollars de recettes douanières cette année. La tactique de la prolongation vise à obtenir des concessions plus élevées qu’auparavant, mais moins douloureuses que redoutées. Au final, c’est l’Amérique qui y gagne, et le risque d’un échec dans une tractation est grand, surtout avec l’Union européenne, vu la complexité de l’univers des négociations. 

Nous avons tous lu que la hausse des prix rebondirait à partir d’avril. Fort heureusement, le chiffre mensuel contenu du mois de mai, à 0,20 %, et annuel, à 2,40 %, avait rassuré. Celui de juin rebondit à 0,30 % et à 2,70 % sur un an glissant. Il semble surtout montrer un début de renchérissement des prix des biens, alors que ceux des services s’amenuisent. Le processus, même partiel, de transmission de la hausse des droits de douane vers le consommateur est donc enclenché.

Ce frétillement des prix ne rassure pas la FED, et les investisseurs doutent d’une éventuelle baisse des taux en septembre. La probabilité implicite induite par les taux des contrats futures ressort à 62 %. Il faudrait attendre le 29 octobre pour vivre la prochaine réduction du loyer de l’argent. Ce délai est beaucoup trop long pour la Maison-Blanche, qui devrait accentuer sa pression sur Jerome Powell. Cette atteinte à l’indépendance de l’institution monétaire devrait peser sur les actifs financiers et sur le dollar.

Le consensus de croissance des bénéfices par action au deuxième trimestre a été fortement révisé à la baisse, à 0 % en Europe et à 5 % outre-Atlantique. Ces chiffres devraient être dépassés. Attention toutefois à l’impact négatif du change en Europe. Le bal est ouvert, avec déjà de mauvaises nouvelles pour Renault et ASML. La baisse de 10 % du titre ASML nous semble exagérée, au vu des bons résultats publiés, malgré un excès de prudence du management quant aux incertitudes existantes. Au bout du compte, nous ne sommes pas pessimistes, mais l’été devrait être volatil.

30%. Le taux appliqué  sur les importations de l’Union européenne  le 1er août.

406. Le nombre de trimestres consécutifs où Abbott Laboratories a versé un dividende à ses actionnaires.

2000 milliards d’euros. La proposition de budget pour l’Union européenne de 2027 à 2034.

Les actionnaires américains sont pleins aux as

Donald Trump est-il en train de gagner son pari ? Il est loin le temps du 7 avril dernier, en pleine tempête boursière, où le président postait sur un réseau social le fameux « ne soyez pas faibles ou stupides, ni des « panican » (combinaison inventée des deux mots panique et américain) ». Depuis, l’indice S&P 500 a repris plus de 24 % en devise locale. Il est à son plus haut historique, avec une capitalisation de plus de 55 340 milliards de dollars.

La valorisation totale du marché américain donne vraiment le tournis avec ses 63 180 milliards de dollars. Soit plus de deux fois le PIB annuel, selon l’indice Dow Jones U.S. Total Stock Market. Certes, ces chiffres astronomiques sont dus principalement aux valeurs technologiques. Et au titre Nvidia qui vient de battre un record mondial, avec 4 040 milliards de dollars de capitalisation boursière. Le champion des puces liées à l’IA restera à tout jamais la première société à franchir la barre des 4 000 milliards de dollars. La bourse au pays de l’Oncle Sam est certainement le baromètre de la santé et de la confiance dans l’économie. Quel est réellement son impact sur l’activité ? Est-elle devenue irrationnelle face aux défis qui s’annoncent : les droits de douane, la hausse de l’inflation et le refinancement de la dette ?

Leurs portefeuilles enregistrent de belles plus-values. Fort heureusement, l’Europe est aussi concernée, puisque cette année les indices du Vieux Continent surperforment ceux du Nouveau Monde. Malgré cela, le grand gagnant est une fois de plus l’épargnant américain. En effet, si un Allemand ayant investi sur un ETF répliquant l’indice DAX, peut se vanter d’une performance en 2025 de 22,13 % en euro, l’Américain, ayant eu le courage de traverser l’Atlantique, remporte la palme avec une progression de 39,04 % dans sa monnaie sur ce même support d’investissement. Par quel tour de passe-passe a-t-il remporté la mise ? Tout simplement grâce à la baisse du dollar contre l’euro de plus de 13 %. Malheureusement pour notre voisin d’outre-Rhin, la réciproque n’est pas vraie, puisque son investissement dans un ETF S&P 500 s’est soldé par une performance négative de 5,34 % en euro, tandis que l’Américain profite d’une progression de 7,77 % dans sa devise.

