America First !

C’est dorénavant un miraculé, qui a frôlé la mort de quelques centimètres.

En échappant à cet attentat – en ayant eu l’instinct de survie de se coucher mais également celui se relever le poing levé – Donald Trump a changé de statut politique. Il est devenu en quelques secondes, en ce samedi 13 juillet à 18h08 heure locale, un guerrier survivant quasi indestructible. Comme un super héros tant adoré aux États-Unis.

Les conséquences de cet évènement ont été immédiates : une percée dans les sondages devant son rival si affaibli, Joe Biden, et une position confortée de favori dans la course à la présidentielle américaine du 5 novembre prochain. 

Le marché a fait clairement son choix en votant pour l’ancien président et non pour l’actuel occupant de la Maison-Blanche.

Comme toujours, les investisseurs voient au-delà, en anticipant un Congrès totalement sous contrôle des Républicains. Actuellement, chaque camp contrôle une Chambre, avec les Démocrates légèrement majoritaires au Sénat (51 contre 49) et les Républicains contrôlant la Chambre des Représentants avec une courte majorité (220 contre 213). Ce partage du Parlement est traditionnellement perçu comme un gage de stabilité politique. C’était le scénario avant le week-end dernier. Le balancier a clairement basculé en faveur du parti du challenger. Il est désormais envisageable de se projeter avec une victoire totale et les pleins pouvoirs attribués à Donald Trump et ses alliés.

Dans ce cas, on aurait affaire à un président débridé et non ficelé. Synonyme de décisions et de lois radicales, dont l’onde de choc irradierait non seulement Wall Street, mais aussi les autres bourses mondiales.

Les réactions ont été violentes, voire caricaturales. Le lendemain de la tentative d’attentat, le titre du célèbre fabricant de pistolets Smith & Wesson Brands a gagné 11,40 %. Et celui de l’opérateur de prisons privées GEO Group 9,3 %.

En réalité, nous assistons à une grande rotation dans les portefeuilles. Avec de surcroît des flux massifs vers les actions et les obligations américaines. Les chiffres de la semaine écoulée sont sans appel :  48,6 milliards de dollars de collecte ont été enregistrés dans les ETF d’actions américaines, contre une décollecte de 1,4 milliard de dollars dans les ETF d’actions européennes. Dans une nouvelle ère Trump, les investisseurs ont fait leur choix entre les deux continents pour le slogan America First.  

Au niveau des mouvements sectoriels, il est intéressant d’observer, sur la semaine (du 11 au 18 juillet), la baisse de l’Indice NASDAQ Composite de 2,25 % contre une progression de 2,29 % de l’indice Dow Jones et surtout la progression de 3,45 % de l’indice Russell 2000. Ce dernier est constitué de petites et moyennes capitalisations dont l’activité est beaucoup plus domestique.

La nouvelle politique redonnerait donc un coup de fouet à la vielle économie américaine. Boursièrement, cela signifie un mouvement de rééquilibrage outre-Atlantique vers les valeurs cycliques au détriment des grandes valeurs de croissance, notamment des 7 Magnifiques, dont l’écart de valorisation avait atteint des sommets historiques.

Est-ce le début de la fin pour ces titres ? Nous ne le pensons pas, car nous voyons plutôt une normalisation saine des performances de l’ensemble de la cote, avec toujours de bons chiffres à venir pour les valeurs technologiques. 

Dans une interview de Donald Trump publiée par Businessweek le 16 juillet dernier, il est possible de deviner de ce qui serait décidé. Les tarifs douaniers sont un formidable moyen de pression économique vis-à-vis des autres pays. Le dollar est trop fort surtout vis-à-vis du yen et du renminbi.

La meilleure façon de réduire l’inflation est de faire baisser le prix de l’énergie. Pour y arriver, il suffit d’extraire davantage « l’or liquide ». C’est-à-dire le pétrole dans le sous-sol des États-Unis.

Les voitures électriques et l’énergie solaire sont des équipements formidables, mais qui nécessitent des subventions colossales et des surfaces à exploiter irréalisables. Tout est limpide : plus de consommation d’hydrocarbures à un prix réduit et moins d’investissement dans les énergies renouvelables. Une politique qui favorise l’Amérique au détriment des autres nations.

Cette perspective de bras de fer, propulse l’or à des nouveaux sommets historiques. Les investisseurs s’attendent donc à un monde plus bipolarisé et tendu. Ils cèdent en investissant davantage aux États-Unis. 

48,6 milliards de dollars
La collecte sur la semaine écoulée des ETF actions américaines

+13,4 %
La hausse du titre du fabricant de pistolets Smith & Wesson Brands, au cours de la séance qui suivit la tentative d’assassinat de Donald Trump

La saison des résultats du 2ème trimestre 2024 est ouverte !

Les investisseurs vont pouvoir laisser de côté la géopolitique pour se concentrer sur la santé financière et extra-financière des sociétés.

La saison des résultats du deuxième trimestre vient de débuter ! Cette période est cruciale pour conforter les prévisions annuelles des entreprises. Le moindre faux-pas sera automatiquement sanctionné et les bonnes nouvelles ne sont pas forcément saluées par le marché.

Quelles sont les publications importantes et particulièrement scrutées par la communauté financière ? Les anticipations actuelles sont-elles trop optimistes ou pessimistes ? 

