L’obésité fait les choux gras du Danemark

C’est la poule aux œufs d’or ! Le traitement contre le diabète et l’obésité fait la fortune de Novo Nordisk.

La société basée à Bagsvaerd devrait connaître un triplement de son bénéfice par action en 5 ans entre 2021 et 2026, selon le consensus des analystes sur Bloomberg. Le sémaglutide est incontestablement une molécule miraculeuse. Elle devrait générer en 2026, dans sa formulation contre les deux pathologies, la somme astronomique de 275 milliards de couronnes danoises de revenus mondiaux. Soit l’équivalent de 37 milliards d’euros.

Le secret de ce succès repose sur le fait que le sémaglutide est un analogue (substance médicale qui imite les effets) de l’hormone GLP-1 (Glucagon Like Peptide 1), qui régule le taux de glycémie dans le sang.

Le double effet thérapeutique est qu’il active à la fois la sécrétion de l’insuline (qui favorise l’absorption du glucose dans le sang) et réduit la sécrétion du glucagon, (l’hormone qui augmente le taux de glycémie).

Un miracle n’arrivant jamais seul, les médecins ont observé que leurs patients avaient une sensation de satiété. Depuis, la molécule a été testée et approuvée contre l’obésité. C’est le double jackpot que récoltent actuellement Novo Nordisk et son concurrent américain Eli Lilly. En effet, ce sont les deux seules entreprises à commercialiser ce type de médicament. Et donc à même de profiter de ce duopole.

Les actionnaires se frottent les mains. En effet, l’entreprise s’est vue décernée la palme de première capitalisation boursière européenne devant LVMH depuis août dernier, désormais autour des 550 milliards d’euros. Son cours de bourse bat fréquemment des nouveaux records au-dessus des 900 couronnes danoises. Soit une progression de 68% sur un an et de 540% sur 5 ans, dividendes réinvestis.

La particularité de cette société est que Novo Holdings A/S détient 28,2% du capital et plus de 77% des droits de vote et appartient à la fondation Novo Nordisk à 100%. En plus d’être une structure de contrôle capitalistique, Novo Holdings gère également la totalité des actifs de la fondation, estimés à fin 2023 à 149 milliards d’euros détenant des participations dans 170 sociétés à travers le monde, générant 4,2 milliards d’euros de revenus et de retour sur investissement. 

Au-delà de tous ces chiffres et de l’aspect vénal, il convient de mesurer les bienfaits de cette molécule contre l’obésité. Car cette maladie chronique constitue un fléau.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé dans un rapport du 1er mars dernier, 1 personne sur 8 en 2022 dans le monde était touchée par cette pathologie. Cela représente 890 millions d’individus, dont l’indice de masse corporelle (IMC) était supérieur à 30.

Il convient de rajouter 1,7 milliards d’êtres humains en surpoids. Ceux dont l’IMC est supérieur 25 et inférieur à 30. Le marché est donc considérable et si rien n’est fait, le coût estimé de l’impact économique cumulé de l’obésité a été estimé à 3 000 milliards de dollars d’ici 2030. Ce chiffre grimpe à 18 000 milliards de dollars d’ici 2060, selon une étude économique réalisée en 2021 par le chercheur Adeyemi Okunogbe.

Dans certains pays comme la Thaïlande, cela pourrait représenter jusqu’à 4,9% du PIB en 2060. Il va donc de soi, qu’être les pionniers pour ouvrir la voie à des traitements médicaux efficients, reconnus et sollicités par la communauté scientifique, constitue un avantage important.

Il existe un troisième bénéficiaire, en dehors des actionnaires et des patients. Il s’agit de l’État danois et toutes les communautés proches des sites de Novo Nordisk.  

Selon le rapport annuel 2023 de l’entreprise, le montant de l’impôt sur les sociétés payé au royaume s’est élevé en moyenne sur les 3 dernières années à 12,2 milliards de couronnes (1,64 milliards d’euros). La contribution totale de toutes les taxes réglées s’est élevée à 21,6 milliards de couronnes (2,9 milliards d’euros).

Cette somme représente environ 0,76% du PIB ou 40% du surplus budgétaire de 3,10%. Sur le plan social, Novo Nordisk employait 64 319 personnes, dont 28 692 au Danemark à la fin de l’année dernière. Une progression de 9 134 employés dont 5 776 au Danemark.

Selon Danske Bank, la croissance du PIB pour 2024 est estimée à 2,1%, essentiellement grâce à l’industrie pharmaceutique. En 2023, le pays a connu une croissance de 1,8%. Selon l’agence danoise des statistiques, sans Novo Nordisk et ses pairs, l’activité aurait diminué de 0,10%. Novo Nordisk est donc devenu un important acteur pour le pays et suscite de l’admiration, ainsi que des inquiétudes sur son risque désormais systémique. 

