Super Tuesday et super CAC 40 !

Ce n’était pas un duel mais un massacre ! Si cela avait été une rencontre sportive, les spectateurs auraient quitté le stade avant la fin de la rencontre, tant le match était déséquilibré.

Donald Trump a écrasé Nikki Haley lors du Super Tuesday avec 855 délégués attribués contre 19 pour l’ambassadrice. Sa rivale a préféré jeter l’éponge. En effet, l’avance cumulée de Trump était trop importante (1061 contre 91). Et à un niveau très proche des 1215 délégués nécessaires pour briguer l’investiture républicaine.

Fort de ce succès et avec le soutien de la Cour suprême qui le qualifie d’éligible, le milliardaire américain est seul en lice. Il est quasiment assuré d’être officiellement nommé candidat, par son parti, le 18 juillet, pour les élections américaines du 5 novembre prochain.

Le président sortant est lui aussi engagé dans une course sans surprise. Son avance dans les primaires démocrates est également sans appel. Sauf rebondissement imprévu pour des raisons juridiques ou de santé, les électeurs américains devront, pour la seconde fois, choisir entre Joe Biden et Donald Trump pour leur prochain président. 

Historiquement, les marchés préfèrent la continuité. Ils détestent l’incertitude, réagissant positivement quand le président sortant est réélu.

Fait exceptionnel cette fois-ci, le choix des élections américaines se portera sur deux anciens présidents. Les 45ème et 46ème de l’histoire du pays. Présidents pour lesquels nous pouvons mesurer concrètement les conséquences de leur politique passée. Aussi bien sur l’activité économique du pays sur les actifs financiers.

Joe Biden, avec un taux de chômage qui est tombé à 3,5% en mars 2023, au plus bas depuis 1969, avant de remonter légèrement à 3,7%, a un bilan très positif. Donald Trump a fait réduire cet indicateur de plus de 1% (de 4,7% à 3,60%) avant la pandémie. Cette dernière a fait exploser ce chiffre à 13%, soit la donnée la plus élevée depuis la seconde guerre mondiale.

La bourse américaine a fortement progressé au cours des deux présidences. Ainsi, l’indice S&P500 a bondi de 59% avec les dividendes au 20 février 2024 sous Joe Biden, contre 68% au 20 février 2020 sous Donald Trump, avant la panique liée à la pandémie. 

Au-delà de l’aspect pécunier, le retour de Donald Trump est avant tout une mauvaise nouvelle pour notre planète. Il a annoncé vouloir se retirer une seconde fois de l’accord de Paris. Il souhaite également mettre fin au socialisme vert et couper les subventions pour la transition énergétique.

Selon le site d’information britannique Climate Brief, les États-Unis émettraient 4 milliards de tonnes supplémentaires de gaz à effet de serre d’ici 2030 en cas de réélection de Donald Trump !

Selon l’organisme EPFR, les fonds actions ESG cette année ont décollecté plus de 14 milliards de dollars toute zone géographique confondue. Dont 7,5 milliards de dollars rien qu’aux États-Unis.

Cette tendance contraste drastiquement avec les 13 milliards de dollars de collecte sur les actions américaines depuis le début d’année. La seule consolation repose sur les flux positifs de plus de 10 milliards de dollars au niveau mondial dans les fonds obligataires ESG. Qui comprennent également les fonds américains.

La désaffection est forte sur le secteur de l’énergie solaire. L’indice MAC Global Solar Energy est en baisse de quasiment 15% cette année. Un rejet de la loi I.R.A (Inflation Reduction Act), mettrait en péril le plan de 400 milliards de dollars de subventions dans la transition énergétique. Soit 1 000 milliards de dollars d’investissements. Cependant rejeter une loi nécessite une forte majorité dans les deux chambres.

Même en cas de victoire totale le 5 novembre 2024, le scénario de lois de finances rectificatives pour modifier la loi I.R.A. plutôt que de la rejeter est la stratégie la plus probable en cas de victoire Républicaine.

Dans tous les cas, l’automobile et toutes les sociétés non américaines exportatrices vers les États-Unis sont susceptibles de souffrir de probables taxes à l’importation.

Saluons le nouveau record de l’indice CAC 40 qui a franchi le seuil des 8 000 points, sous l’impulsion de valeurs sensibles à l’activité économique. La probable baisse des taux de la BCE d’ici juin, comme sous entendue par Christine Lagarde ce 7 mars, prolonge le rallye boursier…Avant l’incertitude liée aux élections de novembre prochain outre-Atlantique. 