Aux États-Unis, les analystes sont plutôt confiants. En effet, ils anticipent, en 2024, une croissance de plus de 10% des bénéfices par action pour les sociétés de l’indice américain S&P 500.

Le fait très encourageant est l’absence de révisions baissières depuis plusieurs mois.

Toutefois, cette belle performance est rendue possible grâce aux 7 magnifiques. Si on les exclut, la progression des bénéfices par action des 493 autres entreprises ne serait plus que de 3%. Et ce, avec une tendance négative !

Par conséquent, la bonne tenue du marché américain dépend plus que jamais de ces 7 titres exceptionnels, dont les estimations ne font que de s’améliorer grâce à l’intelligence artificielle et dont la pondération représente désormais un tiers de l’indice S&P 500.

Ce risque de concentration inquiète de plus en plus de stratèges. Rendez-vous donc dès le 25 juillet avec les annonces de Microsoft où on attend une progression de 16% des revenus et de 22% du résultat net. En attendant, rassurons-nous comme nous le pouvons avec les ventes et le résultat opérationnel du deuxième trimestre de Samsung Electronics qui sont ressortis respectivement 19% et 12% au-dessus des attentes, grâce au boom de l’intelligence artificielle, ce qui est de bon augure pour les stars américaines. 

En Europe, le son de cloche est totalement différent. La croissance des profits est quasi nulle voire légèrement négative pour 2024 aussi bien pour l’indice STOXX Europe 600, que pour l’Euro Stoxx50 et le CAC40.

BP et Repsoil viennent d’annoncer de lourdes provisions à cause de leur activité raffinage. Même dans la technologie, l’euphorie n’est pas au rendez-vous car Dassault Systèmes vient d’abaisser ses prévisions annuelles, alors même que l’activité Cloud reste bien orientée. Nous attendons avec impatience les bonnes nouvelles.

Le calendrier des publications va désormais s’accélérer. A partir du 22 juillet, plus de 80% des sociétés vont publier.

Nous allons donc rentrer très vite dans le vif du sujet avec les banques américaines (JP Morgan Chase &Co, Citigroup et Wells Fargo). Même si leur pondération dans l’indice S&P 500 est désormais faible (moins de 4%), leur bonne santé est indispensable pour rassurer sur l’état général de l’économie.

Ce trimestre est d’autant plus intéressant que nous sommes plus d’un an après le sauvetage de Sillicon Valley Bank et de Crédit Suisse en Europe. Dorénavant, les inquiétudes se portent sur l’immobilier commercial, malmené depuis la pandémie avec l’avènement du télétravail et également la hausse des taux longs, provoquée par le durcissement monétaire des banques centrales. 

Les points forts de la semaine prochaine concerneront la santé, avec la publication de Johnson & Johnson le 17 juillet, considérée comme un véritable baromètre pour le secteur avec ses deux activités distinctes dans la pharmacie et les équipements médicaux, puis avec Novartis en Europe le 18.

En France, nous scruterons tout particulièrement le chiffre d’affaires de LVMH le 23 juillet. Notre champion national devra absolument convaincre pour booster le secteur, dont la pondération dans l’indice CAC 40 représente plus de 20%.

Les indicateurs PMI et ceux des surprises économiques sont en train de s’effriter des deux côtés de l’Atlantique. Ce sont des signes avant-coureurs d’un affaiblissement de la croissance. Il est fort probable que la grande majorité des entreprises soient prudentes dans leurs perspectives pour le second semestre. Et ce, en dépit d’un deuxième trimestre qui montait en cadence en Europe avant les élections législatives françaises.

De ce fait, les rares bons élèves méritent une prime de qualité et verront leurs cours de bourse récompensés. Nous vivons une période particulière, avec une concentration forte de bonnes performances boursières et une pléthore de déceptions. Plus que jamais la sélectivité s’impose. 

0,1%
L’inflation américaine au  mois de juin, soit 3% sur un an glissant contre 3,3% le mois précédent 

Assemblée nationale : vivement le dénouement !

Le 2ème compte à rebours s’est déclenché mardi soir après la clôture du dépôt des candidatures pour le second tour des élections législatives anticipées.

Nous sommes désormais à 48 heures du scrutin final tant redouté depuis 4 semaines. Cette période semble courte pour les politiciens mais horriblement longue pour les investisseurs. Et plus précisément pour les entrepreneurs, qui ont probablement gelé les embauches et les investissements, face à un environnement économique jugé incertain.

Frank Knight, considéré comme le fondateur de l’école d’économie de Chicago, a introduit en 1921 la distinction entre risque, hasard connu et quantifiable, et incertitude (le hasard non connu). Dans la nuit du 7 juillet, nous connaîtrons la répartition des sièges de la future Assemblée nationale. Mais probablement pas encore la composition du Gouvernement.

Selon les dernières projections, et à cause d’une forte vague de désistements ayant réduit le nombre de triangulaires de 306 à 89, aucune force politique ne devrait obtenir une majorité absolue. Ce serait un fait inédit depuis la création de la Vème République, ouvrant une nouvelle ère politique jamais vécue en France.

Probablement et certainement pas.