Nous avons réalisé un dossier détaillé sur cette innovation médicale, n’hésitez pas à le consulter.

550 milliards d’euros
La capitalisation boursière de Novo Nordisk

2,6 milliards de personnes 
sont en surpoids ou obèses en 2022 dans le monde selon l’OMS

2,9 milliards d’euros
L’équivalent en couronnes danoises de toutes les taxes réglées par Novo Nordisk au Danemark

Palme d’or pour Nvidia !

La publication de Nvidia était de loin la plus attendue de toute la saison des résultats du 1er trimestre 2024.

Tous les projecteurs étaient braqués sur le siège social de la société de Santa Clara ce mercredi soir. Plus précisément, ils étaient braqués sur son dirigeant Jensen Huang, telle une star de cinéma qui monte les marches du tapis rouge.

Les investisseurs anticipaient de bonnes nouvelles, comme ce fut le cas des 5 trimestres précédents. Ces anticipations ont projeté le cours de l’action proche des plus hauts historiques avant même cet évènement tant attendu.

Le risque de décevoir était donc grand, face à un tel enthousiasme. Le moindre bémol dans les chiffres, dans les mots du communiqué ou de la conférence aurait pu provoquer une forte secousse du titre.

Il n’en a rien été. Et une fois de plus, le spectacle était au rendez-vous. 

À 22 heures et 20 minutes à Paris, soit après 16 heures à New-York et 13 heures en Californie, les excellentes nouvelles tombent les unes après les autres. En quelques minutes le cours de bourse a bondi de 5 % en transactions hors séance.  

Ce fut un véritable feu d’artifice de données bien supérieures aux attentes.

En un an, le chiffre d’affaires trimestriel de Nvidia a bondi de 262 % à 26 milliards de dollars. Son résultat net a été multiplié par 7 à 14,8 milliards de dollars.

Pour gâter ses actionnaires, la société augmente son dividende de 150 %. Celui-ci représente un chèque global de moins de 250 millions de dollars tous les 3 mois. Et un taux de distribution de moins de 2 %.

En réalité, le retour aux actionnaires se fait avec le programme de rachat d’actions. Ce dernier a représenté approximativement la moitié des flux de trésorerie d’exploitation, soit 7,7 milliards de dollars ce trimestre.

Nvidia se trouve dans une excellente et insolente santé financière. Elle compte plus de 31 milliards de liquidités disponibles soit 40 % du bilan financier. Contre moins de 10 milliards de dettes financières, dont à peine 1,25 milliard de dollars à court terme.

Sa rentabilité est estimée à plus de 130 % de retour sur capitaux propres pour cette année.

Toutes ces annonces ont fait flamber le titre le lendemain en séance, avec une appréciation de 9,3 % et une capitalisation boursière qui dépasse désormais les 2500 milliards de dollars. Cela conforte son rang de numéro 3 mondial après Microsoft et Apple. Nvidia se classe devant Saudi Aramco, Amazon, Alphabet et Meta Platforms. Ces 7 entités forment actuellement le club restreint des entreprises dont la valeur en bourse dépasse le seuil des 1 000 milliards de dollars. 

Quelles sont les raisons de cette histoire d’amour pour ce titre, qui s’est apprécié de plus de 109 % en 2024 et de 610 % depuis le 1er janvier 2023 ?

Tout est dit dans la première phrase du communiqué de presse. « La nouvelle révolution industrielle a commencé. Les entreprises et les nations nouent des partenariats avec Nvidia pour transformer ces traditionnels centres de données, dont les actifs représentent plus de 1 000 milliards de dollars, au calcul accéléré et bâtir ainsi une nouvelle génération ouverte à l’intelligence artificielle ».

Vous l’avez compris, les investissements des entreprises dans ce domaine pour faire face à cette nouvelle ère de l’intelligence artificielle (IA) sont loin d’être terminés. Le cycle actuel de croissance de Nvidia devrait donc continuer.

Mais probablement à un rythme moins élevé.

En effet, pour le prochain trimestre les prévisions de Nvidia ressortent à 28 milliards de dollars. Ceci représente une croissance de moins de 8 % sur trois mois.

Cela justifie le maintien du titre dans les portefeuilles, mais avec une pondération plus réduite. Le consensus de progression des revenus des analystes pour 2026 et 2027 se situe respectivement à 30 % et à 15 %. 

Pour conserver sa place de leader et préparer sa croissance future, l’entreprise a annoncé l’ouverture de la plateforme Nvidia Blackwell. Elle permet d’offrir une IA générative en temps réel, plus rapide et beaucoup plus performante. Cerise sur le gâteau, elle consomme jusqu’à 25 fois moins d’énergie.