Le vieux continent boudé par les investisseurs !

Les boursiers ont le sourire. Les indices actions dans les pays développés ont battu plusieurs fois leur record historique depuis le début de l’année.

Le CAC 40 est désormais à une encablure de la barre symbolique des 8000 points. Malgré toutes les incertitudes économiques, monétaires, sociales et géopolitiques, la patience a payé et ceux qui sont restés investis dans des actifs risqués sont les grands gagnants de l’évolution récente des marchés.

Pourtant, quand on analyse les flux internationaux communiqués dans une récente note de Barclays, le bilan est fort décevant, voire accablant pour l’Europe. En effet, depuis le début de l’année, 8,6 milliards de dollars ont quitté les marchés actions européens, alors que cette classe d’actifs, au niveau mondial, a collecté 74 milliards de dollars, dont 57 milliards ce dernier mois, ce qui est fait la plus forte collecte mensuelle depuis mars 2022. 

Comment expliquer une telle désaffection, au milieu de si bonnes performances boursières ?

Au niveau des différentes classes d’actifs, le monétaire demeure le champion indétrônable, avec 195 milliards de dollars de collecte, suivi par l’obligataire, crédité de 89 milliards. Avec 74 milliards, les actions ne sont pas ridicules et témoignent de l’attrait des investisseurs pour le risque.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la majorité de cet argent destiné aux actions  (72 %) va vers les pays émergents. Plusieurs banques centrales y ont déjà entamé un assouplissement monétaire. Le solde, soit un peu plus d’un quart (28 %), s’oriente vers les marchés des pays développés.

De ce reste, les États-Unis en captent 65 % à eux seuls, suivis par le Japon 8 %. Le reste va dans des fonds globaux ou internationaux, investis à 75 % en Amérique du Nord. Le constat est accablant, car les investisseurs étrangers, et européens – ce qui est encore plus déconcertant – n’investissent pas en Europe.

Par exemple la faiblesse de l’activité économique, qui contraste avec le fort dynamisme outre-Atlantique ou encore la vulnérabilité de notre continent aux chocs énergétiques et géopolitiques, alors qu’un conflit long et extensible y sévit depuis deux ans.

Les opérateurs de marché sont frileux et préfèrent placer leur argent, même sur des actifs risqués, dans des lieux jugés plus sûrs. Forcément, l’eldorado des « 7 magnifiques » attirent toujours davantage les convoitises, au détriment d’autres secteurs et zones géographiques.

Quelles sont donc les moteurs qui ont contribué à une performance de plus de 5 % de l’indice CAC 40 en 2023 ? Tout d’abord, ce n’est pas la fête pour tout le monde car 16 valeurs, soit 40 % du nombre d’émetteurs constituant l’indice, ont connu une baisse du cours de leur titre.

Le manque de flux a accentué la sélectivité, accentuant la dichotomie en bourse dans un monde de pénurie d’argent frais. Seulement huit ont vu une progression de leurs cours de bourse de plus de 10 %. Parmi celles-ci, et en plus des traditionnelles Hermès International et LVMH, figurent des sociétés ayant surpris positivement dans une activité historiquement plus cyclique (Safran, Schneider Electric et Publicis).

Cette année, le fait de gâter ses actionnaires par des augmentations de dividendes et surtout par des annonces de rachats d’actions supplémentaires a été salué boursièrement par un surcroît de performance.

Ensuite, les investisseurs institutionnels ont baissé le niveau de leurs liquidités dans leur portefeuille pour s’acheter les gagnants de ce début d’année. Ils ont vidé leur bas de laine en quelle que sorte. Ce n’est pas un signal très rassurant, car cette vague d’achats est par définition limitée, faute de nouvelles ressources. Autre facteur positif, les fonds spéculatifs ayant des stratégies sur des modèles quantitatifs ont également augmenté leur pondération en actions.

Alors, à quand le retour des flux ? Dans le cas où  les indicateurs économiques s’amélioreraient en Europe, avec une banque centrale qui initierait un assouplissement monétaire, nous pourrions revivre des collectes positives. Malheureusement, l’histoire a démontré que cette période idéale ne dure que quelques mois au plus. Alors patience et profitons-en le moment venu !

Nvidia transforme le Nasdaq en or !