Tout d’abord parce que cette situation a existé en Belgique et en Italie dans le passé. Ensuite l’État français continuera de fonctionner, avec peu de marge de manœuvre certes, mais avec des rapports tendus entre le Président, le Gouvernement et le Parlement. 

Selon l’article 8, le Président de la République nomme le Premier ministre. Et sur la proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions. Dans le cas d’une assemblée plurielle et sans majorité, le chef de l’État devra donc choisir un Premier ministre assez consensuel, qui devra composer un gouvernement d’union nationale, avec des ministres probablement issus de toutes les couleurs politiques.

Ce sera en réalité un vrai jeu du chat et de la souris entre le Gouvernement et le Parlement composé de l’Assemblée nationale et du Sénat. Ainsi selon l’article 20, le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation et selon l’article 24, le Parlement vote la loi et contrôle l’action du Gouvernement.

On comprend tout de suite que la situation peut se verrouiller rapidement en période de tension, avec des motions de censure à la clé.

L’article 38 permet de prendre des mesures par ordonnances

Heureusement, l’article 38 stipule que le Gouvernement peut, pour l’exécution de son programme, demander au Parlement l’autorisation de prendre par ordonnances, pendant un délai limité, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi. Le dernier point important à soulever est la distinction entre un projet de loi, déposé par le Gouvernement et une proposition de loi, déposée par un député ou un sénateur.

Selon l’article 40, les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique. Par conséquent, le scénario le plus probable à l’issue du second tour est l’absence de nouvelles réformes et de nouvelles lois fortement dispendieuses, ainsi que des budgets non votés. En théorie, un Parlement ne pourrait que voter une augmentation forte de la fiscalité. 

Cette situation confuse sur le plan politique durerait au minimum l’année qui suit l’élection législative (période avant une potentielle nouvelle dissolution). Elle ne devrait donc pas bousculer l’environnement économique et la vie des entreprises au quotidien.

De ce fait, les champions de la bourse de Paris continueront à croître, portés davantage par leurs activités à l’international. Néanmoins, la France qui était la destination européenne préférée des investissements étrangers devrait perdre en attractivité. De surcroît, la réduction du déficit budgétaire que nous impose la Commission européenne ne sera pas mise en œuvre.

Nous serons donc visés par une amende. Et les créanciers exigeront une prime de risque supplémentaire pour détenir notre dette obligataire. Pour le moment, allons voter le 7 juillet et mettons nos émotions de côté pour investir nos actifs financiers sur des critères pragmatiques et de bon sens.

De belles opportunités existent à l’issue de ventes massives depuis le 10 juin et qui ne demandent qu’à être achetées. « L’incertitude, c’est encore l’espérance » a écrit Alexandre Dumas !

89
Le nombre de triangulaires au second tour des élections législatives, après 217 désistements 

48,8  
L’ISM des services aux USA, au plus bas depuis mai 2020, année de la pandémie

Elections législatives : quand les urnes font trembler les marchés

Nous sommes 48 heures avant le premier tour des législatives françaises anticipées. Les investisseurs retiennent leur souffle avant un potentiel changement radical de gouvernement. Allons-nous connaître un nouvel avis de tempête, ou bien le bateau de la bourse de Paris réussira-t-il une nouvelle fois à naviguer contre vents et marées ? Faut-il vendre ou acheter le jour des résultats ? Que dit l’Histoire sur les différents scrutins en Europe, qui ont secoué le navire, sans jamais avoir réussi à le couler ? 

Le Vieux Continent a connu plusieurs raz-de-marée électoraux ayant fait chuter les marchés. Un des plus violents de cette dernière décennie a été, sans aucun doute, le vote britannique surprise du 23 juin 2016 en faveur du Brexit.

Le lendemain, les bourses européennes perdaient plus de 8 %. Une des plus mauvaises séances depuis la crise financière de 2008, tandis que l’indice phare de Londres baissait de plus de 3 %. Un mois et six mois après cette terrible séance, l’indice Euro Stoxx 50 reprenait respectivement 7 % et 17 %, alors que l’indice londonien FTSE 100 s’adjugeait 9 % et 15 % sur les mêmes périodes. Les vendeurs ont factuellement eu tort et ces chocs ont donc constitué un point d’entrée pour acheter. 

C’est le même constat pour les élections législatives italiennes du 25 septembre 2022. Une élection gagnée par une coalition de droite et extrême droite, menant Giorgia Meloni au pouvoir en tant que présidente du Conseil des ministres le 22 octobre. Un mois et trois mois après le scrutin, la bourse italienne avait progressé de 5,6 % et de 14,3 %.

Les promesses radicales prononcées durant toute la campagne ont donc fait place à des mesures plus réalistes pour cette anti-européenne convaincue. L’expérience anglaise du Brexit a en réalité calmé les ardeurs de nombreux partisans de « l’Italexit », ainsi que du « Dexit » en Allemagne et du « Frexit » en France.  

S’il ne faut pas vendre après le résultat d’une élection, il vaut mieux réagir avant. Les marchés anglais et italiens ont respectivement baissé de 2,1 % et de 3,2 % le mois précédant les résultats. De même, un Français ayant vendu le lendemain de l’annonce de la dissolution, soit le 11 juin, quand l’indice CAC 40 clôturait à 7 789 points, a évité une perte supplémentaire de 4,50 % jusqu’au 27 juin. Celui-ci peut donc aujourd’hui attendre sereinement l’issue du scrutin, avant de décider de se racheter.

