Quand le luxe et la tech vont, tout va !

C’est une des semaines les plus chargées de l’année pour les analystes financiers, avec quasiment la moitié des sociétés du S&P500 et du Stoxx Europe 600 annonçant leurs résultats trimestriels. Ce fut un véritable feu d’artifice avec des tirs dans tous les sens. Prenons un peu de recul au milieu de toute cette agitation et dressons le bilan provisoire de cette saison de publications.

Celui-ci est moins pire que prévu, selon les données recensées par Barclays, avec des bénéfices par action supérieurs aux attentes de 4% et 6% respectivement en Europe et aux États-Unis. Malgré cette bonne surprise, le vieux continent reste en décroissance de 3% sur un an glissant, alors qu’outre-Atlantique, la croissance est positive.

Un début de saison de publication des résultats très contrasté

C’est la canicule à l’extérieur et la hausse de l’été dans les salles de marché !  Alors que les records de température maximale tombent à divers endroits de la planète, l’indice Dow Jones Industrial vient d’enchainer une série de 9 hausses quotidiennes consécutives.  C’est un fait inédit depuis février 2017, qui s’est produit seulement 10 fois depuis 1980.

Cet enthousiasme des investisseurs, qui dure depuis plusieurs semaines, a été renforcé depuis le dernier chiffre d’inflation américaine en nette décélération, publié le 12 juillet. Ainsi la hausse des prix sur un an glissant en juin s’est fortement contractée à 3% (contre 4% en mai), soit le niveau le plus bas depuis mars 2021. La progression raisonnable de l’indice mensuel nominal et de base, dit « cœur », de 0,2%, laisse espérer la fin de la période de forte inflation qui sévit depuis 2 ans. (…)

Consolidation des valeurs de croissance

Elles ont fait un superbe parcours depuis octobre dernier et sont un peu délaissées dernièrement par les investisseurs. Les valeurs de croissance ont été les principales contributrices de performance dans les portefeuilles ces derniers mois, dans un contexte de ralentissement, à la fois de l’activité économique et du durcissement monétaire des banques centrales.

Hier, ce scénario a pris du plomb dans l’aile, avec la publication d’un chiffre impressionnant de 497 000 créations d’emplois en juin aux États-Unis, selon l’ADP Research Institute. Il s’agit de la statistique la plus élevée depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Un fait, que ne peuvent pas ignorer les banques centrales dans leur lutte contre l’inflation, qui visaient un rééquilibrage du marché de l’emploi pour casser la spirale prix-salaires. La réaction des marchés a été immédiate, avec une forte hausse des taux obligataires sur toute la courbe des maturités de 1 à 10 ans, en plus d’une préférence pour le dollar. Si ces données sont confirmées par le chiffre du chômage de juin, les opérateurs de marché devront modifier davantage leur allocation pour être en phase avec un environnement de plus de croissance et moins de désinflation aux États-Unis.

Restrictif mais pas assez restrictif !

Les banquiers centraux font-ils une fixation sur l’inflation ? La BCE tenait, cette semaine du 26 au 28 juin, son forum annuel à Sintra au Portugal. Le thème 2023 est sans équivoque : « La stabilisation macroéconomique dans un environnement volatil d’inflation ». En plus des 28 experts du monde entier sélectionnés pour animer les conférences, tout membre d’une banque centrale, influent ou non, avait la liberté de s’exprimer.

Le moins que l’on puisse dire est que ce droit a été massivement utilisé cette année. Tels des tribuns au Sénat romain, ils se sont massivement levés pour pointer du doigt le diable qui sévit actuellement : l’inflation persistante est trop élevée.

L’aéronautique plane sur la transition énergétique

Les fans l’attendaient depuis 4 ans. Le 54ème salon du Bourget se tient actuellement et constitue la grande messe mondiale de l’aéronautique. C’est dans ce lieu mythique que Charles Lindberg atterrit en 1927, le premier vol transatlantique de l’histoire.

La ferveur est particulièrement palpable cette année, aussi bien du côté du public, que chez les exposants, car il s’agit de la première édition depuis la pandémie de 2020. Oublions la folie destructrice des hommes qui sévit en Ukraine, le militaire et le civil ont débarqué en force. Le public pourra ainsi admirer pas moins de 158 démonstrations en vol, au cours de la semaine, allant de la mythique Patrouille de France au Rafale, de l’antique biplan Stearman de Boeing aux hélicoptères NH-90 et H-665 Tigre.

Est-ce une pause ou la fin d’un cycle ?