Serait-ce l’alchimiste du XXIème siècle, capable de transformer le plomb en or ? Nvidia aurait-elle inventé la pierre philosophale, tant recherchée depuis des millénaires ?

Il semblerait que la réponse soit oui. Mais avec un procédé bien différent des temps anciens. Aujourd’hui la création de richesse se fait par l’augmentation de la capitalisation boursière. Sur ce point, un record vient d’être battu ce 22 février 2024, avec un bond de plus de 276 milliards de dollars de la valeur de l’entreprise.

Le précédent record en milliards de dollars était détenu par Meta Platforms (197 le 2 février 2024). Il était suivi par celui d’Apple (190,90 le 10 novembre 2022) et d’Amazon (190,8 le 4 février 2022).

Les bons résultats du 4ème trimestre, publiés la veille, ont fait la richesse de tous les actionnaires. Y compris celle de son président-fondateur, Jen-Hsun Huang. Désormais c’est la 21ème personne la plus riche du monde, dotée d’une fortune de 69 milliards de dollars.

L’entreprise pointe désormais au 3ème rang des capitalisations mondiales. Elle avoisine les 2 000 milliards de dollars, derrière Microsoft et Apple, mais devançant Amazon. Cette euphorie irradie positivement tout l’indice Nasdaq, qui vient de s’adjuger presque 3% en une seule séance. Soit une appréciation totale de 775 milliards de dollars, presque 500 milliards en plus que celle de Nvidia.

Tous ces chiffres donnent le tournis. L’indice phare des valeurs technologiques américaines dépasse la somme astronomique de 26 000 milliards de dollars. A titre de comparaison, le PIB des États-Unis en 2023 était de 26 950 milliards de dollars.

Evidemment, la recette de ce succès ne se trouve pas dans la transformation du plomb en or, mais plutôt dans l’art de convertir du silicium en unités de traitement graphique (GPU).

En effet, les GPU de Nvidia se sont révélées très efficaces pour les charges de travail liées à l’intelligence artificielle (IA). Il s’agit d’un juteux filon, car avec une marge brute de 76%, la société multiplie par 4 le coût de fabrication à ses clients.

Bien que l’entreprise, soit très discrète sur les volumes vendus, le produit phare est bien le H100. Ce processeur graphique est conçu pour les centres de données et son prix a atteint jusqu’à 40 000 dollars sur Ebay. Ceci car le déséquilibre entre l’offre et la demande est très grand. Les résultats financiers ont largement dépassé les attentes des analystes. Le chiffre d’affaires annuel s’est élevé à 60,9 milliards de dollars en hausse de 126% sur un an, pour un résultat net de 29,76 milliards, en progression de 581%.

L’avenir s’annonce tout aussi radieux, puisque la direction souligne que la demande reste toujours forte. En effet, nous sommes sur un point de basculement dans l’intelligence artificielle et surtout pour les produits dédiés aux centres de données (Data Center). L’avenir s’annonce tout aussi prometteur. En effet cette année Nvidia devrait franchir la barre des 100 milliards de revenus pour un bénéfice net de plus de 55 milliards.

Ces attentes sont toutefois élevées et doivent absolument se réaliser, sous peine de forte sanction du titre. Néanmoins la progression de celui-ci de plus de 58% en 2024 – en seulement 7 semaines – permet d’amortir les éventuels chocs à court terme.

On identifie actuellement deux catégories d’investisseurs.

  • Celle des prudents, qui prennent leur profit.
  • Celle des actionnaires à long terme, qui justifient la valorisation élevée du titre par une révolution technologique loin d’être achevée.

Il est évident que le « magot » fait des convoitises. Plusieurs clients de Nvidia, dont Microsoft et Google souhaitent produire leur propre puce afin de court- circuiter la société californienne de Santa-Clara.

Sur ce point Nividia dépense 8,7 milliards dollars en frais de recherche et développement. n comparaison, Microsoft en dépense 27 et 36,5 pour Alphabet (Google). Cet élément pourrait constituer un désavantage à moyen terme. Cependant le spécialiste de l’intelligence artificielle renouvelle ses produits constamment. Et il semble indispensable, avec son sous-traitant préféré le taiwanais TSMC.

Cette dépendance géographique est le maillon faible de la société, en cas de risque géopolitique et de tensions avec la Chine. Rien n’est donc joué, mais Nvidia fait bien la course en tête.

