Buy Nvidia in May, and don’t go away

Détenir l’action Nvidia au mois de mai s’est révélé bénéfique ces trois dernières années, avec une performance mensuelle de +36 % en 2023, +27 % en 2024 et +22 % en 2025. Ne pas prendre ses profits après ces belles progressions a été encore plus judicieux. En effet le titre s’est octroyé plus de 380 % depuis le 28 avril 2023. Et cela, malgré tous les soubresauts observés au cours de cette période, notamment depuis le début de l’année.

L’entreprise, leader dans l’IA (Intelligence Artificielle), domiciliée à Santa Clara en Californie, berceau de la Silicon Valley, a la particularité d’avoir un exercice annuel décalé se terminant fin janvier. Cette spécificité fait qu’elle est toujours la dernière des « 7 Magnifiques » à annoncer ses résultats, ce qui constitue en soi un événement à part entière. Son état de santé représente donc un véritable baromètre. Non seulement pour toute la thématique de l’IA, mais également pour l’ensemble du secteur technologique, avec des répercussions sur le reste de la cote.

Cette année, le jour J était ce mercredi 28 mai. C’est la date à laquelle Nvidia a publié son rapport d’activité pour le premier trimestre.
Au-delà des chiffres, les perspectives pour le reste de l’année et les commentaires du management sont encore plus importants. Ils sont donc scrutés par les investisseurs, surtout avec les incertitudes liées aux droits de douane, aux restrictions d’exportation et à une concurrence devenue plus féroce.

Quelles en sont les conclusions ? Sommes-nous à la fin d’un cycle de domination américaine ou, au contraire, à l’aube d’une nouvelle phase de développement ?
Est-il encore possible pour cette entreprise, aux performances historiques exceptionnelles, de croître sensiblement ? Elle qui a vu son chiffre d’affaires passer en seulement trois exercices annuels de 26,95 milliards de dollars en 2023 à presque 200 milliards de dollars cette année (clôturée au 31/01/2026), selon les prévisions des analystes ?

Avant toute chose, le bilan est satisfaisant. Les revenus ont progressé de 69 % sur un an glissant, atteignant 44 milliards de dollars. Et le résultat net a augmenté de 26 %, à 18,78 milliards de dollars.

L’impact de la Chine a été très négatif au premier trimestre, comme préannoncé par la société le 15 avril. Le 9 avril dernier, le gouvernement américain a instauré de nouvelles restrictions à l’exportation pour le H20, le GPU de centre de données conçu spécifiquement par Nvidia pour le marché chinois. En conséquence, l’entreprise n’a pas pu expédier 2,5 milliards de dollars de produits H20 au premier trimestre et a dû enregistrer une charge de 4,5 milliards de dollars en raison de la dépréciation des stocks et des obligations d’achat liées aux commandes reçues avant le 9 avril.

Ce montant est inférieur à ce qui était initialement prévu, certains matériaux ayant pu être réutilisés.

Si l’on exclut cette perte exceptionnelle, le bénéfice par action ajusté au premier trimestre aurait été de 0,96 $, soit supérieur au consensus des analystes, qui était de 0,93 $. Cette bonne performance explique la réaction positive du titre au lendemain de la publication.
Pour le second trimestre, les revenus sont estimés autour de 45 milliards de dollars, malgré un effet négatif supplémentaire de 8 milliards de dollars lié à la Chine. La marge brute devrait naturellement retrouver son niveau historique, supérieur à 70 %, pour se situer entre 71,8 % et 72 %.

L’annonce, le 20 janvier dernier, d’un nouveau modèle baptisé DeepSeek-R1 a jeté un pavé dans la mare et semé un énorme doute sur la domination américaine, tout en créant une gigantesque confusion chez les investisseurs autour de la thématique de l’IA.

Pour répondre à cette question, il est essentiel d’être factuel et pragmatique. DeepSeek-R1 est un LLM (Large Language Model), ou en français un Langage de Grande Taille. C’est un modèle d’IA entraîné sur d’énormes quantités de textes pour apprendre les structures, les significations et les usages du langage humain, afin de dialoguer, rédiger ou traduire des textes, entre autres. Ses concurrents directs sont donc ChatGPT, Gemini de Microsoft et Llama de Meta.