Cette dure loi de la chute du billet vert, tant voulue par le locataire de la Maison-Blanche, s’est bien matérialisée. Elle favorise non seulement les épargnants, mais également les sociétés multinationales américaines. En effet, les entreprises européennes devront faire face à un impact fortement négatif sur leurs bénéfices, lié au change. Leurs homologues américaines profiteront d’un effet positif. La baisse de presque 10 % du dollar contre un panier de devises (selon l’indice DXY) permet aux indices mondiaux d’atteindre également des records. Ainsi, l’indice MSCI World en dollar a progressé cette année de 10,82 % en dollar, alors qu’il baisse de 1,86 % en euro. Cela explique la frustration actuelle des épargnants européens, ayant investi en actions étrangères.

C’est un sujet qui revient régulièrement sur la table lors des phases excessives de baisse et de hausse de la bourse. Il existe bien un lien, mais son importance dépend aussi de plusieurs autres facteurs concomitants. Ainsi, le cas d’école du krach de 1987 (23 % de baisse de l’indice S&P 500 au 4èmetrimestre) démontre qu’une forte correction des marchés actions sans réelle propagation peut avoir un effet négatif très limité, car à l’époque aucune récession n’avait été observée. À l’inverse, la crise financière de 2008 avait eu comme origine une crise immobilière liée aux crédits dits « subprimes ». L’effondrement d’un secteur, représentant alors 13 % de l’économie américaine, se propagea en crise financière. Avec la faillite de plusieurs institutions financières, ainsi que des pertes et des dépréciations d’actifs de plus de 1 300 milliards de dollars. Le tout avec à la clé une forte augmentation du chômage et une baisse du PIB durant quatre trimestres. 

Selon une étude de JP Morgan intitulée « Le marché financier et le comportement financier des    ménages », les dépenses des 12 millions d’utilisateurs actifs de cartes de crédit Chase augmentent de presque 1 % dans les quatre mois suivant une hausse de 10 % de l’indice S&P 500. Cette donnée a été recensée entre 2011 et 2020. Ce chiffre semble élevé, mais concerne seulement un titulaire de compte sur six. Avec de fortes disparités entre les hommes et les femmes et les revenus du foyer. Un homme dépense 40 % de plus que les femmes, voire le double chez les foyers les plus aisés. Le fait intéressant est que les non-investisseurs dépensent également plus. Ce qui signifie que l’impact est plus généralisé, que ce soit chez les actionnaires ou non. Par conséquent, après avoir fait passé la grande loi de finance, qui devrait doper la croissance de 0,90 % en 2026, Donald Trump est en passe de gagner la bataille psychologique de l’épargnant américain. Il lui reste à gagner sa guerre commerciale et faire baisser les taux d’intérêts de la Fed et sa victoire sera totale.  

4 040 milliards de dollars. La capitalisation boursière de Nvidia, record historique pour une société.

63 180 milliards de dollars. La valorisation totale du marché américain soit plus de 2 fois le PIB.

39,04 %. La performance cette année de l’indice Dax en dollar contre 22,13 % en euro.

Les publications des entreprises européennes s’annoncent laborieuses

Entre baisse du dollar et panne de croissance, les publications des entreprises européennes s’annoncent laborieuses.

Aujourd’hui, Amandine GERARD s’est penchée sur les publications incertaines à venir des entreprises européennes et les droits de douane de Donald Trump sur le plateau de « La Bourse Cash » de BFM Business, présentée par Guillaume SOMMERER.

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Independance day pour la grande loi de finance de Donald Trump

C’est sans aucun doute sa plus belle victoire depuis le début de son second mandat. Donald Trump et le camp des Républicains ont réussi à faire passer au Congrès la version définitive du projet de loi intitulée « One Big Beautiful Bill Act ». Le pari du Président de pouvoir signer la loi définitive dans le Bureau ovale, en ce jour de fête nationale américaine du 4 juillet, est donc gagné.

Une grande partie du programme électoral du locataire de la Maison-Blanche va ainsi pouvoir être mise en œuvre. Quelles en sont les réelles conséquences pour les marchés financiers ? Qui seront les véritables gagnants et perdants de cette secousse budgétaire ?

Tout d’abord, il s’agit bien d’une loi majeure. Un seul chiffre résume bien son caractère gigantesque. C’est le plafond de la dette fédérale. Il vient d’être relevé de 5 000 milliards de dollars, soit une augmentation de 13,8 % du seuil actuel (36 100 milliards de dollars). Ce montant dépasse le PIB 2024 de la plus importante économie européenne, à savoir l’Allemagne (autour de 4 700 milliards de dollars).