Ce fut notre stratégie face à ces trois semaines anxiogènes. 

Ceux qui ont connu l’élection de François Mitterrand le 10 mai 1981 et de son gouvernement socialo-communiste au début de son septennat se souviendont de la forte tempête boursière les jours suivants. Selon une archive de l’INA (Institut national de l’audiovisuel), seuls 10 titres sur 200 ont réussi à coter le lendemain avec une baisse de 10%.

Le reste des 190 valeurs ont finalement trouvé un équilibre les jours suivants, après un plongeon supplémentaire dépassant pour certaines 30%.

C’est l’évènement historique qui constitue un précédent. Et pour certains, il illustre les éventuelles conséquences d’une potentielle victoire du Nouveau Front Populaire. Comme toujours, l’Histoire s’est répétée et les vendeurs ont eu tort. La bourse française, au cours du premier mandat de ce président, a enregistré une des plus belles performances qui soit, avec une progression de plus de 300 % hors dividendes.

De surcroît, il convient, d’être sélectif et de détenir des titres qui ne seront pas trop pénalisés par les prochaines décisions étatiques. Attendons les faits et restons pragmatiques. Cette règle rigoureuse et de bon sens nous  semble la plus adaptée actuellement. Là aussi, les faits donnent raison à ceux qui ont fait le dos rond, même sur les secteurs les plus vulnérables. L’exemple des titres touchés par les nationalisations de 1982 démontre qu’il ne fallait pas les céder le mois suivant les élections de 1981.

Si l’on se réfère à la loi de nationalisation promulguée, le prix de rachat obligatoire proposée par la Caisse Nationale de l’Industrie (CNI), spécifiquement créée, a été la moyenne des cours cotés entre octobre 1980 et mars 1981, soit bien avant l’élection, majorée de 14 %. Les épargnants n’ont donc pas été lésés, au contraire, même s’ils ont été payés en obligations de la CNI. Avec la forte baisse des taux longs obligataires les années suivantes, l’investisseur a même pu faire une belle plus-value sur ces titres et en plus les échanger contre les sociétés privatisées après le changement de gouvernement de 1986. Patience donc !

2,1 millions  
de procurations signées pour les élections législatives, selon le ministère de l’Intérieur.

770 avions  
seront livrés par Airbus en 2024 contre une projection initiale de 800, provoquant une chute du titre de 9,41 % le 25 juin. 

Déficit budgétaire : la cigale chantera-t-elle tout l’été ?

Ce n’est pas glorieux. La France a été encore une fois mise au coin par la Commission européenne pour déficit budgétaire excessif. Notre pays fait donc partie du club des 7 cancres (Italie, France, Belgique, Hongrie, Slovaquie, Pologne et Malte) frappés par une procédure européenne. Seul lot de consolation, le bonnet d’âne a été décerné à l’Italie, dont le solde budgétaire négatif représentait 7,4 % du PIB en 2023. 

Quelles sont les origines et les conséquences de cette procédure qui peut entraîner, d’ici un an, une lourde sanction pécuniaire ? Et ce alors que les candidats promettent davantage de dépenses pour se faire élire aux élections législatives ?

Il est très surprenant de constater que déjà dans le traité instituant la communauté européenne (TCE) signé à Rome en 1957, la notion de déficit était déjà encadrée. En effet, son article 104 stipulait :

  • – Les États membres évitent les déficits publics excessifs.
  • – La Commission surveille l’évolution de la situation budgétaire et du montant de la dette publique dans les États membres en vue de déceler les erreurs manifestes. Elle examine notamment si la discipline budgétaire a été respectée.

Aujourd’hui, la procédure de déficit excessif est incluse dans l’article 126 du traité de fonctionnement de l’UE (TFE). Cette dernière confirme son attachement aux dispositions relatives au Pacte de stabilité et de croissance.

En juin 1997, les États qui souhaitent adhérer à l’euro ont signé cet engagement. Il permet de sanctionner financièrement un pays membre de la zone euro qui s’exposerait à un déficit budgétaire supérieur à 3 % du PIB. Et dont la dette publique dépasserait 60 % du PIB. Avec l’élargissement de l’euro et la crise financière de 2008, un nouveau « pacte budgétaire » a été signé en 2012. Il a pris effet au 1er janvier 2013.

Selon son article 8, la Commission européenne peut saisir la Cour de Justice pour infliger le paiement d’une somme forfaitaire ou d’une astreinte adaptée et ne dépassant pas 0,1 % de son PIB.

Soit actuellement 3 milliards d’euros pour la France.

Ce n’est pas la première fois que l’Hexagone est concerné par une telle procédure, comme le résume une communication du Sénat en mars 1998.  Dix des douze États membres de l’époque (dont l’Allemagne) ont été concernés pour la première fois en 1994. Comme toujours depuis 30 ans, les mauvais élèves ont échappé aux sanctions. Ils ont présenté des mesures rectificatives et montré leur bonne volonté pour obtenir une abrogation des procédures.