La surprise pour ces concurrents américains a été la fiabilité du modèle, ses capacités de raisonnement avancées, sa résolution de problèmes complexes, son coût et son architecture ouverte. Avantages qui le rendent attractif pour les développeurs. Ce produit les contraint à revoir tous leurs algorithmes.

Cependant, selon Jensen Huang, Président-Directeur Général et fondateur de Nvidia, même si les Chinois DeepSeek et Qwen figurent parmi les meilleurs modèles d’IA en open source, ils auront besoin d’une augmentation massive de capacité, provoquée par une demande d’inférence, mesurée plus communément en tokens. Ce besoin est estimé, à terme, à un multiple de 1 000 par rapport à la demande actuelle. Tout est donc une question d’infrastructure. Et tous les acteurs de la chaîne de l’IA devront s’y attacher, faute de quoi ils seront incapables de répondre à la demande et de proposer des produits performants.

La société souligne également l’émergence de clients souverains, tels que l’Arabie Saoudite ou les Émirats Arabes Unis, qui souhaitent détenir ces infrastructures stratégiques. C’est la raison pour laquelle nous pensons que l’émergence de nouveaux acteurs devrait, quels qu’ils soient, renforcer la position de Nvidia.

La Directrice financière, Colette Kress, a par ailleurs confirmé que les hyperscalers, ou fournisseurs de cloud hyperscale, tels que Microsoft, commandaient actuellement plus de 1 000 racks NVL72 par semaine, soit 72 000 GPU Blackwell. Ce nouveau produit est à ce jour le plus grand succès commercial de la société. Il représente actuellement 70 % des revenus dans les centres de données.
Nous sommes donc à l’aube d’une nouvelle phase de renouvellement de produits, et l’entreprise Nvidia est, une fois encore, bien positionnée.

Selon les analystes, les revenus devraient avoisiner les 200 milliards de dollars pour l’exercice en cours. Ils devraient croître jusqu’à 250 milliards l’année prochaine, et approcher les 344 milliards de dollars en 2030.

Il est évidemment encore trop tôt pour affirmer si ces estimations sont réalistes. Ce qui semble plus vraisemblable, c’est que Nvidia pourrait franchir le cap des 100 milliards de dollars de résultat net cette année. Comme Apple et Microsoft, rejoignant ainsi un club très fermé, constitué de Saudi Aramco et Alphabet l’année dernière.

Dans ces conditions, le titre reste, selon nous, à conserver en fonds de portefeuille.

44 milliards de dollars. Le chiffre d’affaires de Nvidia au 1er trimestre.

3 millions de mètres cubes de roches. Le volume qui détruit le village suisse de Blatten, suite à l’éboulement d’un glacier.

Altice : Sur la Falaise du Redressement

L’annonce, cette semaine, de la mise en procédure de sauvegarde d’Altice, propriétaire de SFR, marque un tournant dramatique dans l’histoire des télécommunications en France.

Symbole de l’innovation durant plusieurs décennies, l’opérateur traverse aujourd’hui l’une des crises les plus graves de son existence. Cette situation illustre à quel point même les géants, autrefois intouchables, peuvent chanceler face à des choix stratégiques risqués, une dette massive et une concurrence féroce.

SFR (Société Française du Radiotéléphone), fondée en 1987 par la Compagnie Générale des Eaux, s’est rapidement imposée comme un acteur majeur, lançant le deuxième réseau GSM de France dès 1992. En 1996, avec la création du groupe SFR-Cegetel, l’entreprise s’ouvre à la téléphonie fixe et à l’internet. Les années 2000 confirment son dynamisme, avec l’arrivée de la 3G en 2004 et de l’ADSL en 2007. SFR devient alors un pilier du numérique en France. 

Le virage de 2014 va profondément bouleverser son avenir. Cette année-là, Patrick Drahi, à la tête du groupe Altice, rachète SFR pour 17 milliards d’euros. Ce rachat marque le début d’une nouvelle ère, axée sur une stratégie de convergence entre télécoms et médias. Cette stratégie, fondée sur une croissance externe effrénée, alourdit rapidement la dette du groupe. En 2015, Altice atteint une capitalisation de 30 milliards d’euros, mais cette trajectoire ne tarde pas à s’essouffler. La société, qui accumule les acquisitions, creuse une dette vertigineuse.