Elle a également lancé Spectrum-X, qui permet d’accélérer les structures d’IA générative. Son budget trimestriel de recherche et de développement a augmenté de 45 % sur un an à 2,72 milliards de dollars. Cela semble considérable, mais représente désormais moins de 10,5 % des revenus contre 26 % l’année dernière. Par conséquent, cette réduction de ce ratio ne peut pas être durable si l’entreprise souhaite conserver sa palme d’or incontestée dans l’IA.   

130 %
Le retour sur capitaux propres de Nvidia estimé cette année par les analystes

610 %
La performance du titre Nvidia depuis le 1er janvier 2023

670 millions de dollars 
La valeur des 10 000 bitcoins utilisés le 22 mai 2010 pour acheter 2 pizzas

La « Magnificent » Taylor Swift de l’industrie musicale

C’est l’artiste contemporaine de tous les superlatifs. La chanteuse Taylor Swift, élue personnalité de l’année 2023 par Time Magazine, affole tous les compteurs.

Elle est actuellement par analogie la « Magnificent » de l’industrie musicale, comme le sont les 7 magnifiques du Nasdaq. Pour rappel il s’agit de Microsoft, Nvidia, Amazon, Tesla, Alphabet, Apple et Meta Platforms.

Selon le média américain Billboard, les revenus musicaux globaux (ventes de billets de concert, de places de cinéma, d’albums, les droits sur les téléchargements, les consultations vidéo et les droits d’auteur) générés par la star ont dépassé 1,8 milliard de dollars l’année dernière.

On parle même d’une Swift-économie hyper puissante. La U.S. Travel Association a estimé, en septembre 2023, l’impact économique de sa tournée en 5 mois à 5 milliards de dollars. Billboard évoque la somme astronomique de 10 milliards de dollars pour une année pleine.

Ce chiffre étourdissant inclut les ventes de billets de concert et de voyage, de produits dérivés ainsi que les dépenses en logement, en nourriture et en visites touristiques sur place.

6 concerts de Taylor Swift étaient programmés en 2023. Du 9 au 12 mai à Paris et du 2 au 3 juin à Lyon. Dès l’ouverture de la billetterie le 23 juin 2023, plus d’un million de personnes se sont pré-inscrites pour chaque tour de chant parisien, saturant ainsi les sites de réservation en ligne, pour avoir la chance d’obtenir une place dont le prix maximal était fixé à 245,50 euros. Les entreprises, détenant des loges privées dans les 2 salles de concert en ont fait un événement commercial pour leurs clients privilégiés.  

Pourtant Taylor Swift a connu les vaches maigres à ses débuts. En effet, l’artiste a émergé dans un secteur en pleine crise, avec son premier album en 2006. Le modèle économique actuel n’a rien à voir avec celui qui prévalait jusqu’en 2000. Auparavant, l’industrie musicale vivait quasiment des ventes physiques (disques en vinyle et CD).

Dans ce cas précis, c’est la digitalisation avec la création du format MP3, permettant la numérisation des bandes audio dans des fichiers comprimés, qui en est la cause. Le lancement de l’iPod par Apple en octobre 2001, a été l’accélérateur du déclin des revenus de l’industrie musicale.

Pour mémoire, le chiffre d’affaires mondial du secteur a ainsi atteint un pic de plus de 24 milliards de dollars en 1999. Avant une descente aux enfers jusqu’en 2014 avec un point bas de 14,1 milliards de dollars.

La forte croissance des téléchargements et des ventes digitales a pu inverser cette tendance négative seulement au bout d’une décennie, malgré la poursuite de la baisse des revenus physiques jusqu’en 2020. Le point haut précédent de 1999 n’a pu être battu qu’en 2021. Le marché mondial de la musique totalise désormais plus de 26 milliards de dollars.

Dans cette industrie désormais florissante, la source des revenus d’une superstar est aujourd’hui totalement différente de celle de Michael Jackson. En effet, depuis les années 80, son album « Thriller » détient toujours le record absolu avec plus de 66 millions d’exemplaires physiques vendus.

À titre de comparaison, le tube « Shake it off » de Taylor Swift enregistre à peine 10 000 exemplaires physiques vendus. Son plus gros succès, la chanson « Love Story » enregistre 56 000 unités vendues. Certains de ses albums n’ont même pas été commercialisés en CD ni en vinyle dans certains pays.