Au-delà des turbulences

Attachez vos ceintures !

En 2023, les résultats des sociétés françaises, publiés cette semaine dans l’automobile et l’aérien, ont démontré que l’activité est au beau fixe, malgré les caprices de la météo. La crise liée à la pandémie a été entièrement effacée dans ces deux secteurs.

Du côté des constructeurs automobiles, on a le sourire, aussi bien chez Renault que chez Peugeot. La firme au losange a livré 2,24 millions de véhicules, soit une hausse de 9% pour un chiffre d’affaires de plus de 52 milliards d’euros, une progression de 13%.

Cette croissance a été rentable puisque la firme de Boulogne-Billancourt affiche une marge opérationnelle record de 7,9% à 4,12 milliards d’euros et un free cash-flow (flux de trésorerie disponible) de 3 milliards d’euros. 

Stellantis a livré 6,2 millions de véhicules, à peine 7% de plus que l’an passé. Principalement à cause d’une baisse aux États-Unis liée aux grèves, pour des revenus qui ne progressent que de 6% à 189,5 milliards d’euros.

Néanmoins, le lion a gagné le match de la rentabilité, puisque la marge opérationnelle ajustée a été de 12,8%, pour un montant de 24,34 milliards d’euros et un free cash-flow de 12,9 milliards d’euros. Les investisseurs ont salué ces performances et les cours de bourse des deux titres progressaient ce jeudi de plus de 5%. 

Malgré ces succès, les discussions se sont portées sur les perspectives de cette industrie. Face aux enjeux de la transition écologique et avec l’arrivée des véhicules chinois beaucoup moins chers. Carlos Tavares, le patron de Stellantis, a confirmé sa stratégie de ne pas sacrifier ses marges, en s’ajustant au fur et à mesure des baisses de coûts.

Il a donné l’exemple de la nouvelle e-C3, proposée à partir de 23 300 euros, tout en précisant que ce modèle restait rentable. 

Dans l’aéronautique, la trajectoire est déjà bien tracée, avec une visibilité de plus d’une décennie chez Airbus. Le trafic court et moyen-courrier a entièrement retrouvé son niveau de 2019 début 2023, tandis que celui du long-courrier devrait le retrouver en 2024.

Par conséquent, la demande de nouveaux avions explose et le carnet de commandes est plus que rempli chez Airbus. Il atteint 8 598 exemplaires, pour 735 appareils livrés en 2023, avec un objectif de 800 en 2024.

Les déboires de Boeing profitent à l’européen sur le plan commercial. Toutefois, l’enjeu se porte sur l’exécution, puisque la marge opérationnelle, mesurée en termes de profits avant intérêts payés et taxes (EBIT), décline de 9,6% à 8,9%. 

Néanmoins, l’actionnaire n’est pas lésé. En effet, grâce à une progression du chiffre d’affaires de plus de 11% à 65,4 milliards d’euros, le bénéfice par action augmente de 8,7%. De surcroît, la société a proposé un dividende spécial de 1 euro en plus de celui de 1,8 euro. Toutefois, le flux de trésorerie disponible baisse à 4,4 milliards d’euros contre 4,7 en 2023. C’est un défi industriel d’honorer 554 milliards de dollars de commandes, en devant augmenter sa capacité de production et donc investir massivement au préalable. 

Sur ce point, le motoriste Safran a convaincu, avec un bond de 38% des livraisons de son modèle sobre en carburant LEAP. La performance financière impressionne, puisque que les revenus bondissent de 22% et le résultat opérationnel courant ajusté de 31%. Là encore, le flux de trésorerie disponible ne progresse que de 11%. Ce chiffre reste satisfaisant et permet de récompenser l’actionnaire, car la société a décidé de distribuer un dividende en progression de 63%.  Un joli pactole de 940 millions d’euros, auquel se rajoute 1,5 milliard d’euros de rachat d’actions. Cette générosité s’explique par des perspectives prometteuses qui conduisent l’entreprise à prévoir une livraison de moteurs LEAP en hausse entre 20 et 25% et un résultat opérationnel courant de 4 milliards d’euros.

L’attention se porte toutefois sur les capacités de production de la chaîne d’approvisionnement sous haute tension pour satisfaire les cadences imposées par les avionneurs face à cette demande explosive. En conclusion, nous ne pouvons que nous réjouir de la réussite de ces deux industries, dont les bonnes performances soutiennent et prolongent le rallye boursier en cours.