Ce surcroît de dette devra être absorbé par le marché. Dans sa dernière note du 18 juin, le Congressional Budget Office (CBO) a estimé que le taux à 10 ans devrait augmenter de 0,14 % sur la période de 2025 à 2034. La projection du ratio dette/PIB en 2034 a été de facto relevée de 117 % à 124 %. Auparavant, le CBO prévoyait déjà que ce ratio atteindrait 156 % en 2055. Le débat sur la soutenabilité de ce fardeau pour les générations futures n’en sera que plus exacerbé.

Les investisseurs devront trancher : continueront-ils à acheter ou non des émissions américaines ?

Lors de son premier mandat, Donald Trump avait signé, en décembre 2017, la loi baptisée Tax Cuts and Jobs Act (TCJA). Elle octroyait de nombreuses réductions d’impôts aux ménages et aux entreprises américaines. Ces avantages étaient temporaires et devaient se terminer au 31 décembre 2025. Le CBO estime que les revenus fédéraux vont baisser de 3 670 milliards de dollars au total sur la période de 2025 à 2034.

Les dépenses seront diminuées de 1 254 milliards de dollars. Soit une augmentation cumulée du déficit primaire de 2 416 milliards. En tenant compte de tous les impacts de cette loi de finance et de la surcharge d’intérêts, l’augmentation cumulée du déficit américain serait de 2 773 milliards de dollars. 

Le CBO anticipe un effet positif dès 2026 sur l’économie, de 0,90 % et de 0,50 % en moyenne ces 10 prochaines années. Cette manne n’est évidemment pas identique pour tous. Une des mesures emblématiques est l’augmentation du plafond de 10 000 à 40 000 dollars pour les déductions des taxes locales et de l’État (SALT en anglais) pour les foyers gagnant jusqu’à 500 000 dollars. Les contribuables les plus aisés sont évidemment favorisés.

Néanmoins, les classes moyennes ne sont pas oubliées. Et ce, avec la fin de la taxation des pourboires, des heures supplémentaires, et des intérêts versés pour le financement d’automobiles.

C’est la fin du bonus écologique. En effet, la subvention de 7 500 $ et de 4 000 $ pour les véhicules électriques neufs et d’occasion est supprimée. Tout comme celles pour les énergies renouvelables. La réduction budgétaire la plus médiatisée est sans aucun doute celle provoquée par le durcissement des conditions d’octroi des aides de santé Medicaid et CHIP. Sa dernière estimation atteint un cumul de plus de 1 000 milliards de dollars sur 10 ans. Ceci représente 13,4% du total de 7 462 milliards de dollars sur la période. En contrepartie chaque État fédéral devra compenser cette baisse. Ou à défaut, tailler dans les dépenses de santé des plus démunis.

Cette mesure est fortement impopulaire, même chez de nombreux élus républicains. En effet, actuellement, 56 des 100 circonscriptions les plus pauvres du Congrès ont été remportées par le parti républicain. On comprend aisément que la mise en place de cette réforme ne se fera qu’à partir du 31 décembre 2026. Bien après les prochaines élections de mi-mandat de novembre 2026.

Le CBO anticipe également une hausse des prix plus marquée, avec un pic de 0,12 % en 2027. Elle anticipe également une augmentation de la population active de 0,9 % cette même année, soit 1,5 million de travailleurs supplémentaires. Cela entraînerait une appréciation de 0,09 % de la croissance potentielle du pays. Toutes ces estimations ne prennent pas en compte les recettes supplémentaires issues des nouveaux tarifs douaniers.

En avril et en mai 2025, les douanes ont collecté respectivement 15,6 et 22,2 milliards de dollars. Soit un supplément mensuel et annuel de 11 et 130 milliards de dollars respectivement. L’enjeu des négociations en cours est énorme, puisque les États-Unis pourraient collecter entre 2 000 et 3 000 milliards de dollars potentiellement sur la période 2025-2034.

Par conséquent, Donald Trump ne lâchera rien sans concessions sensibles des autres pays.

5 000 milliards de dollars. L’augmentation du plafond de la dette du gouvernement fédéral américain votée par le Congrès.

28°C. L’indicateur thermique enregistré le 1er juillet par Météo France, soit un nouveau record historique

Un détroit et du pétrole

Nous vivons depuis le 13 juin – date du lancement de l’opération Rising Lion par Israël contre l’Iran – le scénario le plus redouté par les investisseurs. A savoir celui d’une extension du conflit actuel au Moyen-Orient. Pourtant, la réaction des marchés a été, pour le moment, modérée. Et le cours spot du Brent est revenu le 26 juin (66,55 $) en-dessous de celui du 12 juin (70,86 $), après avoir connu un pic à 78 $ le 19 juin. 