Le problème, cette fois-ci, est qu’un nouveau gouvernement siègera en France dans moins de trois semaines. Probablement avec des dépenses supplémentaires à la clé. Quelle que soit la couleur politique, celui-ci devra jongler entre les promesses, la réalité et la bonne volonté de Bruxelles. Donc des autres États membres. 

Pour autant, les investisseurs étrangers ne semblent pas, pour le moment, s’inquiéter. Ils ne se délestent pas massivement des actifs français. Ils retiennent l’exemple de l’Italie, avec l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Ainsi que la nomination de Giorgia Meloni en octobre 2022, en tant que présidente du Conseil des ministres.  

Ceux qui ont vendu la dette italienne – quand l’écart de taux entre le taux souverain italien et allemand à 10 ans dépassait 2,50% – ont eu tort. Celui-ci est graduellement revenu à moins de 1,30%, avant de se tendre de nouveau à plus de 1,50%, après les élections européennes.

Selon les derniers sondages, leur raisonnement se base sur le fait qu’aucune majorité n’émergerait à l’Assemblée nationale le 7 juillet au soir. Dans ce scénario, le nouvel exécutif ne pourrait passer que des lois de finance ou autres par activation de l’article 49-3 de la Constitution. Il convient d’être prudent à ce stade et d’attendre l’issue des urnes, avant de prendre une décision pragmatique.

Pour le moment, nous avons réduit dès le 11 juin notre exposition française. En effet, nous avons allégé les valeurs financières, les valeurs de service publique, de concession et d’énergie. Ces dernière étant potentiellement exposées à des gels de prix et des hausses de taxes.  

On constate une forte augmentation des dépenses dans les programmes des favoris. Elles devront être financées par des nouvelles taxes ou des annulations de crédits versés.

L’heureux élu devra donc faire preuve de grande subtilité entre les électeurs, les députés, les marchés et la Commission européenne. Afin que la France continue à être une cigale, qui va chanter encore plus fort cet été. Malheureusement, l’hiver prochain et l’année prochaine risquent d’être très rigoureux. 

3 440 milliards d’euros
La capitalisation boursière de Nvidia en séance le 20 juin, devenant la première mondiale

73 milliards d’euros
Le record de dividendes versés au titre de 2023 par les entreprises de l’indice CAC 40

La foudre Jupitérienne s’abat sur le Palais Bourbon

Si le résultat des élections européennes du week-end dernier n’a pas fondamentalement remis en cause les grands équilibres politiques déjà en place au Parlement Européen, c’est de notre cher pays qu’est venue la surprise dimanche soir. Avec l’annonce inattendue d’une dissolution de l’Assemblée nationale – conforme à l’esprit fondateur de la Constitution de 1958 – notre président confirme son l’attrait pour les fulgurances jupitériennes.

En résumé, c’est la première fois que le Rassemblement National (RN) remporte les élections européennes. Ces résultats remettent en question la légitimité du gouvernement.

À la suite de cette défaite historique, la majorité avait deux choix :

  • – gouverner contre la volonté des Français,
  • – ou appliquer l’article 12 de la Constitution pour rendre la parole aux citoyens par le vote.

Le Président de la République a donc choisi la seconde solution en abattant sa foudre sur le Palais Bourbon.

Les places européennes sont depuis cette décision sous la pression de l’incertitude politique française. En effet, le CAC 40 signe l’une de ses plus fortes baisses de l’année, au lendemain de la dissolution. Il a même basculé dans le rouge sur l’ensemble de 2024 en cette fin de semaine.

Au-delà du contexte politique actuel, il convient de rappeler que Standard & Poor’s a dégradé en début de mois la note souveraine de la France. La principale cause de cet abaissement : le déficit public.

En étudiant le programme du RN de 2022 présenté lors des dernières présidentielles, l’Institut Montaigne a chiffré le coût des différentes mesures pour les finances publiques à environ 120 milliards d’euros par an pour seulement, 18 milliards d’économie, soit un manque à gagner de 102 milliards par an.

Pour rappel, le déficit public français pour 2023 a été établi à 154 milliards d’euros (5,5 % du PIB). Le programme dépensier du RN, s’il était appliqué à la lettre, ferait grimper le déficit public de plus de 66 %. Et ce sans prendre en compte les conséquences qui en découleraient, à savoir la hausse des taux d’emprunt et donc l’augmentation du coût de la dette.

Les tensions sur les marchés financiers sont palpables, comme en témoigne la hausse des rendements des obligations françaises à 10 ans. Ils se sont retrouvés au plus haut de la semaine autour de 3,33 %, accentuant l’écart avec les obligations allemandes à un niveau record depuis 2017.

C’est évidemment le secteur bancaire le premier touché. Ce dernier est très sensible à la stabilité politique, qui a des conséquences directes sur la confiance des investisseurs et des consommateurs. Des décisions d’investissement pourraient être reportées dans le cadre d’un changement de majorité, affectant ainsi une croissance et une profitabilité des banques déjà fragiles.

Selon Les Échos, c’est 10 milliards d’euros de capitalisation qui se sont évaporés en deux séances. Et ce, en cumulant les trois grandes banques françaises. Les résultats remarquables du RN ont également ravivé les inquiétudes sur des potentielles nationalisations notamment des autoroutes à péage françaises ou encore des chaînes de télévision, ce qui semble très peu probable au vu des montants qu’il faudrait débourser pour cela, et du niveau de la dette française.