Les 35 merveilleuses, plutôt que les 7 magnifiques

C’est la prime à l’excellence !

La saison des résultats des entreprises du 4ème trimestre est bien entamée. Respectivement 59% et 43% des sociétés aux États-Unis et en Europe ont annoncé leur publication.

Il est déjà possible d’en tirer les premières conclusions. A savoir que les surprises sont positives, aussi bien au niveau des revenus que des bénéfices par action, et que la dynamique est plus forte outre-Atlantique que sur le Vieux Continent.

Autre fait important, la réaction boursière après la parution des communiqués est la plus favorable depuis trois ans. Avec des hausses bien plus importantes en nombre et en valeur que celles des baisses, c’est comme si le marché saluait enfin la performance opérationnelle.

Derrière ce premier bilan rassurant, se cachent néanmoins des bémols et de fortes disparités, qu’il convient d’analyser pour avoir la lecture la plus fine et la plus juste possible. 

Au premier abord, le tableau en Europe est médiocre, avec une contraction trimestrielle des ventes et des bénéfices par action de 7,7% et de 6,9% sur un an.

Toutefois, il convient d’isoler le secteur de l’énergie en forte décroissance, à la suite de la chute des cours et grâce à une crise énergétique avortée en 2023. Retraitée de cet effet nettement négatif, on obtient une baisse de 1,6 % des revenus et une progression de 5,8% des bénéfices par action, ce qui est beaucoup plus honorable.

Ce discernement n’est pas nécessaire aux États-Unis. Le bilan est positif dans les deux cas, avec une progression de 4% des ventes et de 5% des revenus au global et de 6% et de 8,5% hors énergie. Finalement, la révision positive des bénéfices par action est respectivement de 8% et de 2% pour les sociétés membres de l’indice S&P500 et de l’indice Stoxx Europe 600. Tous ces faits expliquent le bon comportement actuel des marchés et les récents records battus. 

Penchons-nous maintenant vers les succès de cette saison, salués par une forte appréciation de leurs cours de bourse.

On y trouve forcément des valeurs technologiques, recherchées actuellement pour leur visibilité car impactées par le boom de l’intelligence artificielle. La grande gagnant est incontestablement ARM Holdings, société anglaise qui conçoit des architectures de microprocesseurs cotée sur le NASDAQ, avec une progression du titre de 47,89% en une seule séance.

La surprise pour les investisseurs a été forte, puisque les revenus et le résultat opérationnel ne progressent que de 14 % et de 17%, malgré 7,7 Mds de puces livrées dans le monde selon leur architecture, avec de surcroît une augmentation des prévisions annuelles. On se souvient également, le 2 février, de la hausse de plus de 20% de l’action Meta, ainsi que celle de 7,87% d’Amazon. 

Cependant, je souhaiterais que l’on souligne la progression en une seule séance de 12,87% du cours de LVMH, ainsi que celle d’Adyen (+21,34%). Ceci prouve que des réussites existent en dehors des fameuses 7 magnifiques (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Meta et Tesla), que tout le monde chérit.

Même si nous aimons ces valeurs, les règles de diversification et de bon sens nous imposent de ne pas miser « tout sur le rouge » pour constituer un portefeuille.

Si l’on prend 10 années d’historique parmi les capitalisations supérieures à 100 Mds de dollars, on trouve 35 valeurs (35 merveilleuses) ayant eu une performance boursière annualisée de 20% au minimum.

Évidemment, 14 (soit 40%) sont issues de la technologie, mais on retrouve également 5 titres issus de la santé (Eli Lilly, Novo Nordisk, UnitedHealth Group, Elevance Health et Intuitive Surgical). 

Hermes International, LVMH et Christian Dior sont nos 3 représentants nationaux, champions incontestés dans le luxe. Un investisseur avisé n’aurait pas omis le secteur de la finance, en sélectionnant Progressive Corp (assurances), Blackstone, Mastercard et S&P Global Inc.

Sur les 20 dernières années, Broadcom est le grand gagnant en Occident, avec une performance annualisée de 38,8%, suivi par Apple (37,6%) et Intuitive Surgical (30,08%). Vertex Pharmaceuticals et Abbvie rentrent dans le club des performances supérieures à 20%. La seule société chinoise dans ce classement, avec 33% de performance annualisée sur 10 ans et 20 ans, est inconnue, sauf chez les amateurs, puisqu’il s’agit de Kweichow Moutai & Co LTD, un fabricant de liqueur entre 35° et 53°. 