Comment expliquer une telle sérénité ? Pourquoi le détroit d’Ormuz n’est-il pas bloqué par Téhéran ? L’échiquier géopolitique aurait-t-il changé ? Qui détient réellement les cartes, selon l’expression si chère à Donald Trump, employée dans le bureau ovale le 28 février dernier, à une tout autre occasion ?

La situation actuelle est à la fois complexe et subtile. Le récent bruit des armes peut, à tout moment, remettre le feu sur le marché pétrolier, ainsi qu’entre les nations présentes dans la région. Nous sommes donc très certainement dans un équilibre précaire entre les différentes forces en présence (militaires, économiques, politiques et religieuses).

Dans le domaine de la défense, les frappes israéliennes, complétées par celles américaines du 21 juin vers 2 heures du matin, heure locale, ont mis tout le monde d’accord. La suprématie aérienne n’est pas du tout du côté de l’Iran et Téhéran n’a riposté que modérément. L’opération Midnight Hammer (le marteau de minuit), baptisée ainsi par Washington, porte bien son nom. En effet, celle-ci a été un véritable coup de massue, aussi bien sur le plan matériel que psychologique. Le fait que les États-Unis puissent lancer 7 avions B2 furtifs de leur territoire pour frapper trois sites nucléaires sur place, sans essuyer un seul tir, témoigne de leur supériorité militaire.

Les moyens utilisés et décrits lors de la conférence de presse du 22 juin sont éloquents : plus de 120 appareils, des douzaines d’avions ravitailleurs et un sous-marin lanceur d’engins, ont été mobilisés. En plus du groupe de diversion, les 7 bombardiers B2 utilisés, dont le coût unitaire dépasse allègrement le milliard de dollars, auraient consommé, à eux seuls, plus de 2,5 millions de litres de kérosène lors de leur vol aller-retour de plus de 36 heures sans se poser. On comprend aisément l’importance du pétrole dans les conflits armés !

L’Iran dispose toutefois d’une arme économique, qui serait de bloquer le détroit d’Ormuz. C’est un lieu de passage maritime pour le pétrole en provenance du Golfe persique. Selon JP Morgan, le baril pourrait atteindre le cours de 130 dollars dans cette situation. Selon l’Administration de l’Information sur l’Énergie, l’équivalent de 20 millions de barils jour de produits pétroliers transitent par ce point névralgique, soit approximativement 20 % de la demande mondiale.

Les exportations non seulement de l’Iran, mais aussi de l’Arabie Saoudite, de l’Irak, de Bahreïn, des Émirats Arabes Unis, du Qatar et du Koweït seraient en grande partie bloquées. La parade repose sur les oléoducs. L’Arabie Saoudite possède celui reliant l’Est à l’Ouest de son territoire, ayant une capacité non utilisée de 3 millions de barils jour. Cependant, cette infrastructure est très ancienne (construite en 1981) et sa vraie capacité supplémentaire repose sur celle du terminal pétrolier sur la mer Rouge, celui de Yanbu (1 million de barils jour).

Actuellement, il n’existe pas de vraie alternative au détroit d’Ormuz et le parlement iranien en a autorisé récemment le blocage. Pourquoi le gouvernement en place ne le fait-il pas ? Il existe trois explications à cela. La première est que cela le priverait de ses propres recettes pétrolières. La deuxième est que les autres pays du Golfe seraient également pénalisés. La troisième se trouve du côté du principal client de l’Iran et de tous les pays voisins : la Chine. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), la production de l’Iran était autour de 3,4 millions de barils jour. Selon des sources non officielles, 90 % de cette quantité iraient dans les ports de l’Empire du Milieu. De surcroît, les importations totales de Pékin via le détroit d’Ormuz représenteraient 4,9 millions de barils jour, soit 45 % de ses importations.

On comprend donc l’importance géopolitique de la Chine. Par conséquent, en bloquant le détroit, Téhéran se priverait de ses recettes pétrolières, pénaliserait également l’Occident, mais affaiblirait sa position vis-à-vis de la deuxième puissance économique et politique mondiale.