En 2018, l’idée de renommer SFR en Altice est abandonnée. Signe que la marque SFR conserve une valeur stratégique majeure que le groupe ne peut se permettre de diluer. En 2025, la dette d’Altice dépasse les 60 milliards d’euros. SFR, dont il détient encore 55 %, est devenu l’actif clé à vendre pour éviter une implosion financière. Le groupe cherche à céder une part majoritaire de l’opérateur, estimée à environ 30 milliards d’euros (incluant la dette). Parmi les acheteurs potentiels : Bouygues Telecom, Iliad (Free), Orange, mais aussi des fonds étrangers comme KKR, STC ou Etisalat.

La procédure de sauvegarde, encore rare en France (environ 3 % des procédures collectives chaque année), permet à Altice de suspendre temporairement ses obligations financières pour restructurer sa dette. Elle offre un répit stratégique, mais révèle aussi l’ampleur des difficultés. En 2022, près de 28 % des procédures de sauvegarde en France ont fini en liquidation judiciaire. 

SFR, prise dans la tourmente, doit aussi faire face à des défis majeurs. La société a perdu 1,5 million d’abonnés mobiles en deux ans et prévoit de fermer plus de 30 boutiques dès juillet 2025 pour accélérer sa transition vers un modèle 100 % digital. Sa valorisation boursière s’est effondrée, passant de 11 milliards d’euros en 2021 à 7,1 milliards en 2024.

La méfiance des investisseurs s’installe. Sur le plan technologique, SFR a également perdu du terrain. Bien que la 5G SA (version autonome de la 5G qui ne dépend pas de l’infrastructure 4G) ait été lancée fin 2023, son déploiement reste partiel, contrairement à Orange, qui couvre déjà 70 % de la population avec ses 10 000 antennes. Cette perte de leadership renforce la nécessité de moderniser rapidement les infrastructures. À cela, s’ajoutent des failles de cybersécurité inquiétantes. SFR a récemment reconnu une fuite de données sensibles concernant ses clients (noms, coordonnées bancaires, cartes SIM), nuisant encore à la confiance, à un moment où elle cherche à séduire de nouveaux investisseurs.

L’histoire de SFR, jadis pionnière, est aujourd’hui celle d’un géant affaibli par les errements de sa maison-mère. En cherchant à s’imposer comme consolidateur européen, Altice a exposé SFR à un risque systémique. La procédure de sauvegarde d’Altice dépasse ainsi la simple restructuration financière : elle incarne l’échec d’un modèle économique basé sur l’endettement excessif et une croissance précipitée.

L’avenir de SFR est désormais suspendu à l’émergence d’un repreneur capable de porter un projet de redressement crédible. À défaut, le scénario d’un démantèlement ou d’un rachat par un concurrent devient probable. Cette situation ne concerne pas seulement un opérateur : elle reflète une crise structurelle du secteur. Dans un marché en perpétuelle mutation, la survie ne dépend plus de la taille, mais de la capacité à s’adapter avec agilité et prudence.

Les mois à venir seront donc décisifs, tant pour l’avenir de SFR que pour l’équilibre global du paysage numérique français.

700 millions de dollars.
Le don en actions de Sergey Brin le cofondateur de Google.

114 milliards.
Le nombre de pennies (pièces de 1 cent) actuellement en circulation aux États-Unis. Le gouvernement américain a annoncé la fin de la production de nouvelles pièces.

Modifications Arc Actions Santé Innovante et Enyo Convictions

Chers partenaires, chers clients,

Quelques modifications ont été apportées à notre fonds santé et Enyo Convictions :

  • Pour se conformer aux orientations de l’ESMA en matière de dénomination des fonds, l’acronyme ESG a été supprimé du nom Arc Actions Santé Innovante. Cela ne change en rien les objectifs du fonds et son niveau d’exigence en la matière. Retrouvez les informations relatives au fonds ci-dessous :

Enyo Convictions, notre fonds diversifié international, passe d’un SRI 4 à un SRI 3. Retrouvez les informations relatives au fonds ci-dessous :

Air Force One change de cap

Dans son livre intitulé « L’art de la négociation », publié en 1987 et coécrit avec Tony Schwarz, Donald Trump décrit les éléments essentiels de tout accord. En insistant sur l’importance de penser grand, de limiter la casse en cas de scénario négatif, de suivre ses instincts, d’utiliser l’effet de levier et de comprendre la demande du public. Pour lui, la publicité est essentielle à son approche commerciale et maintenir sa crédibilité en tenant ses promesses est crucial.