En revanche, selon le média ChartMasters, la totalité des ventes digitales d’albums s’élève à plus de 56 millions d’unités. Dont 11 millions pour « 1989 ». La « Taylor Swift Mania » se mesure en réalité avec le nombre de téléchargements, qui s’élève à 52 milliards de streaming audio – presque exclusivement sur la plateforme Spotify – et à 37 milliards de consultations vidéo sur la chaine You Tube. Selon différentes sources, Spotify reverserait à l’artiste 0,004$ par téléchargement, ce qui totaliserait la coquette somme de 208 millions de dollars depuis le début sa carrière.

La Superstar, qui est leader actuel du hit parade Billboard Artist 100, où elle totalise 108 semaines en tête de ce classement,  est bien actuellement l’artiste musicale la plus influente. On devrait donc parler de « Swift-Power », car son pouvoir d’influence aussi bien sur les modes de consommation, que sur l’opinion publique peut être immense. Celle-ci a créé son propre label, pour réenregistrer tous ses albums conservant ainsi le pouvoir absolu sur ses droits d’auteur.

1,8 milliard de dollars.
Les revenus musicaux globaux sur les titres et concerts de Taylor Swift en 2023

– 10 milliards de dollars.
L’estimation de l’impact économique de la tournée « Eras Tour »

52 milliards de téléchargements audio
sur les plateformes musicales

    Le grand troc entre la France et la Chine

    On se croirait au XIXème siècle, au temps des traités entre la Chine et l’Occident. Ceci à un détail près : l’empire du Milieu est aujourd’hui en position de force pour négocier.

    C’en est fini des accords défavorables, comme celui de la Convention de Pékin d’octobre 1860. En ce temps, le défait empereur Hien Fong de la dynastie mandchoue des Qing avait dû – sous la contrainte – ouvrir le commerce aux étrangers et consentir d’importantes indemnités à la France et à la Grande-Bretagne.

    Aujourd’hui, les chiffres parlent d’eux même.

    Selon le Bureau National des Statistiques de la Chine, les échanges commerciaux extérieurs ont totalisé, en 2023, la somme astronomique de 41 757 milliards de yuans. Soit l’équivalent de 5 881 milliards de dollars, pour un excédent net de 5 788 milliards de yuans (815 milliards de dollars).

    Les 6 principales nations occidentales (États-Unis, Allemagne, Royaume Uni, France, Italie et Canada) ont individuellement un déficit commercial avec la Chine. Il en est évidemment de même pour l’Union européenne, où le solde est passé d’une balance équilibrée au début des années 2000 à un déficit de 418 milliards de dollars en 2022. 

    Le dirigeant chinois Xi Jinping était en visite d’État en France les 6 et 7 mai. Il a été accueilli avec les plus grands honneurs par le président français.

    Officiellement, cette venue célébrait le 60ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine.

    Beaucoup d’entre nous n’étaient pas encore nés, mais la France gaullienne eu l’audace, le 27 janvier 1964 et en pleine guerre froide et 10 ans après la défaite de Diên Biên Phu en Indochine, de reconnaître uniquement la République Populaire de Chine.

    Les relations diplomatiques avec l’autre République de Chine, installée à Taïwan après la défaite des forces de Chiang Kaï-shek face à celles de Mao Zedong, ont été rompues au profit de partenariats économiques. Cette île fut pourtant officiellement rétrocédée à la République de Chine le 25 octobre 1945, après la capitulation du Japon dans la seconde guerre mondiale. Ceci avait mis fin à une occupation nippone qui remontait à 1895, selon les termes du traité de Shimonoseki, concédant à perpétuité Taiwan après une nouvelle défaite des troupes de l’Empereur de la dynastie des Qing. 

    Mettons l’histoire de côté. Même si elle est toujours importante pour comprendre l’actualité. Passons également sur le programme des célébrations prévu par les deux nations tout au long de l’année. Concentrons-nous uniquement sur l’aspect économique.

    Selon les douanes françaises, le déficit commercial de la France avec la Chine a été de 46,2 milliards d’euros en 2023, contre 54,2 milliards d’euros en 2022.

    Sur un an glissant (d’avril 2023 à mars 2024), les principaux contributeurs positifs à cette balance commerciale sont :

    • les produits de la construction aéronautique et spatiale (5 milliards d’euros),
    • le segment cuir, bagages et chaussures (2,5 milliards d’euros)
    • les produits pharmaceutiques de base (1,9 milliards d’euros),
    • les boissons (1,43 milliards d’euros)
    • et les produits de la culture et de l’élevage (1,42 milliards d’euros).

    De l’autre côté du spectre, les principaux contributeurs négatifs sont :

    • le matériel électrique (7,1 milliards d’euros),
    • les ordinateurs et équipements périphériques (7 milliards d’euros),
    • les téléphones et équipements de communication (6,8 milliards d’euros)
    • et les articles d’habillement (5,3 milliards d’euros).