Le dernier volet important pour la stabilité dans la région est la solidarité des pays arabes. On se souvient évidemment que l’origine du premier choc pétrolier de 1973 remonte à la guerre du Kippour. Celui de 1979 est dû à la révolution iranienne. Tout le monde redoute un troisième choc mondial. Pour le moment, les principaux pays sunnites ne veulent pas brouiller leurs relations avec les Occidentaux. Ils ne sont pas solidaires des ambitions militaires et nucléaires non civiles iraniennes. Toutefois, la situation reste fragile. Ce qui explique les actions militaires limitées des acteurs étrangers, souhaitant une trêve, voire une paix rapide entre les différents protagonistes.

6 184 points. Nouveau record historique de l’indice S&P 500 en séance ce 27 juin.

2,5 millions de litres de kérosène. La quantité consommée par les 7 bombardiers B2, au cours de l’opération Marteau de minuit.

Luca de Meo : le designer de la relance roule désormais pour le luxe

En fin de week-end dernier, l’actualité nous a offert un coup de théâtre qui a secoué bien au-delà des cercles financiers habituels. L’homme fort de l’automobile, l’artisan du renouveau de Renault, Luca de Meo, s’apprête à troquer ses bolides pour les défilés de mode, en rejoignant Kering.

Un mouvement inattendu, presque audacieux, qui laisse pantois. Et ouvre le champ à toutes les spéculations. C’est l’histoire d’un homme qui, après avoir redressé des géants de l’asphalte, part à la conquête des podiums.

Son arrivée s’inscrit d’ailleurs dans une tendance plus large, où des profils de dirigeants issus d’autres secteurs, comme l’industrie ou la grande consommation, prennent les rênes de maisons de luxe. Ils prouvent ainsi que la rigueur industrielle et la vision stratégique sont des atouts précieux, au-delà des parcours traditionnels. Ce phénomène démontre que l’excellence managériale ne se cantonne plus aux figures traditionnelles du secteur créatif du luxe.

Car Luca de Meo, c’est avant tout une carrière estampillée du sceau de l’excellence et de la transformation. Passé par Fiat, où il a insufflé une nouvelle vie à des marques comme Abarth et Alfa Romeo, il s’est forgé une réputation de maître en revitalisation de marques. Mais c’est sans doute chez Renault que son étoile a brillé de la plus vive des manières. Arrivé en pleine tempête, après le départ retentissant de Carlos Ghosn et les difficultés financières du groupe, de Meo a orchestré une véritable « Renaulution ».

Il a su, avec une énergie contagieuse et une vision claire, recentrer la marque au losange. Il a su tailler dans les coûts, mais surtout réinvestir dans l’innovation et l’électrification. Sous sa houlette, des modèles emblématiques ont été réinventés. Des partenariats stratégiques ont été noués, et la rentabilité a retrouvé des couleurs. Luca de Meo a su insuffler une culture d’entreprise agile, loin des lourdeurs habituelles des grands groupes, et a redonné confiance aux équipes, comme aux investisseurs. Le redressement fut tel qu’il a souvent été cité en exemple de management à succès.

Alors, pourquoi ce virage à 180 degrés ? Pourquoi quitter un secteur où il est une icône reconnue pour s’aventurer dans l’univers feutré et exigeant du luxe ?

Son désir d’horizons nouveaux, de défis inédits, semble être la première des explications. Il est de ces leaders qui se nourrissent de la complexité et qui cherchent constamment à laisser leur empreinte.

Et Kering, il faut le dire, représente un chantier de taille. Le groupe de luxe, propriétaire de maisons prestigieuses comme Gucci, Saint Laurent ou Bottega Veneta, connaît des déboires significatifs en bourse depuis plusieurs années. Kering a perdu presque 70 % de son résultat opérationnel depuis 2022. Un chiffre qui donne le vertige. Et qui illustre l’ampleur du défi qui attend Luca de Meo.

L’annonce de sa nomination a certes fait bondir le cours de l’action de 12 %. Mais l’histoire nous a déjà montré qu’une telle hausse, comme en juillet 2023, peut s’évaporer en quelques semaines.

Le secteur du luxe, loin d’être un fleuve tranquille, est confronté à des pressions cycliques et structurelles. La bataille ne se gagne pas seulement avec des stratégies financières ou des plans de coupe. Le succès dans le luxe ne peut être tiré que d’une meilleure désirabilité de la marque, d’une pertinence culturelle et des volumes de vente. Autant de domaines où l’intuition artistique et la compréhension profonde des tendances sont primordiales.