Force est de constater que sa méthode n’a pas changé d’un pouce après quatre décennies, même en tant que président. Il reste avant tout un homme d’affaires instinctif, aux méthodes brutales et disruptives. Depuis le 2 avril, le « jour de la libération », nous revivons un épisode typique de la vie du milliardaire. Dans le but, cette fois-ci, d’obtenir de nouvelles recettes payées par les autres nations, au bénéfice des Américains. La finalité ? Faire passer au Congrès une nouvelle loi de finance, avec à la clé, des baisses d’impôts gigantesques.

Nous venons de vivre une période d’escalade et de désescalade dans la guerre commerciale. Certes, le conflit n’est pas achevé et la mèche peut se rallumer à tout instant, car celui-ci n’est qu’en pause. Mais les évolutions penchent pour un apaisement avec des accords de principe. En attendant la signature de nouveaux traités plus favorables pour les États-Unis. En fixant un tarif universel de 10 %, avec des droits de douane supplémentaires, dits réciproques et spécifiques pour chaque partenaire commercial, le locataire de la Maison-Blanche voyait sans doute grand.

Pour ne se contenter finalement que d’une surcharge globale de 10 %, avec des exceptions et de nouveaux débouchés pour les produits américains.

Les premières annonces avec l’Angleterre et les autres pays semblent indiquer que l’objectif, tenu secret, soit atteint, voire dépassé. Selon l’accord du 8 mai avec le Royaume-Uni, les Américains ont obtenu une nette réduction des droits de douane pour leurs exportations, avec en supplément un engagement d’achat de produits agricoles et aéronautiques. En échange de cela, il a octroyé des droits de douane réduits de 10 % contre 27,50 % auparavant, uniquement sur un quota de 100 000 véhicules. Rappelons qu’avant janvier 2025, le taux en vigueur était de 2,2 %. De plus, la taxe de 25 % sur les importations d’acier anglais aux États-Unis est supprimée, sous réserve de critères respectés, contre 5,30 % en début d’année.

Après les armes, vient le temps du dialogue. Dans cette phase de désescalade, Air Force One reprend du service. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la destination n’est ni l’Europe, ni la Chine, ni le Mexique, ni le Canada, ni le Japon. Mais la péninsule Arabique.

Le nouveau plan de vol de quatre jours comprend l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Émirats Arabes Unis. Le président américain s’est transformé en VRP (vendeur, représentant et placier) de haut rang pour vendre des Boeing, des armes et des nouvelles technologies, en plus des promesses d’investissement aux États-Unis. Comme toujours, le chef des armées claironne ses succès en maximisant les chiffres. Celui-ci parle d’une tournée de plus de 3 000 milliards de dollars. On arrive effectivement à ce chiffre, lorsque l’on totalise les promesses d’investissement cumulées de l’Arabie Saoudite, du Qatar et des Émirats Arabes Unis. On est donc loin du record pour un artiste comme Taylor Swift et ses plus de deux milliards de dollars de recettes pour 149 concerts.

C’est une bonne question, étant donné que Donald Trump répète que les partenaires européens traitent mal les États-Unis. De plus, la zone euro n’achètera pas de Boeing, ni d’armes. Celle-ci devra sans doute augmenter ses importations en énergie fossile. Et probablement en produits agricoles pour amadouer Washington. Pourtant rien n’est perdu, puisque Michal Baranovsky indiquait le 15 mai, que ses discussions avec le secrétaire d’État au commerce américain étaient constructives.

Après ces derniers évènements, les marchés sont passés du scénario du pire de début avril (stagflation, soit une récession avec plus d’inflation) à celui de plus de croissance, avec une inflation maîtrisée. Dans le cas d’un accord avec le Congrès, toute la politique économique voulue par Donald Trump pourra se concrétiser et réussir. Cette nouvelle perspective conduit les investisseurs, qui avaient vendu depuis mars et surtout en avril, à se racheter sur le marché américain. Cela explique les forts rebonds sur certaines valeurs, notamment celles ayant publié des résultats solides et des prévisions favorables. 