    Les produits de la construction automobile ne représentent qu’une contribution négative de 2,9 milliards d’euros, mais retiennent toutes les attentions. En effet, la Commission européenne a ouvert une enquête antisubventions sur les importations de véhicules électriques à batterie (VEB) en provenance de Chine le 4 octobre 2023.

    Selon les Echos, l’industrie automobile chinoise aurait touché plus de 60 milliards de dollars de subventions publiques entre 2009 et 2019. Permettant à la Chine de devenir un champion mondial. Dans l’hypothèse où les constructeurs chinois s’adjugent la majorité du marché français en 2035 cela représenterait plus de 900 000 véhicules (sur la base de 1,8 millions de véhicules en 2023). Cette déferlante peut être estimée à plus 18 milliards d’euros pour un prix moyen de gros de 20 000 euros par unité.

    Les différents contrats signés cette semaine, sont un gage de bonne volonté. Mais ils ne pourront malheureusement pas réduire sensiblement le déficit commercial de la France.

    Double Ippon des Nippons contre la spéculation

    9 000 milliards de yens, soit l’équivalent de 57 milliards de dollars, c’est la somme colossale dépensée par le ministère japonais des finances pour soutenir sa monnaie cette semaine.

    Fortement malmenée depuis quelques jours, la devise nippone accumule les séances négatives. Elle affiche une baisse de 35 % contre le dollar depuis début 2021 et atteint un plus bas depuis 1990.

    C’en était trop pour le pays du soleil levant, qui a décidé d’intervenir les 29 avril et 1er mai pour casser la spéculation

    Pourquoi une telle intervention et sera-elle un succès ou un échec ?

    Le Japon n’est pas un pays développé comme les autres. Depuis l’éclatement de la bulle immobilière au début des année 90, cet État s’était enfoncé dans la déflation et une crise larvée accentuée par une baisse de la démographie.

    Il a fallu plusieurs plans massifs, notamment appelés « Abenomics », pour relancer l’activité économique. Néanmoins, l’inflation était restée toujours faible, voire négative pendant 14 années entre 1999 et 2021.

    Alors, quand la Fed américaine entamait en 2021 son cycle de durcissement monétaire le plus fort depuis plus de 40 ans, la Banque du Japon était restée passive trop contente de voir enfin ce fléau de déflation disparaître, avec – enfin – une hausse des prix de 2,5 % en 2022.

    Cette dichotomie de politique monétaire a provoqué un écart très important des taux directeurs entre les deux pays. Ils se portent à 5,4 % actuellement, après un pic de 5,6 % en mars, au plus haut depuis 2007.

    Cette situation paradoxale fait des heureux. Les investisseurs qui procèdent à des opérations dites de portage ou de « carry trade ». Elles consistent dans ce cas précis à emprunter en yen à des taux quasi nuls pour placer en dollar, avec une forte rémunération.

    Notons que cette pratique n’est pas adoptée uniquement par des spéculateurs. Les Japonais eux-mêmes se prêtent à l’exercice, heureux d’investir leur argent à l’étranger pour percevoir des intérêts élevés.

    Cet exercice n’est pas sans danger, puisqu’il fait courir à l’épargnant un risque de change. Dans le cas où des milliers d’investisseurs vendent du yen pour acheter du dollar, le risque se transforme en gains, puisque la devise américaine s’est fortement appréciée.

    Ces derniers jours, la hausse du dollar s’est même accélérée. Ceci fait suite à l’absence de commentaires du gouverneur de la Banque du Japon sur le change, après la réunion de politique monétaire du 26 avril. Il fallait agir et c’est ce qu’il s’est passé.

    La contre-attaque s’est déroulée en deux temps. Alors que les opérateurs s’attendaient à une intervention aux alentours des 155 yens pour un dollar, rien n’arriva. Ceux-ci se sont engouffrés dans la brèche pour propulser la paire vers les 160. Grave erreur, car le piège se referma contre eux, avec une double intervention massive de la Banque du Japon les 29 avril et 1er mai, réussissant à faire baisser la devise de l’Oncle Sam à 154 yens pour un dollar.

    Depuis, la spéculation a continué de se dégonfler, capitulant en coupant ses pertes devant ce Goliath beaucoup plus fort qu’eux.

    Ce n’est pas la première fois que la Banque du Japon procédait à une telle intervention.

    Après 11 ans de laisser-faire, une première action eu lieu – en vain – le 22 septembre 2022 au niveau de 145. Ce fut un fiasco, et s’ensuivit la poursuite de la hausse du dollar à 152, soit un plus haut contre le yen depuis 32 ans.