Les Magnificent 7 semblent vouloir prendre le pouvoir sur les banques centrales

La séance de vendredi a été une nouvelle démonstration de force pour les « Magnificent 7* », ces 7 valeurs américaines qui représentent plus de 12 trilliards de dollars de capitalisation.
Vont-elles prendre le pouvoir sur les marchés financiers ?

👉 Réponse d’Amandine GERARD sur le plateau de BFM Business : visionner l’émission

* Les Magnificent 7 sont un ensemble de 7 actions américaines du secteur technologique à savoir Microsoft, Nvidia, Tesla, Meta, Apple, Alphabet et Amazon.

Pas assez de confiance et trop d’impatience !

Pas si vite !

C’est le message envoyé cette semaine au marché par les banquiers centraux et les entreprises.

Les investisseurs sont depuis plusieurs mois enfermés dans un scénario idéal de baisse rapide des taux et de croissance des bénéfices des entreprises portée par la révolution de l’intelligence artificielle. 

Jerome Powell a eu un ton accommodant, au début de sa conférence de presse de mercredi, en annonçant que la politique de durcissement monétaire adoptée depuis presque deux ans avait atteint un sommet et que vraisemblablement la Fed baisserait ses taux directeurs en 2024.

Malheureusement, il a refroidi l’ambiance par la suite en précisant que la banque centrale ne devait pas précipiter les choses pour ne pas provoquer un rebond de l’inflation. Celle-ci devait, avant tout, avoir suffisamment confiance dans les données économiques, ce qui n’est pas le cas actuellement. De ce fait, il est donc prématuré d’envisager d’amorcer un cycle d’assouplissement monétaire en mars.

Du côté des sociétés, les valeurs technologiques sont sur un nuage et ont, une nouvelle fois, fait la pluie et le beau temps sur le marché américain, en publiant leurs résultats pour la plupart d’entre elles.

Là encore, le marché croit dur comme fer dans l’eldorado de l’intelligence artificielle et est impatient de récolter les juteux profits de cette révolution technologique. Cette semaine, la salve des publications s’est déroulée mardi (Microsoft et Alphabet) et jeudi (Amazon, Meta et Apple).

La synthèse globale est que ces entreprises sont en excellente santé. La majorité d’entre elles surfent à fond sur cette nouvelle vague, en affichant des taux de croissance soutenue, avec des nuances selon leur activité.

Cependant, les attentes sont très élevées et le moindre bémol peut être sanctionné. Alphabet en a été l’illustration, avec une baisse de son titre de 7,5 %. Ceci, à la suite d’une croissance de plus de 13 % de ses revenus sur un an, une progression de 30 % de son résultat opérationnel et une marge passant de 24 à 27 %.

Les actionnaires ont été déçus par le flux de trésorerie disponible (free cash-flow) et le bénéfice par action inférieurs aux attentes. La révolution de l’intelligence artificielle va transformer l’efficacité des moteurs de recherche et la société doit continuer à y investir massivement, avec un budget en nette augmentation en 2024. 

Microsoft profite à fond de la ruée vers le cloud, c’est-à-dire de l’externalisation des données et des systèmes informatiques. Son chiffre d’affaires et son résultat opérationnel ont bondi respectivement de 18 et 33 %. Le bénéfice par action a, lui, également progressé de  33 %. En dépit de ces bons chiffres, le titre a clôturé en baisse de 2,6 % au cours de la séance suivante, à cause d’une prévision 2024 jugée prudente.

Mais que les actionnaires se rassurent, le titre progresse de plus de  7 % depuis le début de l’année et de 53 % sur un an !

Amazon et Meta ont réalisé un sans-faute, avec de belles publications, qui ont dépassé les attentes et des titres en nette progression en préouverture de la bourse du 2 février. Amazon affiche une progression de 14 % de ses revenus, mais a impressionné par son résultat opérationnel de 13,2 milliards, soit plus de 24 % au-dessus du consensus. Si les prévisions de la société sont en-dessous des attentes, l’amélioration du résultat opérationnel cette année devrait se poursuivre au-delà des espérances. Les actionnaires ont particulièrement apprécié le premier flux de trésorerie disponible, positif depuis onze trimestres, de 29 milliards de dollars. 