210. Le nombre d’avions long-courrier vendus par Boeing à Qatar Airways, pour une valeur record de 96 milliards de dollars.

1 400 milliards de dollars. La promesse d’investissements aux USA sur 10 ans par Abu Dhabi.

Les marchés européens reprennent la route des records

Ce lundi 12 mai, Amandine Gérard, présidente de Financière de l’arc, est intervenue dans l’émission La Bourse Cash, de BFM Bourse.

Elle s’est penchée sur la grande forme des marchés européens. Elle a également analysé le premier accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis, la capitalisation de LVMH et Hermès, et les attentes sur les résultats de Bouygues.

👉 Découvrez la vidéo

Reprise des marchés européens Mai 2025
Reprise des marchés européens Mai 2025

Une saison des résultats réussie, mais vite oubliée

La période des publications des résultats du premier trimestre 2025 est presque achevée. Et il est déjà possible de dresser un bilan positif quasi définitif.

Ainsi, respectivement 62 % et 79 % des sociétés de l’indice STOXX Europe 600 et du S&P 500 ont battu le consensus au niveau des bénéfices par action. Ce score se situe au-dessus de la moyenne des 15 dernières années. Le moral devrait donc être au beau fixe, aussi bien chez les entrepreneurs que chez les investisseurs. Pourtant, malgré ces données fondamentales importantes pour la bonne tenue des marchés, le cœur n’y est pas et l’attention est déjà ailleurs. Comme si la page était déjà tournée. 

Pourquoi ce phénomène et où sont désormais braqués les projecteurs ?

Une fois de plus, les managements des entreprises ont été dans l’ensemble au rendez-vous. Et ce, malgré une activité qui reste assez faible, puisque les chiffres d’affaires sur un an glissant ont connu une modeste croissance de l’ordre de 2 % en Europe et de 4 % aux États-Unis. Une bonne maîtrise des coûts a permis une augmentation de la marge, même modérée, dans le vieux continent.

Les rares titres des sociétés n’ayant pas rempli leur contrat au cours du premier trimestre ont été lourdement sanctionnés. Celles qui ont battu les estimations, mais qui ont ensuite révisé à la baisse leurs prévisions annuelles l’ont été également. Toutefois, battre le consensus du premier trimestre n’a pas été suffisant pour convaincre, car celui-ci avait été sensiblement réduit avant le mois d’avril. La photo finale pour cette saison trimestrielle des résultats est donc moins réussie qu’en apparence.

L’autre particularité qui caractérise cette période est le faible pourcentage des entreprises à relever leurs prévisions annuelles (à peine 6 % en Europe). Cela explique le bon comportement des titres de ces sociétés qui font figure d’exception. Elles sont recherchées par les investisseurs.

Outre-Atlantique, on peut souligner les belles publications de Meta, Alphabet et Microsoft.

Malheureusement, approximativement 15 % des entités cotées sur l’indice STOXX Europe 600 ont également abaissé leurs anticipations de résultat annuel. Le taux de ce dernier étant bien plus important que celui des améliorations, la croissance des bénéfices par action pour l’année 2025 continue depuis plus de 9 mois à être révisée à la baisse, pour se situer désormais autour de 3 % en Europe et de 10 % aux États-Unis.

Tout d’abord, la hausse de l’euro, surtout vis-à-vis du dollar depuis début avril, impacte négativement le résultat d’exploitation de la majorité des entreprises européennes. C’est tout le contraire pour les sociétés américaines, qui anticipent déjà un effet positif de plus de 2 %.

Les tarifs douaniers sont plus que jamais au centre des préoccupations de tous les acteurs. C’est la grande inconnue qui contraint les entreprises à adopter un ton prudent sur l’évolution de leur activité. Et ce, même si une minorité d’entre elles constate réellement une baisse de leur carnet de commandes. La pause dans l’application des droits de douane américains réciproques, à l’exception de ceux pour les importations en provenance de Chine, a permis aux marchés financiers de rebondir depuis le 9 avril. Toutefois, la désescalade est somme toute loin d’être acquise et la trêve est prévue pour durer seulement 90 jours. L’échéance est donc pour le 9 juillet.