Le chantier le plus pressant est sans doute chez Gucci. L’arrivée d’un nouveau directeur artistique ne peut pas radicalement changer la donne en quelques mois. Luca de Meo aura la lourde tâche de relancer cette locomotive essentielle. Tout en s’appuyant sur l’expertise déjà présente dans le groupe, comme l’a indiqué François-Henri Pinault, qui conservera un rôle très impliqué dans la stratégie. La division des rôles entre le président et le nouveau directeur général est d’ailleurs un signe fort de cette nouvelle ère. Les réactions à cette annonce sont multiples. D’un côté il y a l’enthousiasme de ceux qui voient en de Meo le sauveur. De l’autre la prudence de ceux qui reconnaissent que la route sera longue. Et que la trajectoire du groupe à court terme restera compliquée.

Le management actuel de Kering a d’ailleurs déjà mis l’accent sur la maîtrise de la dette et l’avancée des désinvestissements immobiliers. Autant de preuves que le cap est mis sur une restructuration profonde.

Luca de Meo, l’homme des challenges automobiles, se lance donc dans un défi le plus glamour. Et probablement l’un des plus complexes de sa carrière.

Va-t-il réussir à appliquer ses méthodes éprouvées de transformation et de revitalisation de marque dans un univers où les codes sont si différents ? Saura-t-il faire rimer la puissance du moteur avec le frisson de la haute couture ? Seul l’avenir nous le dira. Mais une chose est sûre : tous les regards sont désormais braqués sur la nouvelle route que prendra Kering sous sa direction. Le spectacle ne fait que commencer.

57,7 millions de dollars gagnés par Donald Trump avec sa cryptomonnaie lancée juste avant son arrivée au pouvoir, selon les documents rendus publics par la Maison Blanche.

83. Le numéro de la Ferrari qui a remporté les 24h du Mans, offrant à la marque italienne un troisième succès consécutif dans la Sarth.

Chronique d’un monde branché à l’IA

Dans le monde trépidant de la technologie, une course effrénée à l’intelligence artificielle (IA) est en cours. Elle est menée par les géants américains. Cette semaine, les dernières nouvelles de ces mastodontes technologiques confirment que l’IA n’est pas seulement une tendance, mais le cœur battant de leur stratégie future, façonnant notre quotidien de manière toujours plus profonde.

Mais cette course a un coût, et pas seulement financier : la soif d’énergie de l’IA devient un enjeu majeur.

Nvidia, leader des puces IA, poursuit son expansion. L’entreprise a annoncé une série de projets pour renforcer l’infrastructure IA en Europe, notamment via un partenariat avec la startup française Mistral AI. Elle exploitera 18 000 puces Grace Blackwell dans un centre de données en Essonne. Des collaborations sont également en cours au Royaume-Uni, en Italie et en Arménie.

Jensen Huang, PDG de Nvidia, insiste sur la nécessité pour l’Europe de développer massivement ses centres de données. Plus de 20 « usines d’IA », dont plusieurs gigafactories avec plus de 100 000 puces, sont prévues. Objectif : multiplier par 10 la capacité de calcul du continent.

En parallèle, Nvidia lance des outils pour la robotique, les villes intelligentes et les véhicules autonomes. En Allemagne, l’entreprise construit le premier cloud IA industriel, avec des partenaires comme SAP, Siemens ou NEURA Robotics, visant à intégrer l’IA physique dans la fabrication et la logistique.

Meta (Facebook, Instagram) investit lourdement dans l’IA avec 15 milliards de dollars injectés dans Scale AI, une startup spécialisée dans le traitement de données pour entraîner les modèles. L’entreprise développe également un « laboratoire de superintelligence » avec une cinquantaine de chercheurs. Pour rivaliser avec OpenAI et Google DeepMind.

Mais l’enjeu énergétique est colossal. Pour y faire face, Meta a signé un contrat de 20 ans avec Constellation Energy pour alimenter ses data centers avec 1,1 GW d’électricité nucléaire dès 2027. L’entreprise considère cette source comme essentielle pour répondre à la demande sans compromettre la fiabilité du réseau. Un choix qui illustre la nouvelle équation énergétique des géants du numérique : toujours plus de puissance, mais aussi plus de stabilité.

Microsoft continue d’innover en IA. Après avoir optimisé la durée de vie de ses serveurs, l’entreprise a récemment lancé un « agent scientifique ». Ce dernier est capable de découvrir de nouveaux matériaux en quelques heures. Ce projet montre le potentiel de l’IA pour accélérer la recherche.

Microsoft a aussi dévoilé NLWeb, un outil transformant n’importe quel site web en application IA, simplifiant l’interaction et rendant l’IA plus accessible. Ces innovations positionnent Microsoft à la croisée de la science et de la praticité numérique.