C’est inédit depuis janvier 2022. La Réserve fédérale américaine a passé son tour, ce mercredi 14 juin, en laissant ses taux directeurs inchangés. Elle met ainsi fin à une série ininterrompue de 10 hausses, soit une augmentation totale de 5 % de ses taux d’intérêt en 18 mois. Est-ce la fin du plus fort durcissement monétaire depuis 40 ans ? La réponse est oui pour les investisseurs, non pour les membres de la Fed, qui anticipent deux hausses supplémentaires de 0,25% d’ici la fin de l’année.

Cette divergence de point de vue est cruciale pour la future performance des actifs financiers. Ainsi, L’indice S&P 500 a toujours progressé pendant les 6 mois après le dernier relèvement de la banque centrale américaine depuis 1989, au cours des 5 cycles précédents. Les performances ont varié de 1 % (en 2000) à plus de 16,6 % en 2018, sans oublier des solides rendements, hors dividendes, de 8,4 % en 2006, 11,6 % en 1995 et 10,9 % en 1989. Cette statistique favorable explique le bon comportement actuel des marchés.

Immobilier : la rénovation dame le pion au neuf !

En dépit des fluctuations économiques, l’immobilier résidentiel s’est imposé comme le secteur le plus résistant en Europe. On note une demande robuste et une croissance des prix sur la plupart des marchés. La pandémie a alimenté une préférence pour des maisons plus grandes et de haute qualité situées dans les banlieues et les zones rurales. En outre, l’immobilier résidentiel est une valeur refuge qui permet de se prémunir efficacement contre l’inflation et les risques de change.

Outre l’immobilier résidentiel, plusieurs sous-secteurs spécialisés présentent un potentiel de croissance important. La logistique, les centres de données, les sciences de la vie, les soins de santé et l’éducation ont connu une demande accrue, stimulée par des tendances structurelles telles que le commerce électronique, la numérisation, l’innovation et les changements démographiques. Ces secteurs offrent des avantages en termes de diversification et fournissent des espaces modernes et flexibles adaptés aux nouvelles technologies et aux nouveaux services.

« Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème »*

La baisse intentionnelle de l’utilisation du dollar à l’international ronge lentement les États-Unis. Ce phénomène, que l’on appelle « dédollarisation », revient progressivement sur le devant de la scène, dans un contexte de scission particulièrement marquée entre les Occidentaux et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Les récentes sanctions infligées à la Russie, gelant près de 300 milliards de dollars de réserves, marquent une fois de plus l’utilisation du billet vert comme une arme économique.

Alors que les Occidentaux envisagent désormais d’utiliser ces fonds gelés pour la reconstruction de l’Ukraine, cette prochaine étape requiert de la prudence. En effet, si le gel constitue une privation temporaire, son utilisation signifie une confiscation définitive. L’enjeu est crucial, car il est question du droit de propriété, concept essentiel pour une monnaie afin d’inspirer confiance auprès des acteurs économiques et assouvir son pouvoir.

*Citation de John Connally – secrétaire du Trésor de Richard Nixon

NVIDIA : « Simply The Best » !

Sommes-nous dans une ère de transition informatique, comme l’affirme la société ?

Nvidia vient de publier ses résultats financiers du premier trimestre, et le titre a ouvert, ce jeudi 25 mai, en hausse de 26 % à la bourse de New-York. Ce fait serait anodin si ce n’était pas la cinquième plus grosse capitalisation américaine, derrière Apple, Microsoft, Alphabet et Amazon. La création de richesse, sur la base du cours de clôture, donne le tournis : 184 milliards de dollars. Pourquoi tant d’engouement pour cette valeur, dont le titre s’est apprécié de 160 % depuis le début d’année ? Tout simplement, parce que le marché a mal estimé la croissance de chaque division de cette entreprise.

Le fardeau de la dette

L’horloge tourne et le compte à rebours a déjà été déclenché depuis plusieurs semaines. La secrétaire américaine au trésor, Janet Yellen, a averti à plusieurs reprises que les États-Unis ne disposeront plus assez de liquidités, dès début juin, pour pouvoir honorer le paiement de ses factures et de ses créanciers.

Un défaut est donc possible, faute d’un accord au Congrès pour le relèvement du plafond de la dette du pays. L’affaire est suffisamment prise au sérieux pour que Joe Biden lui-même, avec un de ses ennemis, le Républicain Kevin McCarthy, président de la Chambre des représentants, annoncent ce mercredi que le pays ne fera pas défaut, avec l’imminence d’un accord bipartisan.

Les marchés sont soulagés et saluent cette initiative par une hausse des actions, des taux, du dollar et une baisse de l’or. Sommes-nous sauvés ?