L’annonce d’un accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni est positive. Mais le taux universel de 10 % américain est maintenu. Selon le communiqué disponible sur le site de la Maison-Blanche, les importations des premiers 100 000 véhicules sur le sol américain se verront imposer une taxe réduite de 10 % et de 25 % au-delà. En échange, Londres va lever des droits de douane sur les produits agricoles. Pour en importer jusqu’à 5 milliards de dollars de plus. Une chaîne d’approvisionnement à taux réduit concerne également les produits pharmaceutiques et l’aéronautique. Une commande d’avions Boeing de 10 milliards de dollars a été aussitôt annoncée.

Le statu quo de la FED de mercredi 7 mai est une autre source de volatilité des marchés. La Banque centrale a noté un risque d’augmentation du taux de chômage et de l’inflation pour justifier la prolongation de la pause dans son cycle d’assouplissement monétaire. Cette décision a ravivé les critiques dures de Donald Trump vis-à-vis de Jerome Powell qui avaient déjà fait chuter les indices boursiers un mois auparavant. Devant autant d’inconnues, les investisseurs demeurent très craintifs et ont très peu modifié leurs allocations. Ils sont comme les entrepreneurs dans l’expectative en attendant d’y voir plus clair.

324 000 Milliards de dollars.
L’encours de dettes dans le monde à fin mars, selon The Institute of International Finance.

310.
Le nombre de votes au Bundestag obtenus au 1er tour par Friedrich Merz pour le poste de Chancelier, en dessous de la majorité de 316.

133.
Le nombre de cardinaux ayant voté au conclave pour l’élection du Pape Léon XIV.

Le jeu dangereux de Donald Trump pèse encore sur la confiance !

Ce jeudi 8 mai, Amandine Gérard, Présidente de Financière de l’arc, s’est penchée sur le premier accord commercial signé entre les Etats-Unis et Royaume-Uni. Sur le plateau de BFM Bourse, animé par Guillaume Sommerer, Amandine revient également sur le statu quo sur les taux de la Fed, la thématique de la cybersécurité en 2025 et l’allègement des règles sur l’émission de C02 dans le secteur automobile.

👉 Visionnez l’émission.

Climat de confiance et Donald Trump

Quand la fée électricité devient sorcière

C’est une énergie déjà observée par les Grecs dans l’Antiquité et dont les travaux de nombreux savants depuis le 17ème siècle ont abouti à des inventions majeures. Parmi elles, la pile de Volta en 1799, le moteur électrique rotatif en 1822 ou encore le téléphone en 1876. Et surtout la lampe incandescente de Thomas Edison en 1879.

L’électricité a été baptisée ainsi « electra » par l’Anglais William Gilbert en 1600 en référence au Grec Thalès de Milet. Il avait observé que l’ambre jaune ou « elektron » pouvait être porteuse d’une charge magnétique.

La révolution industrielle et technologique se prolonge encore aujourd’hui et améliore tellement notre quotidien et notre productivité qu’elle est devenue tout simplement indispensable. L’Homo sapiens ibérique vient de se le rappeler à ses dépens en ce lundi 28 avril 2025. Vers 12h30 une coupure géante de tout le réseau électrique paralysa toute la péninsule, soit l’Espagne et le Portugal.

Au-delà de la pagaille et du quasi-chaos vécu par la population pendant moins de 24 heures, il est peut-être temps de prendre de la hauteur et du recul pour évaluer si la stratégie du tout électrique dans un dessein noble de décarbonisation est une illusion ou un danger. Avons-nous été trop loin et peut-on vivre sans ?

Le monde s’est ainsi brusquement arrêté de tourner normalement et le temps semble s’être figé. Toutes les horloges publiques ont marqué 12h30 pendant des heures.

Plus de courant, donc plus d’internet. Ceci signifie que tous les appareils branchés sur un réseau d’alimentation et par conséquent tous les systèmes deviennent hors service. Tous les moyens de transport en commun sont devenus inutilisables : les trains, les métros et les tramways se sont immobilisés.