    Devant cet affront, les Nippons réagissaient une nouvelle fois par une double intervention les 21 et 24 octobre suivants, dépensant ainsi la somme colossale cumulée de 12 800 milliards de yens, soit plus de 80 milliards dollars. Une fois la spéculation calmée, le dollar avait reflué de 16% jusqu’en janvier 2023. Cette période de soulagement de 3 mois n’a été que temporaire et possible, grâce à des chiffres économiques américains faibles. On peut donc anticiper la même chose pour la baisse actuelle du dollar. Si les deux banques centrales ne réduisent pas cet écart de taux directeurs, les opérations de portage continueront.  La Banque du Japon devra donc choisir entre relever davantage ses taux ou puiser dans ses réserves de change gigantesques de 1 291 milliards de dollars à fin mars, pour faire tomber les investisseurs sur le tatami. 

    Saison des résultats : comment gagner de l’argent avec des mots ?

    La communication est aussi importante que les chiffres, même en finance. Voici plusieurs éléments pour illustrer ces propos.

    Nous venons de vivre la semaine la plus chargée de la saison des résultats du premier trimestre, avec la publication respective de 183 et de 129 entreprises faisant partie de l’indice S&P 500 et de l’indice Stoxx Europe 600.

    Depuis le début de cette période – commencée il y a 3 semaines – le bilan provisoire est positif mais contrasté. Tout d’abord, on peut constater un net avantage du côté américain. En effet, 79% des sociétés ayant communiqué ont battu les estimations de bénéfice par action contre 54% en Europe. La progression totale sur un an glissant est de 6% outre-Atlantique contre une contraction de 8% sur le Vieux continent.

    Saluons également les belles progressions du chiffre d’affaires publié. C’est le cas pour Hermes International (+12,6%), AstraZeneca (+19%), Microsoft (+17%) et Alphabet (+15%).

    Pourtant les cours de bourse de ces titres ont réagi différemment, pas uniquement en fonction des attentes, mais également en fonction des mots clés guettés par les investisseurs. Encore plus surprenant, les titres de Tesla, de Saint-Gobain et de Nexity ont nettement progressé. Malgré une baisse respective de leurs revenus de 9%, de 8,5% et de 14%…

    Les attentes des opérateurs de marché varient selon de nombreux paramètres et notamment selon le contexte économique et monétaire.

    Dans une période de reprise de l’activité – comme le témoignent aujourd’hui les derniers indicateurs PMI en zone euro – les investisseurs sont particulièrement sensibles aux valeurs dites de « retournement ». En effet, elles sont à l’aube d’un nouveau cycle de progression des ventes et des profits.

    Dans ce cas précis, le mot clé est « point bas » comme l’ont brillamment utilisé Saint-Gobain et Nexity dans leur communiqué. Encore plus fort, Tesla, passé maître dans les annonces retentissantes, a su glisser le mot magique « intelligence artificielle » pour son futur nouveau modèle.

    Le cours de bourse a clôturé le lendemain sur une hausse de 12,16%. Et ce malgré des revenus et des bénéfices inférieurs aux attentes et un free cash-flow négatif de 2,5 milliards de dollars, avec un investissement de plus d’un milliard de dollars dans l’intelligence artificielle.

    Ce même type de besoins a fait vaciller Meta. Le cours de bourse a perdu 10,89% au lendemain d’une communication solide et au-dessus des attentes, avec une hausse de 27% des revenus et de 114% du bénéfice par action. Mais cette communication était extrêmement maladroite. En effet, la société a relevé la borne basse de ses prévisions de dépenses annuelles de 94 à 96 milliards de dollars. Pourtant, aucun analyste n’a révisé en baisse ses estimations de bénéfice par action, désormais à plus de 20 dollars.

    De facto, il aurait été plus habile pour Meta de relever ses attentes annuelles en termes de résultat net, y compris en incluant cette progression des dépenses.

    Cela aurait sans-doute évité cette contre-performance, dans un contexte où la tendance est plutôt de réduire les valeurs dites de croissance dans un portefeuille au profit des valeurs plus cycliques, malgré une valorisation du titre relativement raisonnable à plus de 22 fois les profits de 2024.

    Pourtant, Meta s’était largement démarqué le trimestre précédent, après l’annonce le 1er février dernier du premier dividende de l’histoire de la société et d’un programme de rachat de titres de 50 milliards de dollars.

    La capitalisation boursière avait bondi de 168 milliards de dollars en une seule séance ! Cette superbe recette a été retenue par Alphabet, dont le cours a ouvert en hausse de 11% aujourd’hui, à la suite d’une annonce hier soir d’un premier dividende trimestriel de 20 cents, soit un rendement de moins de 0,50% et surtout d’un programme de rachat d’actions additionnel de 70 milliards de dollars.