L’ambiance a changé en fin de semaine puisqu’il semblerait que le RN n’obtienne pas la victoire si facilement. LFI, PS, écologistes et communistes ont annoncé jeudi soir avoir scellé un « programme de gouvernement » pour accompagner des « candidatures uniques » aux législatives. Ils forment ainsi le nouveau Front Populaire.

Évidemment se pose la question de l’impact de la victoire du RN ou du Front Populaire sur l’économie française.

En cas de victoire du RN, le pays sera probablement bloqué par des syndicats. Et ceci serait très mauvais pour l’activité économique. En cas de victoire du Front Populaire, c’est un climat de défiance de la part du marché qui s’installera face à un programme économique qui s’annonce désastreux pour les dépenses publiques.

Il est un peu tôt pour se précipiter aveuglément. Il nous semble plus sage d’attendre les résultats du premier tour des élections législatives. Toujours est-il que la foudre présidentielle a frappé fort cette semaine. Si fort qu’elle a même atteint nos locaux…

Cependant, comme pour toute incertitude, cela n’est que temporaire. Un retour au calme des marchés peut prendre du temps, mais la solidité de nos entreprises reste inchangée. Nous ne pouvons qu’espérer qu’il en sera de même dans les semaines à venir pour notre cher et beau pays.

10 Mds€  

La perte de capitalisation cumulée de BNP, Société Générale et Crédit Agricole lors des séances des lundi 10 et mardi 11 juin.

70 points de base

l’écart à la clôture du jeudi 13 juin entre les rendements des obligations de l’État français et de l’État allemand, au plus haut depuis 2017.

Double baisse sur les marchés de taux…

Une fois n’est pas coutume, les marchés obligataires ont connu une double baisse depuis notre dernier édito. La première passe concrètement pour une sanction, là où la seconde a été plutôt bien perçue par les investisseurs, en dépit des incertitudes qui demeurent.

Vendredi dernier, après la clôture des marchés financiers, l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a abaissé la note long terme souveraine française d’un cran. Cette baisse, la première depuis 2013, fait passer la note de la France de AA à AA-, en raison de la détérioration de la situation budgétaire. Elle se range ainsi à l’avis de Fitch, une autre agence de notation. Moody’s reste pour le moment plus « accommodante » à Aa2, soit un cran au-dessus.

Cette réduction reflète les doutes de S&P concernant la capacité du pays à ramener son déficit public sous le seuil de 3% du PIB d’ici la fin du quinquennat en 2027. Elle se base notamment sur son estimation de la poursuite de la hausse du niveau d’endettement dans un contexte de croissance modeste pour effectuer cette évaluation. Cela mettra donc une pression supplémentaire sur le gouvernement et pourrait compliquer l’élaboration du projet de loi de finances pour l’année 2025 prévu à l’automne.

Les marchés n’ont pas réagi à la nouvelle, qui avait été anticipée de longue date, à la suite notamment de l’avertissement donné par l’agence S&P fin 2022. L’écart de rendement entre la France et l’Allemagne est donc resté sous les 0,5%, signe qu’aucune turbulence particulière n’est à observer sur les actifs financiers.

Enfin, la France comptait émettre entre 10,5 et 12 milliards d’euros d’obligations assimilables du Trésor (OAT) hier. C’est chose faite puisqu’elle a émis au maximum de la tranche via trois émissions à 10, 15 et 30 ans. Ce placement montre bien l’engouement pour le rendement offert malgré l’intervention de l’agence de notation.

La Banque centrale européenne a décidé de baisser les taux d’intérêts de 25 points de base jeudi, à la quasi-unanimité, puisqu’un seul membre se serait opposé à cette réduction. Son taux de dépôt s’établit ainsi à 3,75%. Cela marque la fin du cycle de hausses entamé en juillet 2022 et qui s’est achevé en septembre 2023. Pour mémoire, la dernière baisse de taux de la part de la BCE remonte à septembre 2019 lorsqu’elle avait fait passer son taux de -0,40% à -0,50%.

Elle revoit à la hausse ses prévisions d’inflation à +2,5% en 2024 et +2,2% en 2025, soit une hausse de 20 pb pour chaque année. Celle pour 2026 reste inchangée, à 1,9%. Côté croissance, la révision se fait dans les deux sens avec un PIB attendu à 0,9% en 2024 et 1,4% pour 2025, soit une évolution de +30 pb et -10 pb respectivement. On reste à 1,6% pour 2026.

Christine Lagarde a mentionné qu’elle n’allait pas s’avancer sur des hypothèses quant à la progression future de la politique monétaire de l’institution. Elle s’est ainsi abstenue de fournir des indices pour les mois à venir, réitérant le fait que la banque centrale resterait dépendante des données économiques qui seront publiées. Elle a d’ailleurs souligné que les prochains mois seront à risque et pourraient voir de fortes fluctuations de ces dernières. Dans ce sens, la BCE reste prête à utiliser tous les outils à sa disposition si nécessaire.

À la suite de cette intervention, les investisseurs continuent d’anticiper uniquement une baisse de taux supplémentaire pour l’année 2024. Cette dernière devrait, toujours selon eux, avoir lieu d’ici la réunion de septembre ou bien celle d’octobre.