Alphabet, maison mère de Google, mise sur une intégration fluide de l’IA dans ses produits. La mise à jour « Pixel Drop » de juin 2025 introduit la génération d’autocollants IA, des conseils photo IA et des widgets personnalisés. 

Le modèle Veo, capable de générer des vidéos, a aussi fait sensation en ligne. Côté recherche, Google planche sur des IA pour planifier des voyages. Ou encore évaluer les risques environnementaux ou améliorer les conversations complexes. À la conférence Google I/O 2025, l’entreprise a présenté Gemini AI amélioré, une plateforme pour la réalité augmentée, les lunettes intelligentes Project Aura, et NotebookLM, un assistant de recherche personnel désormais disponible sur Android.

Lors de sa WWDC 2025, Apple a révélé « Apple Intelligence », une IA embarquée localement sur les appareils (iPhone, Mac) pour préserver la confidentialité. 

Traduction en direct, outils créatifs, priorisation des notifications et résumés intelligents sont parmi les nouveautés notables.

Cependant, la refonte complète de Siri est repoussée à l’an prochain, preuve que même Apple rencontre des défis techniques. Ce dernier a aussi présenté de nouveaux modèles linguistiques pour améliorer les fonctions IA et mis à jour son OS avec des fonctionnalités IA dans Safari et Messages.

Amazon Web Services (AWS) est l’épine dorsale de l’IA pour de nombreuses entreprises. Cette semaine, Amazon a annoncé un investissement de 20 milliards de dollars pour renforcer ses infrastructures en Pennsylvanie, soulignant l’importance vitale des centres de données.

L’entreprise collabore étroitement avec Anthropic, startup IA valorisée à 61,5 milliards de dollars, grâce à des modèles comme Claude 4. Amazon a investi 8 milliards dans Anthropic, et une grande partie de cet argent revient chez AWS sous forme de services cloud. Ensemble, ils construisent Project Rainier, une immense infrastructure destinée à entraîner les futurs modèles Claude sur des centaines de milliers de puces Trainium 2.

AWS se distingue par une approche globale : puissance de calcul, rapidité, disponibilité GPU/TPU et durabilité. Elle optimise l’infrastructure du cloud, tout en anticipant l’explosion des besoins énergétiques.

Impossible de parler d’IA sans évoquer OpenAI. L’entreprise, pionnière de l’IA générative, a vu son chiffre d’affaires annuel doubler en quelques mois : de 5,5 milliards de dollars fin 2024 à 10 milliards récemment. Cela s’explique par l’énorme succès de ChatGPT, qui compte 500 millions d’utilisateurs actifs hebdomadaires.

OpenAI propose des services aussi bien aux particuliers (ChatGPT Plus) qu’aux entreprises, et prévoit de générer 12,7 milliards de dollars de revenus en 2025. Après une perte de 5 milliards en 2024, ce revirement est spectaculaire. L’entreprise envisage même une levée de fonds de 40 milliards, qui la valoriserait à 300 milliards de dollars.

Toutes ces initiatives témoignent d’une chose : l’IA est au cœur de la stratégie des entreprises technologiques. Chacune adopte une approche différente : infrastructure (Amazon, Nvidia), superintelligence (Meta), accessibilité (Microsoft), intégration produit (Apple, Google) ou IA de rupture (OpenAI).

Mais toutes partagent un besoin commun : une capacité de calcul gigantesque, alimentée par une énergie fiable et souvent décarbonée. L’IA impose une pression inédite sur les infrastructures énergétiques mondiales, ce qui pousse les entreprises à investir dans des solutions sur le long terme, comme le nucléaire ou les énergies renouvelables.

La révolution de l’Intelligence Artificielle n’en est qu’à ses débuts. Elle transforme les produits, les services, mais aussi la manière dont les entreprises gèrent leur infrastructure, leur personnel et leur rapport à la planète. Une certitude : cette course à l’intelligence redessine les contours du pouvoir technologique mondial, tout en posant les bases des défis à venir.

12.
Le nombre de caméras Sony Hawk-Eye utilisant l’IA qui seront positionnées au bord du court lors du tournoi de Wimbledon pour déterminer si la balle est dedans ou dehors.

5.
Le nombre d’heures pour faire Londres-Francfort lorsque la nouvelle ligne ferroviaire sera lancée.

La fin d’un cycle monétaire à la BCE ?