    Comme quoi, on ne se trompe jamais en augmentant le retour aux actionnaires, quelle que soit la forme !

    Le bluesky scénario reste inchangé sur les semi-conducteurs !

    Ce lundi 22 avril, Amandine Gérard, présidente de La Financière de l’arc, s’est penchée sur le bon potentiel des semi-conducteurs et leurs besoins d’investissement sur le long terme.

    Malgré leur récente chute en bourse, Amandine nous explique pourquoi le bluesky scénario reste inchangé sur le secteur des semi-conducteurs.

    Visionner l’émission BFM Bourse présentée par Guillaume Sommerer.

    Carlos Tavares est-il le Kylian Mbappé de l’automobile ?

    Dans le monde du football, Kylian Mbappé est souvent comparé à des légendes du ballon rond. Son talent étincelant fait de lui l’une des stars les plus brillantes du sport. Dans le monde des dirigeants de l’automobile, une autre figure suscite de telles comparaisons : Carlos Tavares.

    Le directeur général du géant Stellantis a accumulé 126 millions d’euros de rémunération depuis 2021.

    En début de mois, trois agences de conseil aux actionnaires ont appelé à voter contre la résolution visant à approuver le salaire de Carlos Tavares. Ce dernier s’élève à 36,5 millions d’euros pour 2023.

    La société de conseil ISS affirme que la rémunération du DG de Stellantis est presque sept fois plus importante que le salaire médian de ses pairs européens. Même constat pour l’agence Proxinvest. Elle révèle qu’au sein des dirigeants du CAC 40, la médiane est à 5 millions d’euros de rémunération. Cette dernière atteint 15 millions aux États-Unis.

    Malgré toute cette agitation, les actionnaires du groupe, réunis en assemblée générale le 16 avril, ont approuvé à 70,2 % la rétribution totale de Carlos Tavares.   

    Pourtant, celle-ci reste bien en-deçà de celle d’une superstar du football comme Mbappé, dont le salaire annuel minimum s’élève à environ 72 millions d’euros.  L’économie du football offre un éclairage intéressant sur cette comparaison. Alors que le Parisien attire des foules avec ses dribbles et ses buts spectaculaires, Tavares jongle avec une responsabilité immense en dirigeant l’une des plus grandes entreprises automobiles au monde. La vie d’un DG d’une entreprise de cette envergure n’est pas sans défis et ses responsabilités sont colossales, notamment en ce qui concerne la gestion d’une main-d’œuvre mondiale (258 275 employés fin 2023), la navigation à travers les eaux tumultueuses de l’industrie automobile et la prise de décisions stratégiques, cruciales pour l’avenir de l’entreprise.

    Cela fait déjà plusieurs années que la rémunération de l’ingénieur fait débat. En 2016 déjà, Manuel Valls, alors premier ministre, avait critiqué le doublement du salaire de l’ancien patron de PSA.

    La question du « Say on Pay » (littéralement « dire sur la rémunération ») est devenue depuis, un sujet brûlant de gouvernance d’entreprise. En effet, les actionnaires exigent une transparence et une responsabilité accrues en ce qui concerne la rémunération des dirigeants.

    Or, le siège de Stellantis étant basé à Amsterdam, c’est le « Say on Pay » néerlandais qui s’applique. C’est-à-dire que le vote est seulement consultatif. Il n’oblige pas la société à modifier le rapport de rémunération en cas de rejet par les actionnaires. C’est exactement ce qu’il s’est passé lors de l’assemblée générale de 2022. L’enveloppe de rémunération des dirigeants du groupe avait été rejetée par 52,12 % des voix.

    Cette année, beaucoup de bruit pour rien. Il faut dire que la rémunération du DG est majoritairement indexée sur la performance de la société. Le salaire annuel fixe de Carlos Tavares pour l’année 2023 s’élève à 2 millions d’euros, ce qui représente 7 % de sa rémunération de 2023.

    Le complément est une enveloppe globale variable liée à des critères de performance distribuable sur le long terme. En outre, il perçoit des jetons de présence pour sa participation aux assemblées.

    Pour l’exercice 2023, Carlos Tavares recevra initialement 23,5 millions d’euros, dont une grande partie sera versée sous forme d’actions. Le géant automobile affiche des résultats records depuis la fusion, grâce à une maîtrise drastique des coûts impulsée par le patron portugais et des prix élevés qui permettent d’atteindre des marges confortables. Il ne fait aucun doute que Carlos Tavares gère d’une main de maître le groupe automobile.