3 100 Mds€  
La dette publique de la France

5,5 % du PIB
Le déficit budgétaire de la France en 2023

25 pb
La baisse de taux de la BCE lors de sa réunion du 6 juin 2024

L’obésité fait les choux gras du Danemark

C’est la poule aux œufs d’or ! Le traitement contre le diabète et l’obésité fait la fortune de Novo Nordisk.

La société basée à Bagsvaerd devrait connaître un triplement de son bénéfice par action en 5 ans entre 2021 et 2026, selon le consensus des analystes sur Bloomberg. Le sémaglutide est incontestablement une molécule miraculeuse. Elle devrait générer en 2026, dans sa formulation contre les deux pathologies, la somme astronomique de 275 milliards de couronnes danoises de revenus mondiaux. Soit l’équivalent de 37 milliards d’euros.

Le secret de ce succès repose sur le fait que le sémaglutide est un analogue (substance médicale qui imite les effets) de l’hormone GLP-1 (Glucagon Like Peptide 1), qui régule le taux de glycémie dans le sang.

Le double effet thérapeutique est qu’il active à la fois la sécrétion de l’insuline (qui favorise l’absorption du glucose dans le sang) et réduit la sécrétion du glucagon, (l’hormone qui augmente le taux de glycémie).

Un miracle n’arrivant jamais seul, les médecins ont observé que leurs patients avaient une sensation de satiété. Depuis, la molécule a été testée et approuvée contre l’obésité. C’est le double jackpot que récoltent actuellement Novo Nordisk et son concurrent américain Eli Lilly. En effet, ce sont les deux seules entreprises à commercialiser ce type de médicament. Et donc à même de profiter de ce duopole.

Les actionnaires se frottent les mains. En effet, l’entreprise s’est vue décernée la palme de première capitalisation boursière européenne devant LVMH depuis août dernier, désormais autour des 550 milliards d’euros. Son cours de bourse bat fréquemment des nouveaux records au-dessus des 900 couronnes danoises. Soit une progression de 68% sur un an et de 540% sur 5 ans, dividendes réinvestis.

La particularité de cette société est que Novo Holdings A/S détient 28,2% du capital et plus de 77% des droits de vote et appartient à la fondation Novo Nordisk à 100%. En plus d’être une structure de contrôle capitalistique, Novo Holdings gère également la totalité des actifs de la fondation, estimés à fin 2023 à 149 milliards d’euros détenant des participations dans 170 sociétés à travers le monde, générant 4,2 milliards d’euros de revenus et de retour sur investissement. 

Au-delà de tous ces chiffres et de l’aspect vénal, il convient de mesurer les bienfaits de cette molécule contre l’obésité. Car cette maladie chronique constitue un fléau.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé dans un rapport du 1er mars dernier, 1 personne sur 8 en 2022 dans le monde était touchée par cette pathologie. Cela représente 890 millions d’individus, dont l’indice de masse corporelle (IMC) était supérieur à 30.

Il convient de rajouter 1,7 milliards d’êtres humains en surpoids. Ceux dont l’IMC est supérieur 25 et inférieur à 30. Le marché est donc considérable et si rien n’est fait, le coût estimé de l’impact économique cumulé de l’obésité a été estimé à 3 000 milliards de dollars d’ici 2030. Ce chiffre grimpe à 18 000 milliards de dollars d’ici 2060, selon une étude économique réalisée en 2021 par le chercheur Adeyemi Okunogbe.

Dans certains pays comme la Thaïlande, cela pourrait représenter jusqu’à 4,9% du PIB en 2060. Il va donc de soi, qu’être les pionniers pour ouvrir la voie à des traitements médicaux efficients, reconnus et sollicités par la communauté scientifique, constitue un avantage important.

Il existe un troisième bénéficiaire, en dehors des actionnaires et des patients. Il s’agit de l’État danois et toutes les communautés proches des sites de Novo Nordisk.  

Selon le rapport annuel 2023 de l’entreprise, le montant de l’impôt sur les sociétés payé au royaume s’est élevé en moyenne sur les 3 dernières années à 12,2 milliards de couronnes (1,64 milliards d’euros). La contribution totale de toutes les taxes réglées s’est élevée à 21,6 milliards de couronnes (2,9 milliards d’euros).

Cette somme représente environ 0,76% du PIB ou 40% du surplus budgétaire de 3,10%. Sur le plan social, Novo Nordisk employait 64 319 personnes, dont 28 692 au Danemark à la fin de l’année dernière. Une progression de 9 134 employés dont 5 776 au Danemark.

Selon Danske Bank, la croissance du PIB pour 2024 est estimée à 2,1%, essentiellement grâce à l’industrie pharmaceutique. En 2023, le pays a connu une croissance de 1,8%. Selon l’agence danoise des statistiques, sans Novo Nordisk et ses pairs, l’activité aurait diminué de 0,10%. Novo Nordisk est donc devenu un important acteur pour le pays et suscite de l’admiration, ainsi que des inquiétudes sur son risque désormais systémique. 

Nous avons réalisé un dossier détaillé sur cette innovation médicale, n’hésitez pas à le consulter.