Même ceux fonctionnant avec une énergie fossile ne peuvent circuler normalement car bloqués au sol.

Les avions ne peuvent ni décoller, ni atterrir et les voitures ainsi que les bus évoluent sans signalisation et dans les bouchons en zone urbaine. Les ascenseurs sont bloqués avec les utilisateurs à l’intérieur.

Vous vous imaginez que l’autoroute soit la seule voie dégagée ? Que vous pourrez rouler des milliers de kilomètres, contrairement à un véhicule électrique ? C’est possible, à condition que vous puissiez franchir les barrières de péage qui ne peuvent plus se lever. Votre bonne vieille voiture thermique fonctionne toujours ? Ne soyez pas sur la réserve, car vous ne pourrez pas faire le plein d’essence étant donné que les pompes à essence sont elles aussi hors service.

Impossible de faire ses courses même si vous avez des espèces. En effet, vous ne pouvez plus payer par carte ni par téléphone et toutes les caisses ne sont plus enregistreuses. C’est l’angoisse absolue pour tous les caissiers qui doivent donc revenir au papier et au crayon. Tout à coup il va falloir compter et refaire ses additions et ses soustractions.

Ne portez pas le vice à demander une addition séparée au restaurant, car votre serveur devra revivre le supplice des divisions euclidiennes. L’instinct généralisé de survie entraîne une ruée vers le papier toilette, l’eau et surtout les piles et les batteries pour pouvoir ainsi prolonger la vie des appareils toujours utilisables.

Leurs groupes électrogènes ou autres générateurs sont conçus pour s’activer et prendre le relais dans les dix secondes. Tout va bien, ceux-ci fonctionnent le plus généralement au diesel, mais là aussi leur autonomie est comptée, certainement en jours. Plusieurs entreprises privées ont élaboré des plans de continuité qui se sont révélés efficaces.

Ainsi, la bourse de Madrid n’est pas revenue au temps de la corbeille et de la criée. Les agents de change ne se sont pas échangés les titres avec des signes en notant les opérations dans un petit carnet. Chapeau bas, car le système de cotations n’a jamais été interrompu et les moindres clients toujours connectés ont pu négocier un volume d’échanges réduit de 1,4 milliard d’euros ce jour-là contre plus de 2 milliards d’euros en moyenne.

Le constat est sans appel. Pas plus de quelques jours. Et ce, à condition que le gouvernement organise ou prenne en main la distribution des énergies fossiles afin que le transport des biens essentiels soit assuré. Sinon, il va falloir revenir au temps du cheval et de la calèche.

Fort heureusement, ce calvaire a duré moins de 24 heures. La perte pour l’économie pour moins d’une journée de travail sur plus de 250 ouvrées est donc minime et récupérable : moins de 0,3 % du PIB. En attendant, les foyers ont passé une nuit à la chandelle en mangeant froid, sauf s’ils ont pu cuisiner au gaz leur nourriture, avant que celle-ci soit avariée.

L’origine de cette panne est encore indéterminée. Les 15 gigawatts perdus en demande d’électricité, selon les données en temps réels observées sur le site internet de l’opérateur espagnols REE font l’objet d’une enquête nationale et européenne. 

-0,3%.
La baisse du PIB américain au 1er trimestre.

15 gigawatts.
La baisse soudaine de la demande électrique sur le réseau le 28 avril selon les données de REE.

70,07 milliards de dollars. 
Les revenus du dernier trimestre de Microsoft. 

Le moonwalk de Donald Trump

C’est une figure de danse popularisée par Michael Jackson. Son origine remonte au temps du célèbre mime Marceau, qui l’aurait lui-même apprise de son professeur Étienne Decroux.

Ce mouvement de danse, très « stylé », de pas glissés vers l’arrière au ralenti, tout en donnant l’impression de marcher, illustre bien la posture actuelle du président américain vis-à-vis des droits de douane et des pressions sur la Fed.

Dans un premier temps, il sème la tempête sur les marchés avec des tweets et des décrets. Dans un deuxième temps, il décide de temporiser ou de modifier son phrasé sur un média quelconque. Cette annonce rectificative peut également provenir des autres membres de son administration. Notamment par la voix ou les écrits du secrétaire d’État au Trésor Scott Bessent.