Meta a remporté sans aucun doute la palme de la plus belle publication, saluée par une flambée de son action de plus de 15 % en préouverture. La société de Zuckerberg publie un bond de 25 % de ses recettes, avec un doublement de la marge opérationnelle, désormais à 41 % contre 20 % l’année précédente.

Les prévisions pour le prochain trimestre sont supérieures aux attentes et la firme californienne de Menlo Park a révélé un programme d’achat d’actions de 50 milliards de dollars, ainsi que le premier dividende de son histoire. Ce versement à ses actionnaires permettra à son fondateur de toucher presque 700 millions de dollars de dividendes par an. La capitalisation boursière bondit de plus de 168 milliards. Décidemment, le ciel est bien bleu sur la côte ouest américaine !

Pas de stress, point de baisse ! Conférence BCE

La conférence de presse de la BCE est un des évènements les plus redoutés de la part des investisseurs. Et ce, surtout depuis celle du 21 juillet 2022, date du début du cycle actuel de durcissement monétaire.

Mme Lagarde est apparue tout de blanc vêtue, en harmonie avec le statu quo en vigueur sur les taux directeurs.

Depuis le dernier relèvement du 14 septembre dernier (de +0,25 %), le refrain reste le même.

« Le Conseil des gouverneurs est déterminé à assurer le retour de l’inflation à son objectif de 2 % à moyen terme. Les taux directeurs de la BCE se situent à des niveaux qui, […] contribueront fortement à atteindre cet objectif. Les futures décisions du Conseil des gouverneurs feront en sorte que ses taux directeurs soient fixés à des niveaux suffisamment restrictifs. Aussi longtemps que nécessaire. ».

Ce discours identique avait provoqué, au cours de la dernière quinzaine de l’année 2023, une hausse de l’euro contre le dollar (de 1,08 à 1,11). Il a également provoqué une légère baisse des indices d’actions européennes, qui contrastait fortement avec la hausse des bourses américaines. 

Après la conférence de la BCE d’hier, l’euro a baissé de 0,5 % et le CAC 40 a progressé de 50 points. Nous pouvons donner deux explications à ces réactions opposées aux précédentes. 

Tout d’abord, la BCE et la Fed ont, avant cette réunion, calmé partiellement les trop fortes anticipations de baisse de taux directeurs sur 2024. Fin 2023, les investisseurs anticipaient une baisse de 1,50 % du taux de dépôt de la BCE, initiée avec une forte probabilité en mars, et sûrement en avril.

Dorénavant, le consensus table sur un abaissement de -0,25 % en avril (avec 90 % de probabilité), suivie d’une autre en juin. Ensuite, la communication n’ayant pas été sensiblement modifiée, les opérateurs n’ont pas été surpris. La porte d’un assouplissement monétaire étant toujours ouverte, ce décalage dans le calendrier d’un mois importe peu. Pourvu qu’il ait bien lieu.

Ce raisonnement est valide, tant que l’économie européenne ne bascule pas plus durement en récession. Pour le moment, le scénario d’une faible contraction de l’activité tient toujours la route.

Les derniers PMI de janvier restent médiocres mais ne montrent pas de détérioration. Outre-Atlantique, la situation est bien différente, avec la publication d’une croissance du PIB pour le 4ème trimestre de 3,3 % et avec une progression de la consommation de 2,8 %.

Les indicateurs PMI sont même tous repassés en territoire positif (soit au-dessus de 50). C’est le cas aussi bien pour celui des services (52,9), que celui du manufacturier (50,3 contre 47,9 précédemment). La Fed ne devrait pas assouplir sa politique monétaire de sitôt.

Toutefois, le marché voit le meilleur des deux mondes. Il a retenu une forte détente du déflateur dans le chiffre du PIB américain (1,5 % pour l’indice nominal et 2 % pour celui  de base). La désinflation persistante permettrait aux banques centrales d’être plus tolérantes sur des indicateurs d’activité moins dynamique certes, mais toujours aussi résiliente. 

Cette situation est idéale pour les obligations (en l’absence de perspectives de forte hausse des taux longs). Elle l’est aussi pour les valeurs de croissance, parmi lesquelles les sociétés technologiques et celles du secteur du luxe.

Les premières battent régulièrement des records dopées par la flambée des résultats liée à l’intelligence artificielle. Les secondes sont dopées par une activité globalement en expansion. Les résultats de LVMH, démontrent une activité en accélération en Asie-Pacifique et dans les vins et spiritueux (+4 % de croissance organique contre -14 % au 3ème trimestre).