550 milliards d’euros
La capitalisation boursière de Novo Nordisk

2,6 milliards de personnes 
sont en surpoids ou obèses en 2022 dans le monde selon l’OMS

2,9 milliards d’euros
L’équivalent en couronnes danoises de toutes les taxes réglées par Novo Nordisk au Danemark

Palme d’or pour Nvidia !

La publication de Nvidia était de loin la plus attendue de toute la saison des résultats du 1er trimestre 2024.

Tous les projecteurs étaient braqués sur le siège social de la société de Santa Clara ce mercredi soir. Plus précisément, ils étaient braqués sur son dirigeant Jensen Huang, telle une star de cinéma qui monte les marches du tapis rouge.

Les investisseurs anticipaient de bonnes nouvelles, comme ce fut le cas des 5 trimestres précédents. Ces anticipations ont projeté le cours de l’action proche des plus hauts historiques avant même cet évènement tant attendu.

Le risque de décevoir était donc grand, face à un tel enthousiasme. Le moindre bémol dans les chiffres, dans les mots du communiqué ou de la conférence aurait pu provoquer une forte secousse du titre.

Il n’en a rien été. Et une fois de plus, le spectacle était au rendez-vous. 

À 22 heures et 20 minutes à Paris, soit après 16 heures à New-York et 13 heures en Californie, les excellentes nouvelles tombent les unes après les autres. En quelques minutes le cours de bourse a bondi de 5 % en transactions hors séance.  

Ce fut un véritable feu d’artifice de données bien supérieures aux attentes.

En un an, le chiffre d’affaires trimestriel de Nvidia a bondi de 262 % à 26 milliards de dollars. Son résultat net a été multiplié par 7 à 14,8 milliards de dollars.

Pour gâter ses actionnaires, la société augmente son dividende de 150 %. Celui-ci représente un chèque global de moins de 250 millions de dollars tous les 3 mois. Et un taux de distribution de moins de 2 %.

En réalité, le retour aux actionnaires se fait avec le programme de rachat d’actions. Ce dernier a représenté approximativement la moitié des flux de trésorerie d’exploitation, soit 7,7 milliards de dollars ce trimestre.

Nvidia se trouve dans une excellente et insolente santé financière. Elle compte plus de 31 milliards de liquidités disponibles soit 40 % du bilan financier. Contre moins de 10 milliards de dettes financières, dont à peine 1,25 milliard de dollars à court terme.

Sa rentabilité est estimée à plus de 130 % de retour sur capitaux propres pour cette année.

Toutes ces annonces ont fait flamber le titre le lendemain en séance, avec une appréciation de 9,3 % et une capitalisation boursière qui dépasse désormais les 2500 milliards de dollars. Cela conforte son rang de numéro 3 mondial après Microsoft et Apple. Nvidia se classe devant Saudi Aramco, Amazon, Alphabet et Meta Platforms. Ces 7 entités forment actuellement le club restreint des entreprises dont la valeur en bourse dépasse le seuil des 1 000 milliards de dollars. 

Quelles sont les raisons de cette histoire d’amour pour ce titre, qui s’est apprécié de plus de 109 % en 2024 et de 610 % depuis le 1er janvier 2023 ?

Tout est dit dans la première phrase du communiqué de presse. « La nouvelle révolution industrielle a commencé. Les entreprises et les nations nouent des partenariats avec Nvidia pour transformer ces traditionnels centres de données, dont les actifs représentent plus de 1 000 milliards de dollars, au calcul accéléré et bâtir ainsi une nouvelle génération ouverte à l’intelligence artificielle ».

Vous l’avez compris, les investissements des entreprises dans ce domaine pour faire face à cette nouvelle ère de l’intelligence artificielle (IA) sont loin d’être terminés. Le cycle actuel de croissance de Nvidia devrait donc continuer.

Mais probablement à un rythme moins élevé.

En effet, pour le prochain trimestre les prévisions de Nvidia ressortent à 28 milliards de dollars. Ceci représente une croissance de moins de 8 % sur trois mois.

Cela justifie le maintien du titre dans les portefeuilles, mais avec une pondération plus réduite. Le consensus de progression des revenus des analystes pour 2026 et 2027 se situe respectivement à 30 % et à 15 %. 

Pour conserver sa place de leader et préparer sa croissance future, l’entreprise a annoncé l’ouverture de la plateforme Nvidia Blackwell. Elle permet d’offrir une IA générative en temps réel, plus rapide et beaucoup plus performante. Cerise sur le gâteau, elle consomme jusqu’à 25 fois moins d’énergie.

Elle a également lancé Spectrum-X, qui permet d’accélérer les structures d’IA générative. Son budget trimestriel de recherche et de développement a augmenté de 45 % sur un an à 2,72 milliards de dollars. Cela semble considérable, mais représente désormais moins de 10,5 % des revenus contre 26 % l’année dernière. Par conséquent, cette réduction de ce ratio ne peut pas être durable si l’entreprise souhaite conserver sa palme d’or incontestée dans l’IA.   

130 %
Le retour sur capitaux propres de Nvidia estimé cette année par les analystes

610 %
La performance du titre Nvidia depuis le 1er janvier 2023

670 millions de dollars 
La valeur des 10 000 bitcoins utilisés le 22 mai 2010 pour acheter 2 pizzas