Et de huit ! La BCE vient d’annoncer une nouvelle baisse de ses taux directeurs de 25 points de base, ce jeudi 5 juin. Malgré ses petits ajustements réguliers au cours de ces 12 derniers mois, l’institution de Francfort a tout de même réduit le loyer de l’argent de 2% au total. Nous vivons donc, actuellement, l’assouplissement monétaire le plus important depuis celui initié en 2008, en pleine crise financière. Désormais, le taux de dépôt est fixé à 2%. Au niveau de son objectif d’inflation à moyen terme de 2%.

Depuis sa création en juin 1998, la Banque Centrale Européenne a adopté quatre cycles de durcissement monétaire (1999-2000, 2005-2007, 2011 et 2022-2023). Elle a également adopté cinq cycles d’assouplissement (1999, 2000-2003, 2008-2009 et 2024-2025). L’ampleur de la baisse que nous pouvons observer depuis un an (2%) se classe en troisième rang. Après celle de 2,75% observée en 2000-2003 et de 3% en 2008-2009.

Contrairement à ces deux époques, nous ne sommes pas en récession. Les projections de croissance du PIB pour 2025 dans la zone euro des économistes de la BCE et de l’Eurosystème ont été révisées d’à peine 0,50% depuis juin 2024 (de 1,4% à 0,90%). Nous ne connaissons pas, pour le moment, de choc sur l’activité économique. Comme ce fut le cas après les attentats du 11 septembre 2001 et la crise financière de 2008.

Il intervient après le plus fort durcissement monétaire de toute l’histoire de la BCE, synonyme d’une forte augmentation des taux directeurs de 4,50 % entre 2022 et 2023 (de -0,50% à 4%). La pandémie de Covid-19 avait provoqué alors une pénurie sur l’offre des agents économiques, engendrant une accélération de l’inflation. Celle-ci avait connu un pic sur un an glissant de 10,6% en octobre 2022, du jamais vu depuis la création de l’euro.

Cette politique actuelle d’assouplissement monétaire est singulièrement différente de toutes les autres. En effet, elle est liée avant tout à la désinflation observée depuis deux ans et surtout à la certitude que la période de fortes hausses des prix était derrière nous. Le mouvement initié en juin 2024 a débuté quand l’inflation était revenue à 2,50%. Le taux de dépôt de 4% de l’époque rendait de facto la politique monétaire restrictive. Il fallait agir et c’est ce qui a été fait.

L’inflation estimée est de 2% en moyenne en 2025, 1,6% en 2026 et 2,0% en 2027. Nous sommes en territoire dit de neutralité. Bien que Christine Lagarde se soit bien gardée de faire un commentaire sur ce sujet, malgré des questions au cours de la conférence de presse. Botter en touche sur ce thème permet d’esquiver la problématique du taux terminal. Ce dernier fixerait un cap dangereux pour les marchés, toujours avides de tourner la page. En guise de réponse, nous avons eu un simple « nous y sommes presque ».

De ce fait, nous devons nous contenter du communiqué officiel. Il stipule que, compte tenu du contexte actuel d’incertitudes exceptionnelles, la BCE ne s’engage pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière. Elle suivra une approche s’appuyant sur les données pour déterminer, réunion par réunion, l’orientation appropriée de sa politique monétaire. Le statu quo est attendu pour la prochaine réunion du 24 juillet et les investisseurs ne s’attendent plus qu’à une seule baisse des taux de 0,25% d’ici la fin de l’année.

La décision d’hier a été prise à l’unanimité à l’exception d’une seule voix. Volontairement restée anonyme. Le Conseil des gouverneurs se compose des six membres du directoire de la BCE et des gouverneurs des vingt banques centrales nationales des pays de la zone euro. L’adhésion de la Lituanie à la zone euro en 2015 a entraîné une modification des droits de vote, limités à 21. Conformément aux traités de l’Union européenne.

Un système de rotation mensuelle a donc été mis en place. Désormais, les gouverneurs des pays classés d’un à cinq (actuellement l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas) se partagent quatre droits de vote. Les autres pays (quinze depuis l’adhésion de la Croatie le 01/01 2023) disposent de onze droits de vote. Des divergences potentielles existent. Les cinq membres traditionnellement réticents à baisser les taux (Schnabel, Wunsch, Holzmann, Nagel et Kazimir) vont devenir majoritaires avec ceux adepte de la neutralité. La BCE va donc être exigeante en matière de données économiques, sauf en cas de guerre commerciale prononcée et dévastatrice pour l’activité.

2 %. Le taux de dépôt de la BCE, au plus bas depuis  janvier 2023.

49,9. L’ISM des services en mai aux USA, soit en-dessous du seuil d’expansion de 50, au plus bas depuis juin 2024.