Tous ces éléments expliquent la bonne tenue des marchés. Cependant, il faut noter avec une forte dichotomie. En témoigne la forte baisse de Tesla, comparée au rebond de Volkswagen. Notons également les records battus de Nvidia, avec le récent repli de STMicroelectonics.

La stratégie de forte sélectivité sur les bons vecteurs est donc toujours celle à privilégier.

Revoilà Donald Trump !

On le croyait fini politiquement. Il vient de prouver tout le contraire en remportant haut la main la primaire républicaine de l’Iowa.

Les électeurs de cet État ont majoritairement choisi Donald Trump pour les représenter aux élections présidentielles du 5 novembre prochain.

Les deux autres candidats ont été relégués au second plan. Ils semblent bien loin de pouvoir rivaliser avec le « guerrier solitaire », un de ses surnoms auto attribués.

Contrairement en 2016 où il avait été battu dans ce caucus, Donald Trump apparaît comme le favori au sein de son propre parti. À l’époque, les élus républicains étaient bien loin d’adhérer aux provocations du milliardaire. Aujourd’hui, il est l’homme le mieux placé dans les sondages pour battre Joe Biden aux prochaines élections présidentielles. 

Rien n’est conventionnel avec cet homme. Ce serait la première fois, depuis Grover Cleveland en 1897, qu’un ancien président battu au suffrage précédent serait réélu.

Il faut dire que Donald Trump n’a jamais avoué sa défaite. Il a toujours revendiqué sa victoire au scrutin du 3 novembre 2020, alors qu’il figurait en tête à la fin du décompte physiques des voix.

Ce sont les votes par correspondance, qui ont fait pencher la balance en sa défaveur. Le 6 janvier suivant, des militants «trumpistes » avaient envahi le Capitole. Ils ont interrompu la session parlementaire qui devait valider la victoire de Joe Biden, en tant que 46ème président des États-Unis. Une semaine après cette intrusion illégale, Trump a subi un second vote de condamnation par le Congrès américain au cours de son mandat.

Actuellement, des procédures juridiques sont en cours (4 au pénal). Dont deux pour tentative de manipulation de résultats électoraux. La Cour suprême des États-Unis devra statuer le 8 février, en procédure d’urgence, sur l’inéligibilité et l’impunité au moment des faits de l’ancien président, après avoir accepté son recours le 5 janvier dernier. Une question bien épineuse qui pourrait être lourde de conséquences.

Souvenons-nous que, depuis le 6 novembre 2016 et jusqu’à fin septembre 2018, l’indice S&P 500 a surperformé son homologue européen (Stoxx Europe 600) de 20 % en devise locale et dividendes réinvestis.

La devise « America First » s’est avant tout traduite en  « American Market First ! ». Soit le marché américain d’abord !  Il faut dire que l’année 2018 a été la plus violente dans l’épisode de la guerre commerciale menée contre la Chine et l’Europe. Ces zones étaient les plus importantes en matière de déficit commercial. Respectivement 375 et 119 milliards de dollars en 2017.

Dès janvier 2018 et jusqu’en 2019, toute une série de taxes sur des produits importés, pouvant aller jusqu’à 50 %, ont été adoptées. En effet, rappelons que l’indice du secteur de l’automobile en Europe (Stoxx Europe 600 Automobiles et Parts) a perdu, cette année-là, plus de 26 % (dividendes réinvestis). 

Si son éligibilité est confirmée le 8 février, le marché intègrera une certaine probabilité au scénario d’un retour de Donald Trump aux commandes.

Le slogan de sa nouvelle campagne est : « Je n’arrêterai jamais de me battre pour vous. Ils ne sont pas après moi, mais après vous et je reste debout ». Parmi les cinq thèmes de son programme, figure le volet économique intitulé « Prospérité économique pour tous ». Nous pouvons y lire ses actions passées pour baisser les impôts, déréguler et protéger les travailleurs américains.

On comprend que la lutte s’orientera cette fois-ci contre l’inflation et le « socialisme vert ». Sans oublier le retour de la chaîne d’approvisionnement aux États-Unis et en finir avec la dépendance à la Chine. On peut donc en conclure qu’il déterrera la hache de la guerre commerciale et combattra la transition écologique.

Sale temps en perspective pour les autres économies et la planète !