    Alors que les débats sur cette rémunération ont créé beaucoup d’émoi encore cette année, les belles performances opérationnelles de Stellantis ont finalement été récompensées par les actionnaires.

    En définitive, notre comparaison entre Carlos Tavares et Kylian Mbappé vise à mettre en lumière les différentes sphères de l’excellence, où le talent, la gestion et la reconnaissance financière sont mesurés à des échelles différentes mais néanmoins significatives.

    L’éclipse de la baisse des taux (assouplissement monétaire)

    Des millions d’Américains ont dépensé chacun des milliers de dollars pour admirer l’éclipse solaire du 8 avril.

    Tandis qu’ils portaient tous des lunettes spéciales pour pouvoir apprécier ce superbe spectacle, les investisseurs se sont résignés à mettre des lunettes virtuelles pour apercevoir la future baisse des taux directeurs des banques centrales.

    Depuis la réunion du 13 décembre 2023, où les gouverneurs de la Fed avaient surpris positivement en projetant 3 baisses de taux de 0,25 % d’ici fin 2024, le fort rallye des actifs financiers reposait sur une nette détente du loyer de l’argent pour cette année.

    Les anticipations étaient même excessives jusqu’à 150 points de base (1,50 %), avec une première réduction en mars.

    Le retour à la réalité est dur. Désormais le début du prochain cycle d’assouplissement monétaire est décalé. A septembre pour les États-Unis et d’ici juillet en zone euro. Ce décalage de six mois au maximum dans le calendrier peut sembler anodin, mais il contraint les stratèges à revoir leur copie pour le reste de l’année. 

    Tout d’abord, ne paniquons pas. Il ne s’agit pas d’une éclipse totale, mais plutôt d’une éclipse partielle.

    En effet, la baisse des taux de la Fed a bien été confirmée pour cette année par son président lors des deux dernières conférences de presse. La lumière est bien au bout du tunnel.

    Malheureusement nous n’en connaissons pas encore la longueur.

    La question n’est pas si, mais quand. La politique monétaire actuelle est jugée restrictive, même par les banquiers centraux eux-mêmes, et doit donc être assouplie dès que les conditions le permettront. Cette rhétorique, bien que floue, a permis une stabilisation du marché obligataire, indispensable pour la bonne tenue des actifs financiers depuis plus de cinq mois.

    Comme répétée par les membres de la Fed et de la BCE, la date de la première baisse de taux dépend donc des données économiques.

    Au cours de son intervention de ce jeudi 10 avril, C. Lagarde a maintenu ouverte la porte d’une prochaine baisse des taux. A condition, bien sûr, que les progrès sur la désinflation se poursuivent. Elle a répété que d’ici le mois de juin, la banque centrale disposera d’assez de données pour juger si ces espoirs sont satisfaits.

    Se pose désormais la question de l’indépendance de la BCE vis-à-vis de la Fed.

    Dans le passé et dans la plupart des cas, la BCE a suivi sa consœur américaine de plusieurs semaines à plusieurs mois. Sauf dans les épisodes de crise européenne. Même si Christine Lagarde a affirmé que la BCE ne dépendait pas de la Fed dans sa politique monétaire, commencer le mouvement ferait peser un risque d’une baisse de l’euro face au dollar. Et parallèlement, un risque de subir une inflation importée plus prononcée.

    Certes l’institution monétaire européenne se calera avant la Fed et devrait lui emboîter le pas. Mais de quelques semaines et non plusieurs mois. Dans le cas où la banque centrale américaine n’est pas pressentie à agir avant le 18 septembre, la BCE serait plutôt tentée d’attendre le 18 juillet et non le 6 juin, comme anticipé par le marché.

    Si elle redoute qu’une période de deux mois est trop importante il y a un risque de décalage. La BCE pourrait procéder à sa première baisse le 12 septembre prochain. Et ceci serait compromettant pour les marchés l’été prochain.

    En attendant d’en savoir plus et étant donné le dernier chiffre d’inflation jugé trop élevé aux États-Unis (3,5 % sur un an glissant en mars), la pression est à la hausse sur toute la courbe obligataire. Il s’en suit un arrêt à l’expansion des multiples de valorisation des actifs financiers. Et notamment ceux des actions. Ceci pèse sur les catégories les plus chères, donc les valeurs de croissance.

    La sélectivité s’impose. Nous conservons dans ce segment de la cote celles dont on anticipe une excellente publication de résultats du 1er trimestre, au cours de ces prochaines semaines. De surcroît et à cause d’indicateurs économiques plus dynamiques, on favorisera des valeurs bancaires, ainsi qu’une sélection rigoureuse de valeurs plus cycliques, tout en surveillant de près à ne pas augmenter trop le bêta du portefeuille.