Ce dernier a beaucoup agi ces deux dernières semaines pour rassurer les investisseurs et faire rebondir les marchés actions et obligataires. Son dernier slogan choc a été « l’Amérique d’abord ne signifie pas l’Amérique seule ».

Tout cela fonctionne pour le moment, mais pour combien de temps ?

La panique provoquée par le tristement célèbre tableau des droits de douane réciproques, présenté à la Roseraie de la Maison-Blanche lors de la soi-disante journée de la libération du 2 avril, avait abouti, après une semaine, à de fortes baisses et des cours irrationnels.

La meilleure illustration est le titre Alphabet. Son cours a atteint un plus bas annuel à moins de 141 dollars le 7 avril. C’est 15 fois le bénéfice par action anticipé pour cette année.

Les solides résultats du 1er trimestre publiés hier, affichent une croissance sur un an de 12 % des revenus. A plus de 90 milliards de dollars et de 20 % du résultat opérationnel, supérieur à 30 milliards de dollars. Ceci démontre la solidité de l’entreprise dans cet environnement si incertain.

La progression de 28 % des revenus dans le cloud et un nouveau programme de rachat d’actions de 70 milliards de dollars ont rassuré les actionnaires. Il est important de noter que le géant californien a également maintenu son immense plan d’investissements de 70 milliards de dollars. Rassurant sur les craintes d’une baisse des dépenses dans l’intelligence artificielle, après le choc de la révélation du modèle à bas coût du chinois DeepSeek.

Certes, il est illusoire d’espérer revoir, tout prochainement, le titre Alphabet coter sur ses plus hauts historiques de 207 dollars de janvier dernier. Il existe actuellement trop d’incertitudes pour mesurer l’impact favorable ou non des divers changements qui interviendront ces prochains mois. Une nouvelle frénésie d’achats pour les valeurs américaines est donc, selon nous, exclue. Et ce, tant que la hache de guerre ne sera pas enterrée, ni le calumet de la paix fumé avec tous les dirigeants des autres nations. 

En réalité, la posture actuelle de Donald Trump ressemble plus au mouvement révélé en 1953 par l’artiste français, qui consistait à faire du surplace tout en donnant l’illusion d’avancer, qu’à celle du roi de la pop, qui, lui, reculait.

Dans les faits, le locataire de la Maison-Blanche laisse espérer la signature de nombreux accords commerciaux plus favorables aux États-Unis. Mais moins avantageux pour les autres pays que ceux en place actuellement. Au bout du compte, il temporise mais ne cède pas grand-chose. Le commerce mondial devra donc vivre sous la contrainte de tarifs douaniers plus élevés, même s’ils s’avèrent plus légers que ceux redoutés lors des annonces initiales.

Une modification des échanges et des investissements aura bien lieu. C’est tout le paradoxe : le marché monte dans l’espoir d’une phase de désescalade. Même si la croissance mondiale sera moindre ces prochains trimestres. C’est pour cette raison que dans cette période inconnue dans l’histoire moderne de la finance, nous ne céderons ni à la panique, ni à l’euphorie.

Les marchés devraient rester volatils ces prochaines semaines. Ils évolueront en fonction des nombreuses bonnes et mauvaises nouvelles diffusées quotidiennement, sans dessiner une réelle tendance haussière ou baissière. Dans cette configuration particulière, acheter des titres de qualité dans les phases de baisse et revendre dans les phases de rebond ceux du portefeuille jugés plus fébriles, nous semble être la stratégie la plus appropriée.

De surcroît, même s’il est encore trop prématuré pour tirer une conclusion de la saison des résultats, qui vient de débuter, les accidents sont peu nombreux. Et le consensus devrait être battu pour la grande majorité des entreprises de la cote. C’est un facteur de soutien face à cet environnement incertain et inédit depuis la première moitié du XXème siècle.

28 %.
La croissance des revenus dans le cloud d’Alphabet au 1er trimestre sur 1 an.

70 milliards de dollars.
Le montant du nouveau programme de rachat d’actions annoncé par Alphabet.

1,7 million de dollars.
Le montant dépensé par UnitedHealth Group en 2024 pour la sécurité de ses dirigeants.